L'Afrique du Sud visait plus d'argent, plus de touristes et plus de foot grâce au Mondial-2010, mais quatre ans après, et alors que le débat sur l'héritage à attendre de la Coupe du monde fait rage au Brésil, le bilan est mitigé.
Le bourdonnement des vuvuzelas a disparu. Dans le majestueux stade du Cap, c'est désormais plutôt le silence qui bourdonne. Pour un match du club local d'Ajax Cape Town, dans le championnat d'Afrique du Sud, il n'étaient que 400 supporteurs à occuper des tribunes prévues pour 55.000 personnes...
La construction de cette enceinte a coûté 400 millions d'euros, une somme qui aura installé au Cap un de ces "éléphants blancs", comme on appelle ces infrastructures prestigieuses qui s'avèrent plus coûteuses que bénéfiques. Les frais de fonctionnement sont quatre fois plus importants que les recettes.
Le Cape Town Stadium accueille bien des concerts et manifestations, mais ils restent relativement rares, vu les prix demandés. La municipalité du Cap, propriétaire du stade, veut maintenant en développer les abords pour rentrer dans ses frais. D'où des appels à tout raser -"abattre l'éléphant blanc"- venus tant de contribuables qui veulent arrêter les frais que de riverains inquiets pour les espaces verts du quartier.
"La ville du Cap (...) répète que la démolition n'est pas une option. Nous allons continuer d'explorer des solutions alternatives pour rendre le Cape Town Stadium viable", a déclaré l'adjoint chargé du Tourisme et des événements, Grant Pascoe.
La situation est à peine plus enviable à Durban. Il y a pourtant quelques échoppes et lieux de restauration dans le stade Moses Mabhida. Et les propriétaires ont eu une idée originale pour se servir de l'immense arc qui surplombe l'enceinte: on peut y faire du saut à l'élastique.
Tant au Cap qu'à Durban, les populaires équipes de rugby locales ont été invitées à devenir locataires de ces stades ultramodernes. Mais elles sont déjà propriétaires de leurs propres installations.
Les milliards de rands (millions d'euros) investis l'ont été à fonds perdus. En tout cas pour le football: le ballon rond, qui reste le sport par excellence de la majorité noire, ne roule pas vraiment davantage. La moyenne des spectateurs en première division avait crû de 3.800 à 7.100 après le tournoi. Elle est retombée à 6.700 dernièrement.
Malgré, en outre, l'organisation en 2013 de la Coupe d'Afrique des nations, le foot reste dans l'ombre du rugby et du cricket, les sports préférés de la minorité blanche, plus argentée, que le Mondial n'a pas converti au foot.
Si la Coupe du monde a rapporté 3 milliards de dollars (quelque 2,2 milliards d'euros) de recettes à la Fifa, elle a représenté au moins autant de pertes pour l'Etat sud-africain.
Mais pour le nouveau ministre des Finances -et ancien président du comité d'organisation- Nhlanhla Nene, le jeu en valait la chandelle.
"Le gouvernement voyait l'accueil de la Coupe du monde 2010 comme un catalyseur pour le développement et les investissements dans les infrastructures, avec pour objectif la création d'emplois et la croissance économique, et pas seulement le financement d'un événement unique", a-t-il noté dans une récente interview.
Le Mondial "a aussi amélioré l'image du pays à l'international", a-t-il ajouté. Car l'héritage de la Coupe du monde, c'est aussi l'amélioration des infrastructures de transports et du réseau hôtelier.
Même si certains ont parfois vu trop grand, le tourisme a beaucoup profité de la vitrine que représentait l'événement sportif: malgré la crise, le nombre de visiteurs étrangers ne cesse de progresser, battant record sur record.
Autre effet, moins chiffrable mais néanmoins palpable: qui se balade dans les rues de Johannesburg, du Cap ou de Durban entend souvent dire que le Mondial a permis au pays de se faire une vraie place sur la planète. Malgré les critiques, la "Nation arc-en-ciel" de Nelson Mandela a festoyé le temps d'un tournoi et le "vivre ensemble" a progressé, vingt ans après la fin de l'apartheid.
(AFP)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire