A huit jours du coup d'envoi de la compétition, la présidente
brésilienne Dilma Rousseff a défendu l'organisation du Mondial face aux
nombreuses critiques sur son coût et sur les retards des travaux, en se
défaussant en partie sur la Fifa.
Lorsque le Brésil a décroché
l'organisation du Mondial-2014, en 2007, la Fédération internationale de
football (Fifa) avait promis que les stades seraient financés par
l'initiative privée, a-t-elle soutenu lors d'une rencontre mardi soir
avec des correspondants étrangers à Brasilia, dont une journaliste de
l'AFP.
Mais quand le gouvernement a vu que "pas même la moitié
d'un stade" ne sortait de terre, il a dû en grande partie les financer,
a-t-elle ajouté lors de cet entretien informel à sa résidence, au cours
duquel les journalistes ont pu prendre des notes mais pas enregistrer
ses propos.
A un journaliste qui lui demandait quel conseil elle
donnerait à un pays souhaitant organiser le Mondial, elle a répondu:
"Faites attention à ce qui est exigé du pays", il faut bien réfléchir "à
ce que vous allez accepter ou non".
La majorité des
investissements publics effectués depuis 2007 l'ont été "pour le
Brésil", et pas pour le Mondial, a par ailleurs plaidé Mme Rousseff. Et
de citer la modernisation des aéroports et des travaux de mobilité
urbaine que certaines des 12 villes hôtes n'auraient pas planifié "avant
de nombreuses années" sans la perspective de la Coupe du monde. Tout en
reconnaissant que nombre de chantiers ne seront pas achevés à temps
pour le Mondial.
L'organisation coûteuse et chaotique de la Coupe du monde, dont
quatre des 12 stades ne sont pas encore complètement achevés à neuf
jours du coup d'envoi, suscite un vent de fronde au Brésil.
Les
Brésiliens étaient déjà massivement descendus dans les rues en juin
2013, en pleine Coupe des confédérations, pour réclamer une mise au
"standard Fifa" des services publics de base défaillants: transports,
santé, éducation.
Les nombreuses manifestations convoquées pendant
le Mondial seront tolérées, "pour peu qu'elles soient pacifiques" et
qu'elles "n'empêchent pas la libre circulation nécessaire au Mondial", a
averti la présidente de gauche, candidate à sa réélection à la
présidentielle d'octobre prochain. "Nous garantirons la sécurité des
personnes", a-t-elle dit.
La présidente brésilienne n'assistera
en tribune qu'au match d'ouverture Brésil-Croatie, le 12 juin à Sao
Paulo, et à la finale, le 13 juillet au stade Maracana de Rio de
Janeiro.
Elle a expliqué que, sur décision de la Fifa, il n'y
aurait pas de discours inaugural mais que des messages de paix de
responsables religieux, dont un du pape François, seraient lus le 12
juin avant le match d'ouverture.
Mais elle soutiendra à fond la Seleçao brésilienne, dont elle
s'est réjoui du facile succès (4-0) grâce à un Neymar brillant, lors de
son premier match amical préparatoire, mardi face au Panama.
Mme
Rousseff a confié en plaisantant qu'elle suivait à la lettre toutes les
superstitions des Brésiliens autour du football, en touchant du bois à
plusieurs reprises. Elle a ainsi assuré qu'elle garderait les doigts
croisés pendant tout le Mondial.
Après des semaines marquées par
des conflits, le climat social s'est quelque peu détendu en ce début de
semaine dans les secteurs de la sécurité et de l'enseignement.
La
police fédérale, qui contrôle les accès aux frontières, s'est engagée à
ne pas faire grève pendant le Mondial en échange d'une augmentation de
salaire de 15,8%.
Mardi soir, ce sont les professeurs des écoles
municipales de Sao Paulo qui ont mis fin à 42 jours de grève. Selon les
syndicats, la mairie a accepté une augmentation de 15,38% des salaires à
partir de mai 2015.
Mais les anti-Mondial ne désarment pas.
Mardi, certains ont fait dans le spectaculaire en plaçant douze ballons
géants devant le Parlement à Brasilia, quand d'autres, peu nombreux,
manifestaient aux abords de l'hôtel de l'équipe du Brésil, à Goiânia
(centre).
Les sélections de la Croatie et l'Iran ont elles
débarqué au pays du "futebol" mardi, après l'Australie la semaine
dernière, et avant le Chili jeudi. Plusieurs sélections arriveront
ensuite chaque jour, jusqu'au 11 juin, veille du coup d'envoi du
Mondial.
(AFP)
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