Sept
mois après le Bayonne-Biarritz
de triste mémoire du 1er mars
dernier entre le onzième et le
dixième du Championnat (et un
piteux 6-6), celui d’aujourd’hui
opposera, et pour la première fois,
l’avant-dernier au dernier. Certes,
des rives de l’océan aux bords de
la Nive, l’affiche fait toujours recette et
Jean-Dauger fera le plein
avec 17 000 spectateurs.
Les restaurateurs
et cafetiers bayonnais
auront également le sourire la
nuit prochaine quand ils feront
leur caisse. L’identité régionale,
l’esprit derby, les rivalités locales
et l’ambiance festive sont toujours présents.
Mais, immanquablement,
la question reste posée :
jusqu’à quand Bayonne
(18,2 millions d’euros de budget)
et Biarritz (16,9 millions) pourront-ils vivre séparément à
l’échelon professionnel ?
Lundi, dans les colonnes du
Midi olympique, Philippe Ruggieri,
le président du directoire de
l’Aviron, parlait du «sens de l’histoire
» et précisait que des discussions
entre les deux clubs existaient.
Il suggérait aussi l’idée
d’un vote des abonnés. Mais, à
son arrivée au stade, il fut fraîchement
accueilli par les Pieds mouillés, ces irréductibles supporters de
l’Aviron. Leur position
était nette : un non franc et
massif !
À Biarritz, il se trouve également beaucoup d’opposants
parmi les
supporters, abonnés ou partenaires.
Le
président Blanco disait
même en février : « Il n’y
aura jamais de fusion.» Mais
il y a aussi les pragmatiques.
«Moi, si le BO descend, je le soutiendrai
en ProD2, assurait Beñat,
le lendemain à Aguiléra. Mais un
rapprochement des deux pour
survivre en Top14, je crois que c’est
un passage obligatoire, poursuivait
ce cogérant d’entreprise. On y
perdrait en identité locale, mais si
c’est la seule voie pour le rugby
d’élite au Pays basque… Avec mon
associé, on a pris des abonnements
dans les deux clubs, car
outre le plaisir, le rugby, c’est un
vecteur de communication et de
business. Et on continuerait avec
un seul club.»
Business, argent. Le nerf de la
guerre aujourd’hui. Marcel Martin,
administrateur du BO et président
entre 1998 et 2008, ne le nie pas :
«Il y a quinze ans, j’avais dit que
dans un contexte économique difficile
dans le cadre du professionnalisme,
je pensais qu’on avait
tout intérêt à créer une équipe
basque unique. Une équipe, pas
un club…C’est une réalité économique
aujourd’hui ! C’est comme
deux entreprises qui vivent côte à
côte, fabriquent le même produit,
et pour conquérir des marchés extérieurs,
sont obligées de s’allier.
Maintenant que tous les deux
nous sommes en difficulté, peut-être
que la véritable question c’est
de dire aux supporters : vous êtes
biarrots, bayonnais avant tout, ou
basques en premier lieu pour
exister enTop 14 ?»
Jean Grenet quittera son fauteuil
de maire de Bayonne en mars
prochain après dix-neuf ans à la
tête de la ville. Il veut rester en
marge du débat d’ici là. Alain Afflelou,
l’homme qui amène plus
de 4millions d’euros par an à
Bayonne, de manière directe ou
indirecte, ne semble pas autant
conquis par l’idée. «S’unir pour
quoi faire ? s'interroge le président
du conseil de surveillance du
club. Pour qui ? Dans quel
but ? Nous sommes limités dans nos
structures.
On ne mettrait pas plus de
panneautique, on ne pourrait pas
vendre deux maillots, accueillir
plus de partenaires par défaut de
loges.»
Et le lunetier d’aborder un autre
dossier épineux, celui du stade. À
Aguiléra (13 500 places) ou à Jean-Dauger (17 000), une équipe unique serait
trop à l’étroit. «Mais demandez
aux électeurs s’ils sont
d’accord pour un projet de
20 000 places avec leurs impôts»,
soufflait-il hier matin à l’occasion
d’une table ronde organisée par
Sud-Ouest sur le thème de la fusion.
Et Philippe Rugierri d’approuver.
«Je suis davantage tenté
par l’idée d’un rapprochement
qu’Alain Afflelou. Mais je bute sur
une réalité incontournable. Cela
n’a de sens que si demain on a
un stade de 20 000 places minimum.
»
Il reste donc encore beaucoup
d’obstacles à franchir. Et de consciences
à éveiller. Lundi, Sud-Ouest avait lancé une consultation sur son site Internet. «Êtes-vous
favorable à la création d’une seule
équipe de haut niveau au Pays
basque ?» Résultat du vote des
11 048 internautes : 50,6% pour,
47,9% contre, 1,5% de sans opinion.
Serré comme un derby…
(L'Equipe)
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