Sa topographie heurtée en fait la course de chiens de traîneaux "la
plus difficile". Lancée en 2005, la Grande Odyssée Savoie-Mont Blanc,
dont la 10e édition a débuté dimanche, oppose chaque année une vingtaine
des plus grands mushers du monde au coeur des massifs alpins.
La
neige manque cette année, notamment au départ de la deuxième étape,
lundi à Sixt-Fer-à-Cheval (Haute-Savoie). Les organisateurs ont
d'ailleurs dû repenser certains tracés. Des chutes et trois abandons
sont intervenus dimanche.
Pas de quoi décourager cependant la
dizaine de mushers français qui, comme Daniel Juillaguet, se sont
entraînés tout au long de l'année pour prendre part à l'événement.
A
47 ans, ce Jurassien d'adoption à la silhouette longiligne n'a pas
manqué une seule édition de cette épreuve que beaucoup, dans le milieu,
considèrent comme la course de chiens de traîneaux "la plus difficile au
monde", pour l'important dénivelé de son parcours.
A quelques
minutes du départ, il raconte, les yeux pétillants, sa passion pour
cette discipline aussi exigeante que coûteuse. Au loin, les premiers
lacets de la "piste des cascades", que les concurrents doivent emprunter
à rebrousse-poil sur ses premiers hectomètres, apparaissent sous un
ciel voilé.
"Le profil des étapes est toujours aussi relevé dix
ans plus tard. En revanche, la préparation des mushers a beaucoup
évolué. C'est une course qui, aujourd'hui plus d'hier, nécessite
impérativement d'être prêt physiquement", ajoute le musher.
Comme
beaucoup, Daniel Jaillaguet ne vit pas de ce sport "où l'amour du chien
prime avant tout". Chaque année, il dépense en moyenne près de 15.000
euros pour entretenir son matériel, nourrir les chiens et les soigner.
"Je
me lève souvent à 4 heures du matin pour m'entraîner et entraîner les
chiens, puis j'enchaîne avec ma journée de travail", ajoute-t-il.
A
la création de la Grande Odyssée en 2005, les plus prestigieuses
courses ont alors lieu en Alaska, en Suède ou en Norvège, sur des
étendues sans relief.
Imaginée en 2003 et lancée deux ans plus
tard par Henry Kam, ancien chef d'entreprise proche de l'aventurier
Nicolas Vanier, l'épreuve s'est forgée une réputation sur sa technicité
et a trouvé son public dans un contexte économique stable mais fragile.
Financée par les collectivités qui accueillent ses étapes et une poignée de partenaires privés, la
course, qui dispose d'un budget d'environ un million d'euros, doit
régulièrement se jouer de difficultés administratives, l'épreuve
traversant en moyenne 20 à 25 communes.
"Les autorisations sont
compliquées à obtenir. Il nous faut nous accommoder de nombreux éléments
contraignants, comme les zones d'avalanches ou les espaces naturels
protégés", explique Anthony Choumert, directeur général de la course.
Autre
écueil: "en nous adaptant aux massifs alpins, nous avions créé le
traîneau de montagne, qui impliquait d'entraîner les chiens différemment
et de modifier les équipements. Il n'aurait pas fallu grand-chose pour
que le milieu du mushing remette en cause cette technique et que nous
disparaissions", se souvient Henry Kam.
Très prisée à ses débuts
par les mushers du monde entier, la Grande Odyssée, dont la course
officielle 2014 oppose une vingtaine de compétiteurs de dix nationalités
différentes, a cependant été désertée par les Américains en raison de
difficultés financières et logistiques à traverser l'Atlantique.
Dotée
de six vétérinaires bénévoles chargés de veiller à la bonne santé des
chiens, la course procède enfin, depuis deux ans, à des contrôles
anti-dopage, sur les animaux comme sur leurs maîtres.
(AFP)
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