"Très déçue" de la décision de la Fifa de faire jouer le Mondial
qatari en novembre-décembre 2022, l'Association des Ligues de football
professionnel (EPFL) a dénoncé samedi, via son président Frédéric
Thiriez, un "football mondial dirigé par la Noblesse et le Clergé".
Dans
un entretien avec l'AFP, M. Thiriez, par ailleurs président de la Ligue
de football professionnel française, a estimé qu'il faut "revoir la
gouvernance" des instances internationales pour y associer les Ligues et
prévenu de l'imminence d'actions en justice.
Q: L'EPFL s'est dite "très déçue" du choix des dates du Mondial-2022 au Qatar. Pourquoi ?
R:
"Nous avons tout de même quelques raisons d'être amers. Je rappelle que
nous n'avons jamais remis en cause le choix du Qatar. Mais c'est le
déplacement de la compétition en hiver, ce changement brutal et
inhabituel de dates, qui nous pose un problème majeur. Et nous
constatons que comme d'habitude, la Fifa, l'UEFA et les fédérations nationales prennent les décisions seules, dans leur coin, sans
consulter les Ligues. La résolution qui a été votée par l'EPFL en
assemblée générale est là pour dire que ça ne peut pas continuer comme
ça. Les affaires du football ne peuvent pas être gérées sans les Ligues
car aujourd'hui personne ne défend les championnats nationaux. Le
message principal, c'est qu'il faut revoir la gouvernance des instances
internationales. Cela signifie faire ce qui a été fait il y a déjà
longtemps dans les fédérations nationales, c'est-à-dire donner des responsabilités équitables dans les instances au monde professionnel."
Q: Vous souhaitez donc être reçu par Joseph Blatter ?
R:
"Je l'ai demandé il y a très longtemps et je suis sûr que Joseph Blatter
va l'entendre. Il faut qu'il comprenne que la gouvernance par les fédérations ne permet plus d'atteindre l'objectif qui est de réunir et satisfaire
toutes les familles du football. Le football mondial est aujourd'hui
dirigé par la Noblesse et le Clergé, c'est-à-dire la Fifa, l'UEFA et les
fédérations nationales. Nous, nous sommes le Tiers-État. Nous passons pour quantité négligeable alors que nous sommes tout."
Q: Les clubs européens se sont pourtant félicités vendredi via l'ECA d'un accord financier trouvé avec la Fifa...
R:
"Tant mieux pour l'ECA et pour les grands clubs. Mais c'est très loin
d'épuiser la question. Cet argent ne va qu'aux grands clubs qui mettent
les joueurs à disposition des équipes nationales pendant le Mondial.
Moi, je représente 1000 clubs, ce n'est pas la même chose que les 200
clubs de l'ECA. Les principales victimes, ce sont les clubs qui ne
pourront pas jouer pendant ce Mondial. Qu'est-ce qu'on fait de nos clubs
qui vont se retrouver l'arme au pied, sans jouer pendant deux mois?
Qu'est-ce qu'on fait avec les contrats TV ?"
Q: Vous évoquez des championnats qui pourraient se poursuivre pendant le Mondial. Est-ce une menace ?
R:
"Ce n'est pas du tout une menace. On essaie d'être constructif et on
veut discuter sérieusement. Il faut parler du calendrier précis de cette
saison 2022, voir en fonction des pays et des divisions si certains ne
peuvent pas continuer. Par exemple la Ligue 2, est-il nécessaire qu'elle
s'arrête ?"
Q: Faut-il s'attendre à des actions en justice ?
R: "Il est
évident que plusieurs ligues vont intenter des actions en justice
contre la Fifa. Certains sont très remontés et ça va aller très vite. Et
l'EPFL soutiendra ces actions et s'y associera."
(AFP)
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