L’ex-président du PSG livre à nouveau, dans son autobiographie, sa vérité sur l’affaire de la double billetterie, qui lui coûta son poste. Sans ménager, au passage, Philippe Séguin.
JUSQU’À LA FIN DE SES JOURS, il se
définira comme « le créateur »du
PSG, en 1973. Dans son autobiographie qui sort aujourd’hui en librairie,
l’ancien président du club parisien
continue de s’opposer « aux historiens
du football » – et au PSG lui
même – qui situent l’acte de naissance du club
à la publication de ses
statuts au Journal officiel, le 27 août
1970.
Au fil des cent pages que Daniel
Hechter consacre à sa vie dans le
football, le passage le plus riche couvre
ce qu’il qualifie d’« affaire de la
caisse noire ».
Le couturier en vogue
des années 1970-1980 avait déjà assumé ce
système de flux financiers
non déclarés.
Dans son livre, il resitue d’abord le
contexte. 1. En limitant à 12 000 francs
de l’époque (6 750€ en 2013) le salaire mensuel
des joueurs internationaux,
les instances du foot avaient
imposé des contraintes déconnectées
des réalités du marché. 2. Pour
les contourner, et recruter des stars
comme Carlos Bianchi ou Mustapha
Dahleb pour 40 000 francs par mois
(22 500€ actuels), le PSG devait trouver
– comme d’autres clubs français
– des moyens pour verser des
compléments de salaireen liquide.
Au-delà du mécanisme de ces dérives,
la dimension politique de l’affaire s’avère
la plus piquante sous sa
plume.
Au fil d’un chapitre intitulé
« Un éléphant, ça trompe énormément
», Daniel Hechter égratigne sévèrement
Philippe Séguin. Il y décrit
le futur ministre et président de l’Assemblée nationale
comme ce membre de
la Cour des comptes qui, dans
les années 1970, se rêvait président
d’un club de foot pour mieux asseoir
ses ambitions politiques. Sous la
houlette de Jacques Chirac, élu maire
de Paris en 1977, il s’imaginait patron
d’un grand club omnisports parisien
qui aurait vu le PSG fusionner avec le
Racing, le Stade Français et le CA
Montreuil. Hechter avait donné son
accord, à la condition de garder la
main sur la section foot. Il écrit en
avoir parlé à Séguin. « Après ce déjeuner,
je n’ai plus jamais eu de nouvelles
de lui… » lâche le couturier. Qui
complète son puzzle en rappelant
que le futur député des Vosges« se
porta caution » de l’embauche au
PSG d’un homme qui mettra la main
sur la gestion de la billetterie, Alain
Rosen, au passé trouble pendant la
guerre
et qui « aurait été condamné pour
plus de cent cinquante
délits depuis 1947 »…
Un loup dans la bergerie pour
mieux chasser Hechter du PSG ?
Sous les lignes de l’homme de mode
perce l’amertume d’une amitié trahie.
Philippe Séguin, décédé le 7 janvier
2010, ne s’était jamais épanché
sur ses rapports plus ou moins secrets avec le PSG.
Dans le Football business,
publié en 1979, Daniel Hechter
criait déjà à l’injustice sans vraiment
s’attarder, à l’époque, sur le caractère
supposé politique de l’affaire. Trente quatre ans
plus tard, la colère ne s’est
pas estompée.
(L'Equipe)
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