mercredi 15 janvier 2014

Le pari gagnant de la "Grande Odyssée", plus grande course de mushers d'Europe

Sa topographie heurtée en fait la course de chiens de traîneaux "la plus difficile". Lancée en 2005, la Grande Odyssée Savoie-Mont Blanc, dont la 10e édition a débuté dimanche, oppose chaque année une vingtaine des plus grands mushers du monde au coeur des massifs alpins.

La neige manque cette année, notamment au départ de la deuxième étape, lundi à Sixt-Fer-à-Cheval (Haute-Savoie). Les organisateurs ont d'ailleurs dû repenser certains tracés. Des chutes et trois abandons sont intervenus dimanche.
Pas de quoi décourager cependant la dizaine de mushers français qui, comme Daniel Juillaguet, se sont entraînés tout au long de l'année pour prendre part à l'événement.
A 47 ans, ce Jurassien d'adoption à la silhouette longiligne n'a pas manqué une seule édition de cette épreuve que beaucoup, dans le milieu, considèrent comme la course de chiens de traîneaux "la plus difficile au monde", pour l'important dénivelé de son parcours.
A quelques minutes du départ, il raconte, les yeux pétillants, sa passion pour cette discipline aussi exigeante que coûteuse. Au loin, les premiers lacets de la "piste des cascades", que les concurrents doivent emprunter à rebrousse-poil sur ses premiers hectomètres, apparaissent sous un ciel voilé.
"Le profil des étapes est toujours aussi relevé dix ans plus tard. En revanche, la préparation des mushers a beaucoup évolué. C'est une course qui, aujourd'hui plus d'hier, nécessite impérativement d'être prêt physiquement", ajoute le musher.
Comme beaucoup, Daniel Jaillaguet ne vit pas de ce sport "où l'amour du chien prime avant tout". Chaque année, il dépense en moyenne près de 15.000 euros pour entretenir son matériel, nourrir les chiens et les soigner.
"Je me lève souvent à 4 heures du matin pour m'entraîner et entraîner les chiens, puis j'enchaîne avec ma journée de travail", ajoute-t-il.
A la création de la Grande Odyssée en 2005, les plus prestigieuses courses ont alors lieu en Alaska, en Suède ou en Norvège, sur des étendues sans relief.
Imaginée en 2003 et lancée deux ans plus tard par Henry Kam, ancien chef d'entreprise proche de l'aventurier Nicolas Vanier, l'épreuve s'est forgée une réputation sur sa technicité et a trouvé son public dans un contexte économique stable mais fragile.
Financée par les collectivités qui accueillent ses étapes et une poignée de partenaires privés, la course, qui dispose d'un budget d'environ un million d'euros, doit régulièrement se jouer de difficultés administratives, l'épreuve traversant en moyenne 20 à 25 communes.
"Les autorisations sont compliquées à obtenir. Il nous faut nous accommoder de nombreux éléments contraignants, comme les zones d'avalanches ou les espaces naturels protégés", explique Anthony Choumert, directeur général de la course.
Autre écueil: "en nous adaptant aux massifs alpins, nous avions créé le traîneau de montagne, qui impliquait d'entraîner les chiens différemment et de modifier les équipements. Il n'aurait pas fallu grand-chose pour que le milieu du mushing remette en cause cette technique et que nous disparaissions", se souvient Henry Kam.
Très prisée à ses débuts par les mushers du monde entier, la Grande Odyssée, dont la course officielle 2014 oppose une vingtaine de compétiteurs de dix nationalités différentes, a cependant été désertée par les Américains en raison de difficultés financières et logistiques à traverser l'Atlantique.
Dotée de six vétérinaires bénévoles chargés de veiller à la bonne santé des chiens, la course procède enfin, depuis deux ans, à des contrôles anti-dopage, sur les animaux comme sur leurs maîtres.

(AFP)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.