Athlétisme des villes et athlétisme des champs: le hors-stade -
running, trail ou meeting en ville - déplace les foules et les clivages
pour devenir une porte d'entrée à toutes les pratiques et s'apparenter
au futur de l'athlétisme.
Le Sommet de la Course à pied, organisé à
Paris le 25 mars à l'initiative de la Fédération française d'athlétisme
(FFA), et les discours des différents candidats aux prochaines
élections à la tête des fédérations européenne et mondiale en attestent.
Dans
une enquête réalisée à la demande de la FFA par l'agence SportLab et
qui sera dévoilée lors du Sommet, il apparaît qu'en France, 20% de la
population, soit 9,5 millions de personnes, pratiquent la course à pied.
Et que 17% d'entre elles (1,5 million de personnes) participent à des compétitions.
Des
chiffres à mettre en rapport avec les 250.000 licenciés que compte la
FFA, qui ne cesse pourtant d'enregistrer de nouvelles recrues.
Or,
63% des pratiquants hors-stade "sont en attente de services autour de
leur pratique", indique l'étude. Des services - entraînement, conseils,
bilan - que les clubs et fédérations sont les plus à même d'apporter.
-'Changement de mentalité'-
Le développement du hors-stade peut donc amener aux clubs et aux fédérations une nouvelle manne de pratiquants.
"Il
y a de l'athlétisme dans un stade, et il y a de l'athlétisme sur la
route, sur une montagne, etc. C'est la même pratique. C'est de
l'athlétisme et c'est un changement de mentalité à intégrer", explique à
l'AFP Jean Gracia, candidat à la présidence de l'Association européenne
d'athlétisme (AEA).
Ses adversaires pour l'élection, le Norvégien
Svein Arne Hansen et le Finlandais Antti Pihlakoski, sont sur la même
longueur d'ondes.
"Les fédérations réalisent tout l'intérêt du
développement de l'offre athlétique au-delà de l'élite", note par
exemple Hansen dans son manifeste de candidature.
"Les courses ont
d'abord été délaissées et ont grandi toutes seules en dehors des
fédérations. On a ensuite couru après le train pour les rattraper",
explique Gracia.
"L'idée maintenant n'est pas de prendre la place
de ceux qui organisent depuis le début, mais de travailler en commun
pour trouver des situations gagnant-gagnant entre les fédérations et les
organisateurs", avance-t-il.
Mais est-ce le futur de l'athlétisme?
Gracia
tempère: "Il ne faut pas écarter la haute performance et les médailles,
ça c'est notre coeur. Mais à côté, toutes ces activités contribuent à
la reconnaissance de l'athlétisme".
- Coe et Bubka intéressés -
Avec la prochaine retraite d'Usain Bolt, sa locomotive médiatique
depuis près d'une décennie, l'athlétisme doit réfléchir à une nouvelle
manière de faire le show pour continuer son développement,
souligne-t-il.
Deux grands noms de l'athlétisme, Sebastian Coe et
Sergueï Bubka, candidats à la présidence de la Fédération internationale
d'athlétisme (IAAF) l'été prochain, soulignent, eux, tout l'intérêt des
meetings en ville, autre facette de l'athlétisme hors-stade.
"Utiliser
le paysage naturel est très important pour l'athlétisme. Le théâtre
central de ce sport doit rester le stade, mais nous pouvons démocratiser
notre sport. Des milliers de personnes le long des routes, ou dans des
centres-villes pour voir du sprint ou des concours de perche... On doit
le rendre plus accessible et l'amener à tous", confie Coe à l'AFP.
Même
sentiment pour le Tsar de la perche Sergueï Bubka. "Je me souviens
avoir participé dans les années 1980 à un concours dans un parc. Cela
existe depuis 30, 40 ans", rappelle-t-il à l'AFP.
"Si cela
correspond à nos règlements de compétition, on pourrait lancer le disque
dans des meetings officiels sur la plage, faire de la perche dans des
centres commerciaux, plus près des gens. On peut construire des tribunes
pour sauter devant une chapelle ou une cathédrale avec de la musique et
des feux d'artifice. C'est ce que les gens espèrent et attendent",
estime-t-il.
(AFP)
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