Anne Hidalgo n'a pas mâché ses mots vendredi pour rappeler à François
Hollande ses prérogatives sur les jeux Olympiques. Mais l'épisode n'est
qu'une énième illustration, certes éclatante, de la tension entre le
gouvernement et la maire PS de Paris.
"Rien ni personne ne me fera
changer de calendrier et de méthode", a martelé Anne Hidalgo au cours
d'une conférence de presse convoquée à la hâte à l'Hôtel de Ville après
les déclarations du président de la République sur TF1 et RTL jeudi
soir.
"La maire de Paris que je suis (...) exige le respect qui se
doit aux Parisiens. Ce respect, c'est le respect non seulement de nos
ambitions, mais aussi de la démarche que nous avons décidée en commun
avec le mouvement sportif", a-t-elle asséné.
Cette sortie
cinglante faisait suite à l'annonce de François Hollande jeudi : "Je
suis favorable à ce que la ville de Paris, si elle le décide, présente
sa candidature pour les jeux Olympiques" de 2024. Et le président
d'ajouter, alors qu'on lui faisait remarquer qu'il restait encore à
convaincre la maire : "Oui, parce qu'elle ne veut pas prendre de risque.
Dans la vie, on est toujours prudent. Mais elle sait que c'est une
chance pour sa ville".
Cette tentative de passage en force a
"surpris" à l'Hôtel de Ville. Et conduit Anne Hidalgo à hausser le ton,
alors qu'elle avait déjà invité mezza voce le gouvernement à modérer son
enthousiasme sur le dossier.
Depuis son élection en mars, la
maire semble constamment en train de ferrailler sur un sujet ou un autre
avec le gouvernement. Moins d'un mois après son intronisation, elle
rencontre le Premier ministre, Manuel Valls, pour engager "cartes sur
tables" avec l'Etat une "discussion financière globale", qui l'a par
exemple conduite à réclamer le paiement de loyers pour des emprises
"prêtées" par la Ville à l'Etat.
Autres sujets de discorde : le déplafonnement de la taxe de
séjour, qui a donné lieu à quelques éclats de voix avec le ministre des
Affaires étrangères, Laurent Fabius, ou le dossier de la Philharmonie de
Paris, pour lequel la Ville a refusé de prendre sa part d'un ultime
dépassement du coût des travaux de 45 millions d'euros. Dans les deux
cas, la Ville a obtenu gain de cause.
"Il y a une indépendance
d'Anne Hidalgo. Elle est maire de Paris avant d'être membre du PS",
souligne un proche. "Pour elle ce qui prime, c'est toujours l'intérêt de
Paris. Elle n'est pas sensible aux arguments d'autorité ou trop
politiciens (...) Dès que ça touche Paris c'est viscéral", décrypte son
premier adjoint, Bruno Julliard.
Pour un autre adjoint,
s'exprimant sous couvert d'anonymat, cette histoire est celle de Paris.
"C'est récurrent et historique : Paris contre le reste de la France, ça
ne date pas d'aujourd'hui", affirme cet élu, qui a apprécié la
prestation particulièrement "nette et tranchée" de la maire.
(AFP)
L'ancien
maire Bertrand Delanoë pouvait lui aussi avoir "des échanges tendus",
avec le gouvernement, mais "c'était peut-être moins public", convient
Bruno Julliard.
La maire de Paris surjouerait-elle l'opposition au
gouvernement, à l'heure où celui-ci est si impopulaire ? Bruno Julliard
conteste cette vision, soulignant qu'un affaiblissement du gouvernement
nuirait à "toute la gauche". La mairie de Paris a aussi pu apporter un soutien décisif à l'action du
gouvernement, comme sur le dossier des rythmes scolaires, dans lequel
Anne Hidalgo était "très impliquée", a-t-il rappelé.
La séquence
JO n'en apparaît pas moins comme un accroc supplémentaire à la stature
présidentielle de François Hollande. "Un président de la République qui
se fait recadrer par un maire, fût-il de Paris, ça n'est pas très bon
pour l'image", admet un observateur.
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