dimanche 22 mars 2015

"Dubaï de l'Afrique", Lagos organise le premier tournoi de beach polo du continent

Porsche et Jaguar garées dans le sable, gradins ombragés, hommes d'affaires et leurs compagnes à hauts talons et chapeaux, champagne à la main: ce n'est ni Dubaï, ni Miami, mais bien Lagos, qui accueille le premier tournoi de beach polo d'Afrique.

A quelques centaines de kilomètres des combats contre le groupe islamiste Boko Haram, au moment où la tension monte d'un cran au Nigeria à l'approche de l'élection présidentielle du 28 mars, on continue néanmoins de se divertir à Lagos, capitale des affaires de la première puissance économique d'Afrique.
Ce sont des joueurs du centenaire Lagos Polo Club qui s'affrontent, selon des règles un peu différentes de celles du polo classique: ils sont trois au lieu de quatre par équipe, et le terrain de sable est plus petit que celui en gazon.
Le beach polo "est pratiqué hors saison d'habitude, quand on ne joue pas sur le gazon, pour garder les chevaux en forme", explique le président du club, Habeeb Fasinro.
"Mais aujourd'hui c'est devenu une vraie tendance, avec les tournois mondiaux de beach polo à Miami (Etats-Unis), à Dubaï, à Ibiza (Espagne)...", ajoute à la fin du match ce quinquagénaire encore vêtu d'un pantalon blanc et de bottes en cuir.
La compétition, qui s'achève dimanche, est organisée sur la gigantesque étendue de sable d'"Eko Atlantic", le plus grand chantier immobilier en cours sur le continent, censé devenir "la Dubaï de l'Afrique" d'ici 15 ou 20 ans.
Cette ville dans la ville, qui doit s'étendre à terme sur 10 km² et accueillir 250.000 habitants, est construite sur des tonnes de sable dragués au fond de l'océan, le long de Victoria Island, un des quartiers chics de Lagos où l'Atlantique est venu grignoter des mètres et des mètres de plage au gré des décennies.
Le chantier a commencé en 2008. Aujourd'hui, au milieu du sable, émergent les deux premiers immeubles et apparaissent des routes, des ponts, des lampadaires, et même des mini-palmiers tout juste plantés.
"L'idée, c'est de commencer à créer un peu d'activité dans cette nouvelle ville. On veut commencer à créer de la vie", explique Ronald Junior Chagoury, le vice-président d'Eko Atlantic, qui dit "aimer le parallèle avec Dubaï".
Son père et son oncle, Ronald et Gilbert Chagoury, deux frères d'origine libanaise incontournables dans le milieu nigérian des affaires, sont à l'origine de ce projet de plusieurs milliards de dollars, à travers la société South Energyx, une des filiales de leur groupe.
Un tournoi de football de plage, "Copa Lagos", est déjà organisé sur le chantier chaque année depuis quatre ans. Mais avec le polo, sport associé à une certaine élite, les promoteurs d'Eko Atlantic espèrent attirer un public d'investisseurs.
"Nous voulons associer Eko Atlantic, cette nouvelle ville pour Lagos, avec (...) ce sport de rois, nous voulons montrer que nous créons une ville prestigieuse", affirme Brent Sadler, le porte-parole du projet.
La nouvelle ville a pour vocation de devenir un carrefour des affaires à l'échelle du continent, et les promoteurs espèrent y faire venir des entrepreneurs du monde entier et une élite locale fortunée.
Costume sombre griffé et lunettes rondes en écaille, Chima Anyaso, chef d'entreprise dans le secteur pétrolier, avoue ne rien connaître au polo... et encore moins au beach polo.
"Je suis venu deux fois (sur le chantier), juste pour prospecter, en tant qu'acheteur potentiel", a-t-il confié à l'AFP. "J'ai reçu une invitation à mon bureau (...) et trois cartons supplémentaires, alors j'ai emmené des amis".
Le polo n'est pourtant pas un sport récent au Nigeria. Si son implantation date de la période coloniale britannique, la pratique a perduré depuis l'indépendance en 1960.
Aujourd'hui, "il existe au moins 30 clubs de polo au Nigeria", et le Lagos Polo Club, fondé en 1904, "compte entre 80 et 100 joueurs", nigérians pour la plupart, énonce M. Fasinro. "Il existe donc une longue tradition de polo", d'ailleurs "les joueurs nigérians jouent à l'étranger assez fréquemment. Un bon nombre d'entre nous a joué en Europe cette saison, surtout en Angleterre".

(AFP)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.