samedi 8 novembre 2014

Jeux Olympiques: Hidalgo affronte une nouvelle fois le gouvernement

Anne Hidalgo n'a pas mâché ses mots vendredi pour rappeler à François Hollande ses prérogatives sur les jeux Olympiques. Mais l'épisode n'est qu'une énième illustration, certes éclatante, de la tension entre le gouvernement et la maire PS de Paris.

"Rien ni personne ne me fera changer de calendrier et de méthode", a martelé Anne Hidalgo au cours d'une conférence de presse convoquée à la hâte à l'Hôtel de Ville après les déclarations du président de la République sur TF1 et RTL jeudi soir.
"La maire de Paris que je suis (...) exige le respect qui se doit aux Parisiens. Ce respect, c'est le respect non seulement de nos ambitions, mais aussi de la démarche que nous avons décidée en commun avec le mouvement sportif", a-t-elle asséné.
Cette sortie cinglante faisait suite à l'annonce de François Hollande jeudi : "Je suis favorable à ce que la ville de Paris, si elle le décide, présente sa candidature pour les jeux Olympiques" de 2024. Et le président d'ajouter, alors qu'on lui faisait remarquer qu'il restait encore à convaincre la maire : "Oui, parce qu'elle ne veut pas prendre de risque. Dans la vie, on est toujours prudent. Mais elle sait que c'est une chance pour sa ville".
Cette tentative de passage en force a "surpris" à l'Hôtel de Ville. Et conduit Anne Hidalgo à hausser le ton, alors qu'elle avait déjà invité mezza voce le gouvernement à modérer son enthousiasme sur le dossier.
Depuis son élection en mars, la maire semble constamment en train de ferrailler sur un sujet ou un autre avec le gouvernement. Moins d'un mois après son intronisation, elle rencontre le Premier ministre, Manuel Valls, pour engager "cartes sur tables" avec l'Etat une "discussion financière globale", qui l'a par exemple conduite à réclamer le paiement de loyers pour des emprises "prêtées" par la Ville à l'Etat.
Autres sujets de discorde : le déplafonnement de la taxe de séjour, qui a donné lieu à quelques éclats de voix avec le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, ou le dossier de la Philharmonie de Paris, pour lequel la Ville a refusé de prendre sa part d'un ultime dépassement du coût des travaux de 45 millions d'euros. Dans les deux cas, la Ville a obtenu gain de cause.
"Il y a une indépendance d'Anne Hidalgo. Elle est maire de Paris avant d'être membre du PS", souligne un proche. "Pour elle ce qui prime, c'est toujours l'intérêt de Paris. Elle n'est pas sensible aux arguments d'autorité ou trop politiciens (...) Dès que ça touche Paris c'est viscéral", décrypte son premier adjoint, Bruno Julliard.
Pour un autre adjoint, s'exprimant sous couvert d'anonymat, cette histoire est celle de Paris. "C'est récurrent et historique : Paris contre le reste de la France, ça ne date pas d'aujourd'hui", affirme cet élu, qui a apprécié la prestation particulièrement "nette et tranchée" de la maire.

(AFP)
L'ancien maire Bertrand Delanoë pouvait lui aussi avoir "des échanges tendus", avec le gouvernement, mais "c'était peut-être moins public", convient Bruno Julliard.
La maire de Paris surjouerait-elle l'opposition au gouvernement, à l'heure où celui-ci est si impopulaire ? Bruno Julliard conteste cette vision, soulignant qu'un affaiblissement du gouvernement nuirait à "toute la gauche". La mairie de Paris a aussi pu apporter un soutien décisif à l'action du gouvernement, comme sur le dossier des rythmes scolaires, dans lequel Anne Hidalgo était "très impliquée", a-t-il rappelé.
La séquence JO n'en apparaît pas moins comme un accroc supplémentaire à la stature présidentielle de François Hollande. "Un président de la République qui se fait recadrer par un maire, fût-il de Paris, ça n'est pas très bon pour l'image", admet un observateur.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.