Infrastructures pharaoniques, conditions de travail des ouvriers,
accusations de corruption: la tenue du Mondial-2022 en hiver désormais
actée, le Qatar reste confronté à d'autres polémiques et questions en
suspens.
Le comité exécutif de la Fifa, qui se réunit à Zurich
jeudi et vendredi, devrait entériner la tenue de la Coupe du monde en
novembre et décembre 2022, au lieu des traditionnels mois de juin et
juillet, au moment où les températures avoisinent les 50 degrés.
Mais
dans la monarchie du Golfe, le thermomètre n'est pas le seul à
atteindre des sommets: le coût des infrastructures devrait flamber dans
ce pays de seulement 2,3 millions d'habitants.
Le Qatar, qui
prévoit d'accueillir un million de visiteurs, est le plus petit pays à
organiser la prestigieuse compétition. Pour cela, il devra investir. Et
il va le faire en grand: cette Coupe du monde devrait être la plus chère
de l'histoire.
Alors que le coût du Mondial-2014 au Brésil est estimé à 20 milliards de dollars, l'émirat se paye le luxe de bâtir une ville entière, ou presque, pour accueillir la finale de sa Coupe du monde, à Losail (15 kilomètres au nord de Doha).
Ce
projet urbain est le plus ambitieux jamais réalisé par le Qatar et un
des plus gigantesques au monde. Son coût est estimé à 38 milliards
d'euros et son apogée sera la sortie du sable de l'Iconic Stadium,
monstre de 86.250 places qui accueillera la finale.
Le pays a
aussi prévu de construire un réseau de métro pour Doha, un port
gigantesque et d'immenses réservoirs, pour un budget de 200 milliards de
dollars.
- Doutes -
Certes, personne ne doute de la capacité du Qatar, dopé par le
pétrole et le gaz, à mettre la main à la poche. Mais l'échelle démesurée
des projets conduisent certains à avoir des doutes.
"L'échelle de
cette Coupe du monde est sans précédent. C'est du jamais vu dans le
sport. Il faut tout construire à partir de rien", s'inquiète Simon
Chadwick, professeur de stratégie et d'économie sportive à l'université
de Coventry (Royaume-Uni).
D'autant que la situation géopolitique
de la région reste un point sensible. "Les pays voisins sont toujours en
proie à une instabilité", affirme Salman Shaikh, directeur de l'antenne
de Doha du think tank américain Brookings. "Les Qatariens ne ménageront
pas leurs efforts" pour assurer la sécurité, ajoute M. Shaikh.
Le
Qatar devra aussi prendre des décisions concernant les pratiques
culturelles, notamment la consommation d'alcool, interdite dans le pays
mais autorisée aux expatriés sous réserve de permis spécial.
Pour
contourner ce problème, les organisateurs ont affirmé que l'alcool
serait distribué dans certaines zones. "Beaucoup de gens en dehors du
Moyen-Orient associent la Coupe du monde à l'alcool et pas au shopping
ou à la visite des musées", ironise Simon Chadwick.
Autre sujet
récurrent de préoccupation, les conditions de travail des ouvriers sur
les chantiers, alors que l'émirat prévoit de doubler le nombre de ses
travailleurs étrangers, pour atteindre 2,5 millions d'ici cinq ans.
Le
président de la Fifa, Joseph Blatter, a affirmé dimanche que "le Qatar
doit en faire plus" pour protéger les employés. Malgré sa promesse en
mai 2014, le Qatar n'a toujours pas aboli la "kafala", le système de
parrainage local qui fait des salariés des quasi propriétés de leur
employeur, et son remplacement par "un système de contrat de travail".
Et
planent toujours les sempiternelles accusations de corruption soulevées
par la presse internationale depuis l'attribution du Mondial au Qatar
en 2010, même si aucune preuve formelle n'a encore été apportée.
(AFP)
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