samedi 28 septembre 2013

Où l'on reparle de la fusion du BO et de l'Aviron au Pays basque

Sept mois après le Bayonne-Biarritz de triste mémoire du 1er mars dernier entre le onzième et le dixième du Championnat (et un piteux 6-6), celui d’aujourd’hui opposera, et pour la première fois, l’avant-dernier au dernier. Certes, des rives de l’océan aux bords de la Nive, l’affiche fait toujours recette et Jean-Dauger fera le plein avec 17 000 spectateurs.
Les restaurateurs et cafetiers bayonnais auront également le sourire la nuit prochaine quand ils feront leur caisse. L’identité régionale, l’esprit derby, les rivalités locales et l’ambiance festive sont toujours présents. Mais, immanquablement, la question reste posée : jusqu’à quand Bayonne (18,2 millions d’euros de budget) et Biarritz (16,9 millions) pourront-ils vivre séparément à l’échelon professionnel ? Lundi, dans les colonnes du Midi olympique, Philippe Ruggieri, le président du directoire de l’Aviron, parlait du «sens de l’histoire » et précisait que des discussions entre les deux clubs existaient. Il suggérait aussi l’idée d’un vote des abonnés. Mais, à son arrivée au stade, il fut fraîchement accueilli par les Pieds mouillés, ces irréductibles supporters de l’Aviron. Leur position était nette : un non franc et massif ! À Biarritz, il se trouve également beaucoup d’opposants parmi les supporters, abonnés ou partenaires. Le président Blanco disait même en février : « Il n’y aura jamais de fusion.» Mais il y a aussi les pragmatiques. «Moi, si le BO descend, je le soutiendrai en ProD2, assurait Beñat, le lendemain à Aguiléra. Mais un rapprochement des deux pour survivre en Top14, je crois que c’est un passage obligatoire, poursuivait ce cogérant d’entreprise. On y perdrait en identité locale, mais si c’est la seule voie pour le rugby d’élite au Pays basque… Avec mon associé, on a pris des abonnements dans les deux clubs, car outre le plaisir, le rugby, c’est un vecteur de communication et de business. Et on continuerait avec un seul club.» Business, argent. Le nerf de la guerre aujourd’hui. Marcel Martin, administrateur du BO et président entre 1998 et 2008, ne le nie pas : «Il y a quinze ans, j’avais dit que dans un contexte économique difficile dans le cadre du professionnalisme, je pensais qu’on avait tout intérêt à créer une équipe basque unique. Une équipe, pas un club…C’est une réalité économique aujourd’hui ! C’est comme deux entreprises qui vivent côte à côte, fabriquent le même produit, et pour conquérir des marchés extérieurs, sont obligées de s’allier. Maintenant que tous les deux nous sommes en difficulté, peut-être que la véritable question c’est de dire aux supporters : vous êtes biarrots, bayonnais avant tout, ou basques en premier lieu pour exister enTop 14 ?»
Jean Grenet quittera son fauteuil de maire de Bayonne en mars prochain après dix-neuf ans à la tête de la ville. Il veut rester en marge du débat d’ici là. Alain Afflelou, l’homme qui amène plus de 4millions d’euros par an à Bayonne, de manière directe ou indirecte, ne semble pas autant conquis par l’idée. «S’unir pour quoi faire ? s'interroge le président du conseil de surveillance du club. Pour qui ? Dans quel but ? Nous sommes limités dans nos structures. On ne mettrait pas plus de panneautique, on ne pourrait pas vendre deux maillots, accueillir plus de partenaires par défaut de loges.» Et le lunetier d’aborder un autre dossier épineux, celui du stade. À Aguiléra (13 500 places) ou à Jean-Dauger (17 000), une équipe unique serait trop à l’étroit. «Mais demandez aux électeurs s’ils sont d’accord pour un projet de 20 000 places avec leurs impôts», soufflait-il hier matin à l’occasion d’une table ronde organisée par Sud-Ouest sur le thème de la fusion. Et Philippe Rugierri d’approuver. «Je suis davantage tenté par l’idée d’un rapprochement qu’Alain Afflelou. Mais je bute sur une réalité incontournable. Cela n’a de sens que si demain on a un stade de 20 000 places minimum. » Il reste donc encore beaucoup d’obstacles à franchir. Et de consciences à éveiller. Lundi, Sud-Ouest avait lancé une consultation sur son site Internet. «Êtes-vous favorable à la création d’une seule équipe de haut niveau au Pays basque ?» Résultat du vote des 11 048 internautes : 50,6% pour, 47,9% contre, 1,5% de sans opinion. Serré comme un derby…

(L'Equipe) 

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.