jeudi 19 mars 2015

Parme à terre, symbole d'un Calcio malade

La deuxième faillite en dix ans du club de Parme pourrait être prononcée jeudi: ce naufrage annoncé met en lumière de façon spectaculaire la crise profonde du football italien, qui cumule 1,7 milliard d'euros de dettes.


- Une chute inévitable"Nous attendons jeudi comme une libération", a assuré au site du journal Gazzetta di Parma le milieu de terrain Daniele Galloppa, qui ne touche plus son salaire depuis sept mois, comme ses coéquipiers. L'audience au tribunal est fixée à jeudi matin, mais la sentence ne tombera pas forcément tout de suite.
Les chiffres donnent le tournis. Le 13 mars, l'assemblée des actionnaires du club a constaté une dette nette de 56 millions d'euros. L'endettement brut monte à 200 M EUR, selon le maire de Parme, Federico Pizzarotti, en comptant toutes les dettes, emprunts et retards de salaires.
Parme, lanterne rouge de Serie A, ne peut pas échapper à la banqueroute. La seule question sera de savoir si le club repart en Serie B (2e div.), où il ne manquera pas de descendre sportivement avec ses 15 points de retard (dont 3 de pénalité pour ses dettes), ou en championnat amateur.
Un administrateur judiciaire devrait être nommé. Chargé de piloter la faillite, il gèrerait notamment les 5 millions promis par la Lega (Ligue professionnelle) pour aider le club à terminer la saison et ne pas fausser un peu plus le championnat.
Pour parachever cette descente aux enfers, Giampietro Manenti, président de Parme depuis février, a été arrêté mercredi avec 21 autres personnes (BIEN 21), sur des soupçons de blanchiment d'argent et d'utilisation de cartes bancaires contrefaites.
Triste fin pour l'ancien club de Crespo, Thuram et Cannavaro, trois fois vainqueur d'une coupe d'Europe (Coupe des Coupes 1993, Coupe de l'UEFA 1995 et 1999).

- Autres dettes, autres faillites?La spectaculaire faillite du club, la deuxième en dix ans après le krach de la Parmalat, est le signe "que quelque chose ne fonctionne pas" en Serie A, assure l'entraîneur, Roberto Donadoni: "Les trois-quarts des équipes sont endettées pour plusieurs millions d'euros".
La chute de Parme pourrait donc en annoncer d'autres. La Serie A a accumulé 1,715 milliard d'euros de dettes, selon l'enquête annuelle de la Gazzetta dello sport sur les finances du Calcio. Sur la seule saison 2013-2014, les 20 clubs ont perdu 222 M EUR.
Naples fait figure d'exception, avec 20 M EUR de bénéfice. Le club, aux mains de l'avisé producteur de cinéma Aurelio De Laurentiis, aligne une septième année de bilan positif.
Face au naufrage de Parme, Donadoni ne veut pas d'un "rafistolage à l'italienne" de la part des instances sportives et réclame des "garde-fous" pour que "de tels cas ne se reproduisent pas".
Le président de Cesena, Giorgio Lugaresi, est le seul de Serie A à avoir voté contre le sauvetage de Parme par la Lega. Et lui non plus ne veut "pas que ce cas fasse des petits".
"On sait comment Sienne et Bari, soutenus jusqu'au bout, ont fini (faillites, ndlr), peste-t-il. Nous, à Cesena, nous nous sommes crevés à la tâche pour tenir à l'équilibre. On a tout laissé faire à Parme, en janvier ils ont même pu recruter!"

- Les raisons d'une criseLa Série A, nostalgique de son glorieux passé, perd de son attractivité, et ses stars la quittent saison après saison.
Elle n'a pas su prendre le virage de la modernité: les stades sont vétustes, se vident peu à peu sans que les clubs diversifient leurs sources de revenus, contrairement aux autres grands championnats. Des clubs qui continuent à entretenir des effectifs pléthoriques et traînent donc comme un boulet une masse salariale conséquente.
Surtout, la Série A, qui tire son principal financement de la télé Sky, est le grand championnat européen dépendant le plus des droits TV: elle en tire 58% de son chiffre d'affaires (1 milliard d'euros, championnat et Ligue des champions), selon la Gazzetta dello Sport.
Dans le cas de Parme, aucun système d'alarme n'a fonctionné et le club a pu creuser son déficit. Il ne payait plus son loyer à la ville pour le stade Tardini depuis 2011.

(AFP)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.