vendredi 17 janvier 2014

Blanchiment : la Fédération française de rugby contre-attaque

La fédération française de rugby a annoncé jeudi à l'AFP qu'elle se constituait partie civile dans l'affaire de blanchiment d'argent pour laquelle son nom a été cité et qui a donné lieu à l'ouverture d'une information judiciaire.

La FFR s'estime lésée et s'offre ainsi un accès direct au dossier, voire la possibilité d'obtenir réparation.
"Afin de préserver et de défendre les intérêts de la FFR et du rugby français, le Bureau Fédéral, réuni ce jeudi 16 janvier, a donné mandat au président Pierre Camou, pour se constituer partie civile dans le cadre de cette affaire", a indiqué la FFR.
Mardi, le Canard Enchaîné avait révélé l'existence de circuits présumés de blanchiment d'argent de la prostitution, de la drogue et du banditisme marseillais passant notamment par la revente de billets de matches du XV de France au Stade de France lors du Tournoi des six nations.
Ces billets étaient ensuite proposés sur divers sites internet par la société Passion Sport dirigée par Ahmed Arbib, à des prix très élevés, "pour un pactole de 600.000 à 800.000 euros", selon l'hebdomadaire.
Ces faits ont déclenché l'ouverture d'une information judiciaire par le parquet de Marseille, selon une source judiciaire locale.
La FFR a précisé avoir engagé en 2008 une procédure contre cette société qui n'a, selon elle, jamais été une agence agréée, et avoir obtenu sa condamnation "par jugement du TGI de Paris du 11 mars 2010".
De sources concordantes, la société a été condamnée à payer 20.000 euros de dommages et intérêts.
Mais Passion Sport et M. Arbib "ont poursuivi leurs agissements sous couvert d'autres sociétés et dénominations commerciales, dont Passion Events, amenant la FFR à engager deux nouvelles procédures en 2011 et en 2013, qui sont toujours en cours."
Au total, la fédération qui "lutte contre les personnes et les sociétés qui revendent illicitement des places de match", affirme avoir porté 35 recours devant la justice contre diverses agences non agréées depuis 2007.
Interrogé jeudi par l'AFP, René Hourquet, ancien trésorier de la FFR jusqu'en 2012, soutient n'avoir "jamais travaillé directement avec Passion Events, qui faisait d'ailleurs partie d'une liste noire d'agences à surveiller".
Entrait en jeu un intermédiaire, Jean-René Lafontan, "bien intégré dans les réseaux du rugby français", "connaissant plusieurs personnes à la fédération" et "rattaché à une autre agence très sérieuse et agréée nommée Swing", selon M. Hourquet.
M. Lafontan, originaire des Landes, venait récupérer des billets non vendus au siège de la fédération française, le vendredi soir ou le samedi matin précédant le match - "souvent des places bon marché, par lots de 25 ou 30", précise René Hourquet - et les réglait en argent liquide.
"On peut me reprocher d'avoir accepté de l'argent liquide et de ne pas avoir été assez regardant dans ma relation avec M. Lafontan", a convenu M. Hourquet, qui a été remplacé fin 2012 à son poste "pour des raisons de santé".
M. Lafontan transmettait ensuite les places à M. Arbib, dont la fraude a été totalement éventée lors du report à la dernière minute, pour cause de froid, de France-Irlande du Tournoi-2012. Un imprévu qui a forcé la FFR à rembourser les billets.
M. Arbib est également soupçonné d'avoir organisé d'importantes opérations d'escroquerie à la taxe carbone. Il aurait lui-même été victime d'extorsion de la part du malfaiteur Franck Barresi, interpellé mardi.
Pour l'heure, selon le Canard Enchaîné, un responsable de la billetterie à la fédération française a été entendu par les enquêteurs. M. Hourquet, lui, dit "s'attendre à l'être bientôt".

(AFP)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.