vendredi 20 mars 2015

Ligue 1 : les salaires sont-ils à la baisse ?

Derrière les rémunérations stratosphériques des stars de la L 1, les joueurs lambda voient leurs revenus stagner ou se resserrer.

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Symboles malgré eux de l’injustice sociale plus que de l’ascension, sauf quand leurs exploits contribuent à redorer l’image du pays ou à chasser la morosité ambiante, les footballeurs n’échappent pourtant pas à la crise. Bien entendu, les effets sont moins douloureux quand on perçoit en un mois ce qu’un couple de salariés moyens touche en une année, c’est-à-dire aux alentours de 40 000 euros. Bien entendu, donc, aucun d’entre eux n’osera se plaindre publiquement. Le combat serait perdu d’avance.
C’est une vérité qui choque mais c’est une vérité quand même : l’époque est moins dorée pour les footballeurs professionnels moyens. On veut dire, ceux qui font sérieusement leur métier mais ne font pas la différence sur le terrain. Comme le sympathique et solide Charles Kaboré, milieu polyvalent qui a quand même perçu jusqu’à 150 000 euros mensuels à l’OM…
Plus personne ne peut offrir 450 000 euros par mois à Gourcuff
Entre 2006 et 2010, suivant la courbe exponentielle des droits télé, les salaires ont explosé en L 1 avec des masses salariales qui ont quasiment été multipliées par deux en cinq ans. Mais le temps où les présidents signaient des contrats avec des salaires à six chiffres et des prolongations automatiques d’un an après une vingtaine de matches joués est révolu. Confrontés à des charges à la hausse, à la perte d’avantages fiscaux comme le DIC en 2009 (Droits à l’image collective qui permettait une exonération de 30 % des charges) ou la taxe à 75 % sur les salaires supérieurs à un million d’euros (qui va prendre fin), contraints de composer avec des recettes merchandising, sponsoring ou au stade pas toujours aussi élevées qu’ils ne le pensaient, les dirigeants ont dû réduire la voilure. Et c’est sur la masse salariale de leur vestiaire que leur marge de manœuvre était la plus souple. Les effectifs sont moins pléthoriques et les staffs techniques sont désormais priés de puiser au maximum dans le vivier de la formation pour doubler les postes. Qui aurait imaginé l’OM lutter pour le titre avec Aloé, Sparagna, Andonian, Tuiloma ou Omrani régulièrement sur le banc par exemple ? Le rajeunissement des bancs de touche a favorisé la précarité d’une profession où les carrières sont de plus en plus courtes, les chômeurs de plus en plus nombreux.
L’arrivée de QSI au PSG puis de Rybolovlev à Monaco a faussé un peu le regard et les statistiques. Aujourd’hui, le PSG pèse à lui tout seul presque la moitié de la masse salariale de la Ligue 1 et certains de ses joueurs émargent à des niveaux de rémunérations dignes des plus grands clubs européens. Et l’écart se creuse avec les joueurs moyens, qui après avoir été très bien payés pendant des années, se voient rattrapés par la crise.
Si les joueurs ont moins la bougeotte, il ne faut pas y voir un regain de l’amour du maillot. Aujourd’hui, quand un joueur a signé un bon contrat, il a tendance à l’honorer jusqu’au bout, à l’instar de Yoann Gourcuff, pas toujours sportivement heureux à Lyon. Personne, la saison prochaine, ne lui offrira 450 000 euros par mois. Pour se débarrasser d’un élément devenu inutile, certains présidents sont même prêts à s’asseoir sur une grosse indemnité de transfert ou à admettre un échange avec un concurrent direct, comme Caen et l’Évian-TG, lors du dernier mercato d’hiver, avec Mathieu Duhamel et Nicolas Bénézet. Quand l’indésirable ne trouve pas preneur, il peut prendre la porte tel un salarié lambda. Benoît Cheyrou peut en témoigner. Après avoir refusé de lisser sa dernière année de salaire sur deux saisons, l’ancien vice-capitaine de l’OM a dû se rendre au tribunal des prud’hommes pour retrouver sa liberté. Cela a quand même dû faire drôle aux conseillers chargés de juger son affaire.

(L'Equipe)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.