A un an des Jeux Olympiques de 2016, l'insécurité reste un enjeu
majeur à Rio avec de nombreux policiers tués par des trafiquants et des
affrontements réguliers entre bandes rivales, mais les autorités se
montrent déterminées à "pacifier" les favelas.
Mercredi, la police
militarisée (PM) a commencé à remplacer les 3.000 soldats de l'armée
qui occupaient depuis un an le complexe de 16 favelas "Maré", situé près
de l'aéroport international de Rio. 140.000 personnes vivent dans ce
territoire de 7 km2, en bordure de la baie de Rio et de l'une des
principales entrées de la ville.
La "pacification" avait commencé dans les favelas de Rio en 2008, en prévision de la coupe du monde de football de 2014.
Ces
déploiements d'exception font place désormais à une gestion plus
normale de la sécurité dans les favelas où sont implantées des Unités de
police pacificatrice (UPP).
Le retrait de l'armée a commencé dans
"les favelas Praia de Ramos et Roquette Pinto, qui sont les plus
tranquilles", comme le prévoyait l'accord signé avec le gouvernement, a
déclaré à l'AFP le porte-parole de la PM, le colonel Frederico Caldas.
Le
gouvernement de Rio de Janeiro a investi depuis 2008 plusieurs favelas
aux mains des trafiquants de drogue depuis 30 ans, avec le déploiement
de 38 Unités de police pacificatrice (UPP) dans 264 favelas, où vivent
plus d'un million et demi de personnes. Près de 10.000 policiers sont
déjà déployés dans ces territoires.
"A partir de mai, nous
entrerons dans (les favelas) Nova Holanda et Parque Uniao où nous nous
attendons à de la résistance" de la part des trafiquants de drogue,
"mais il n'y aura pas de recul" dans le processus de pacification dans
cette zone, a ajouté le colonel Caldas.
- Un 'patient fébrile' -
La veille, le secrétaire à la sécurité de l'Etat de Rio, José
Mariano Beltrame, avait déjà prévenu que l'entrée de la PM dans la Maré
ne serait "pas facile".
"Le programme de +pacification+ est arrivé
dans des zones qui n'ont jamais eu l'attention de l'Etat. Le trafic y a
créé des racines. Ce sont des régions où les crimes sont commis par des
bandes qui en sont à la troisième génération de bandits", a souligné M.
Beltrame, cité par le quotidien O Globo.
Il a annoncé des
"ajustements" à ce programme qui a fait chuter le taux d'homicides mais
qui demande encore, selon lui, de meilleurs services sociaux et plus
d'engagement de la part du gouvernement.
Les policiers qui
arrivent dans la Maré feront face aux mêmes difficultés que ceux des
grandes favelas déjà pacifiées, avec des bandes très organisées et de
nombreuses armes en circulation, selon le secrétaire à la sécurité.
"La
sécurité publique est une espèce de patient fébrile avec des pics de
température, mais à un moment cette température va baisser", a assuré M.
Beltrame.
Le week-end dernier, des affrontements entre
narcotrafiquants ont notamment eu lieu dans la favela Rocinha, dans le
sud touristique de Rio, faisant six blessés dont deux policiers. Quatre
suspects ont aussi été tués par la police dans deux autres favelas. En
janvier seulement, 3 personnes ont été tuées et 22 blessées par des
balles perdues.
"Il existe un climat de pessimisme par rapport à
la pacification. Mais si cela ne marche pas, tout le monde y perdra, la
police, la société, tout le monde", a prévenu le colonel Caldas.
Raimundo
Donato, un chauffeur routier de 57 ans qui vit dans la favela Praia de
Ramos, se montre optimiste : "les choses vont s'améliorer avec l'arrivée
des UPPs qui vont s'occuper de la favela. Ça va vraiment être mieux
maintenant", a-t-il dit à l'AFP.
(AFP)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire