mercredi 2 octobre 2013

35 ans après, Daniel Hechter n'a toujours pas digéré son éviction du PSG

L’ex-président du PSG livre à nouveau, dans son autobiographie, sa vérité sur l’affaire de la double billetterie, qui lui coûta son poste. Sans ménager, au passage, Philippe Séguin.


JUSQU’À LA FIN DE SES JOURS, il se définira comme « le créateur »du PSG, en 1973. Dans son autobiographie qui sort aujourd’hui en librairie, l’ancien président du club parisien continue de s’opposer « aux historiens du football » – et au PSG lui même – qui situent l’acte de naissance du club à la publication de ses statuts au Journal officiel, le 27 août 1970. Au fil des cent pages que Daniel Hechter consacre à sa vie dans le football, le passage le plus riche couvre ce qu’il qualifie d’« affaire de la caisse noire ».
Le couturier en vogue des années 1970-1980 avait déjà assumé ce système de flux financiers non déclarés. Dans son livre, il resitue d’abord le contexte. 1. En limitant à 12 000 francs de l’époque (6 750€ en 2013) le salaire mensuel des joueurs internationaux, les instances du foot avaient imposé des contraintes déconnectées des réalités du marché. 2. Pour les contourner, et recruter des stars comme Carlos Bianchi ou Mustapha Dahleb pour 40 000 francs par mois (22 500€ actuels), le PSG devait trouver – comme d’autres clubs français – des moyens pour verser des compléments de salaireen liquide. Au-delà du mécanisme de ces dérives, la dimension politique de l’affaire s’avère la plus piquante sous sa plume.
Au fil d’un chapitre intitulé « Un éléphant, ça trompe énormément », Daniel Hechter égratigne sévèrement Philippe Séguin. Il y décrit le futur ministre et président de l’Assemblée nationale comme ce membre de la Cour des comptes qui, dans les années 1970, se rêvait président d’un club de foot pour mieux asseoir ses ambitions politiques. Sous la houlette de Jacques Chirac, élu maire de Paris en 1977, il s’imaginait patron d’un grand club omnisports parisien qui aurait vu le PSG fusionner avec le Racing, le Stade Français et le CA Montreuil. Hechter avait donné son accord, à la condition de garder la main sur la section foot. Il écrit en avoir parlé à Séguin. « Après ce déjeuner, je n’ai plus jamais eu de nouvelles de lui… » lâche le couturier. Qui complète son puzzle en rappelant que le futur député des Vosges« se porta caution » de l’embauche au PSG d’un homme qui mettra la main sur la gestion de la billetterie, Alain Rosen, au passé trouble pendant la guerre et qui « aurait été condamné pour plus de cent cinquante délits depuis 1947 »… Un loup dans la bergerie pour mieux chasser Hechter du PSG ? Sous les lignes de l’homme de mode perce l’amertume d’une amitié trahie. Philippe Séguin, décédé le 7 janvier 2010, ne s’était jamais épanché sur ses rapports plus ou moins secrets avec le PSG. Dans le Football business, publié en 1979, Daniel Hechter criait déjà à l’injustice sans vraiment s’attarder, à l’époque, sur le caractère supposé politique de l’affaire. Trente quatre ans plus tard, la colère ne s’est pas estompée.

(L'Equipe)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.