jeudi 19 mars 2015

Hors les stades, le futur de l'athlétisme?

Athlétisme des villes et athlétisme des champs: le hors-stade - running, trail ou meeting en ville - déplace les foules et les clivages pour devenir une porte d'entrée à toutes les pratiques et s'apparenter au futur de l'athlétisme.

Le Sommet de la Course à pied, organisé à Paris le 25 mars à l'initiative de la Fédération française d'athlétisme (FFA), et les discours des différents candidats aux prochaines élections à la tête des fédérations européenne et mondiale en attestent.
Dans une enquête réalisée à la demande de la FFA par l'agence SportLab et qui sera dévoilée lors du Sommet, il apparaît qu'en France, 20% de la population, soit 9,5 millions de personnes, pratiquent la course à pied.
Et que 17% d'entre elles (1,5 million de personnes) participent à des compétitions.
Des chiffres à mettre en rapport avec les 250.000 licenciés que compte la FFA, qui ne cesse pourtant d'enregistrer de nouvelles recrues.
Or, 63% des pratiquants hors-stade "sont en attente de services autour de leur pratique", indique l'étude. Des services - entraînement, conseils, bilan - que les clubs et fédérations sont les plus à même d'apporter.

-'Changement de mentalité'- Le développement du hors-stade peut donc amener aux clubs et aux fédérations une nouvelle manne de pratiquants.
"Il y a de l'athlétisme dans un stade, et il y a de l'athlétisme sur la route, sur une montagne, etc. C'est la même pratique. C'est de l'athlétisme et c'est un changement de mentalité à intégrer", explique à l'AFP Jean Gracia, candidat à la présidence de l'Association européenne d'athlétisme (AEA).
Ses adversaires pour l'élection, le Norvégien Svein Arne Hansen et le Finlandais Antti Pihlakoski, sont sur la même longueur d'ondes.
"Les fédérations réalisent tout l'intérêt du développement de l'offre athlétique au-delà de l'élite", note par exemple Hansen dans son manifeste de candidature.
"Les courses ont d'abord été délaissées et ont grandi toutes seules en dehors des fédérations. On a ensuite couru après le train pour les rattraper", explique Gracia.
"L'idée maintenant n'est pas de prendre la place de ceux qui organisent depuis le début, mais de travailler en commun pour trouver des situations gagnant-gagnant entre les fédérations et les organisateurs", avance-t-il.
Mais est-ce le futur de l'athlétisme?
Gracia tempère: "Il ne faut pas écarter la haute performance et les médailles, ça c'est notre coeur. Mais à côté, toutes ces activités contribuent à la reconnaissance de l'athlétisme".

- Coe et Bubka intéressés - Avec la prochaine retraite d'Usain Bolt, sa locomotive médiatique depuis près d'une décennie, l'athlétisme doit réfléchir à une nouvelle manière de faire le show pour continuer son développement, souligne-t-il.
Deux grands noms de l'athlétisme, Sebastian Coe et Sergueï Bubka, candidats à la présidence de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) l'été prochain, soulignent, eux, tout l'intérêt des meetings en ville, autre facette de l'athlétisme hors-stade.
"Utiliser le paysage naturel est très important pour l'athlétisme. Le théâtre central de ce sport doit rester le stade, mais nous pouvons démocratiser notre sport. Des milliers de personnes le long des routes, ou dans des centres-villes pour voir du sprint ou des concours de perche... On doit le rendre plus accessible et l'amener à tous", confie Coe à l'AFP.
Même sentiment pour le Tsar de la perche Sergueï Bubka. "Je me souviens avoir participé dans les années 1980 à un concours dans un parc. Cela existe depuis 30, 40 ans", rappelle-t-il à l'AFP.
"Si cela correspond à nos règlements de compétition, on pourrait lancer le disque dans des meetings officiels sur la plage, faire de la perche dans des centres commerciaux, plus près des gens. On peut construire des tribunes pour sauter devant une chapelle ou une cathédrale avec de la musique et des feux d'artifice. C'est ce que les gens espèrent et attendent", estime-t-il.

(AFP)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.