La fédération française de rugby a annoncé jeudi à l'AFP qu'elle se constituait
partie civile dans l'affaire de blanchiment d'argent pour laquelle son
nom a été cité et qui a donné lieu à l'ouverture d'une information
judiciaire.
La FFR s'estime lésée et s'offre ainsi un accès direct au dossier, voire la possibilité d'obtenir réparation.
"Afin
de préserver et de défendre les intérêts de la FFR et du rugby
français, le Bureau Fédéral, réuni ce jeudi 16 janvier, a donné mandat
au président Pierre Camou, pour se constituer partie civile dans le
cadre de cette affaire", a indiqué la FFR.
Mardi, le Canard
Enchaîné avait révélé l'existence de circuits présumés de blanchiment
d'argent de la prostitution, de la drogue et du banditisme marseillais
passant notamment par la revente de billets de matches du XV de France
au Stade de France lors du Tournoi des six nations.
Ces billets
étaient ensuite proposés sur divers sites internet par la société
Passion Sport dirigée par Ahmed Arbib, à des prix très élevés, "pour un
pactole de 600.000 à 800.000 euros", selon l'hebdomadaire.
Ces
faits ont déclenché l'ouverture d'une information judiciaire par le
parquet de Marseille, selon une source judiciaire locale.
La FFR a
précisé avoir engagé en 2008 une procédure contre cette société qui
n'a, selon elle, jamais été une agence agréée, et avoir obtenu sa
condamnation "par jugement du TGI de Paris du 11 mars 2010".
De sources concordantes, la société a été condamnée à payer 20.000 euros de dommages et intérêts.
Mais
Passion Sport et M. Arbib "ont poursuivi leurs agissements sous couvert
d'autres sociétés et dénominations commerciales, dont Passion Events,
amenant la FFR à engager deux nouvelles procédures en 2011 et en 2013,
qui sont toujours en cours."
Au total, la fédération qui "lutte contre les personnes et les sociétés qui revendent
illicitement des places de match", affirme avoir porté 35 recours devant
la justice contre diverses agences non agréées depuis 2007.
Interrogé
jeudi par l'AFP, René Hourquet, ancien trésorier de la FFR jusqu'en
2012, soutient n'avoir "jamais travaillé directement avec Passion
Events, qui faisait d'ailleurs partie d'une liste noire d'agences à
surveiller".
Entrait en jeu un intermédiaire, Jean-René Lafontan,
"bien intégré dans les réseaux du rugby français", "connaissant
plusieurs personnes à la fédération" et "rattaché à une autre agence très sérieuse et agréée nommée Swing", selon M. Hourquet.
M. Lafontan, originaire des Landes, venait récupérer des billets non vendus au siège de la fédération
française, le vendredi soir ou le samedi matin précédant le match -
"souvent des places bon marché, par lots de 25 ou 30", précise René
Hourquet - et les réglait en argent liquide.
"On peut me
reprocher d'avoir accepté de l'argent liquide et de ne pas avoir été
assez regardant dans ma relation avec M. Lafontan", a convenu M.
Hourquet, qui a été remplacé fin 2012 à son poste "pour des raisons de
santé".
M. Lafontan transmettait ensuite les places à M. Arbib,
dont la fraude a été totalement éventée lors du report à la dernière
minute, pour cause de froid, de France-Irlande du Tournoi-2012. Un
imprévu qui a forcé la FFR à rembourser les billets.
M. Arbib est
également soupçonné d'avoir organisé d'importantes opérations
d'escroquerie à la taxe carbone. Il aurait lui-même été victime
d'extorsion de la part du malfaiteur Franck Barresi, interpellé mardi.
Pour l'heure, selon le Canard Enchaîné, un responsable de la billetterie à la fédération française a été entendu par les enquêteurs. M. Hourquet, lui, dit "s'attendre à l'être bientôt".
(AFP)
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