jeudi 13 décembre 2012

Le basket français en route vers une révolution ?

Fin décembre, les clubs de basket désireux d’accéder – ou de se maintenir – en Pro A sur tapis vert, devront avoir remis leur dossier à une commission indépendante. Deux heureux gagnants pourraient ainsi jouer dans l’élite lors de la saison 2013-2014 sans avoir gagné leur place sur le terrain. Mode d’emploi et réserves autour d'une procédure inédite dans le sport français...

L’évolution du basket annonce-t-elle une révolution dans le sport professionnel français ? Dès la saison prochaine, deux clubs supplémentaires pourraient être promus ou maintenus en Pro A. Les clubs intéressés ont jusqu’au 31 décembre pour déposer leur dossier. Car leur avenir ne se jouera pas sur les parquets mais face à une commission indépendante qui évaluera leur candidature selon des critères structurels, financiers et marketing.

On ne sait pas encore combien de clubs vont répondre à l’offre inédite et alléchante de la Ligue nationale de basket (LNB). Mais tous les clubs de Pro A, Pro B et National 1 sont potentiellement concernés . « On a déjà reçu plusieurs dossiers. Mais cela ne veut pas dire qu’on donnera les invitations. Pour des raisons d’équilibre du calendrier, il y aura deux invitations ou aucune. La Pro A sera donc composée de 16 ou 18 clubs la saison prochaine. De leur côté, les montées et descentes ne sont pas remises en question », explique Christine Lombard, directrice générale de la LNB, avant de préciser le mode d'emploi : « Il y a quatre critères avec des poids différents. Le critère financier pèse pour 35%, l’organisation et la gouvernance du club ainsi que son projet sportif interviennent pour 25%, les équipements du club pèseront pour 25%, et le projet marketing et communication représentera 15%. » 

Logique nord-américaine ?

Mais au fait, pourquoi une telle initiative, qui remet en cause la philosophie du sport à la française, dont la hiérarchie a toujours été, contrairement à la logique nord-américaine, basée uniquement sur des critères sportifs ? « L’idée principale est que les clubs invités puissent jouer en Euroligue. Or le basket est l’un des rares sports où l’Euroligue est une instance privée, et elle nous impose des contraintes en plus des critères sportifs. Pour pouvoir jouer, on doit suivre les règles du jeu. En Euroligue, le critère sportif est nécessaire mais pas suffisant. Plus les clubs tendront vers des équipements correspondant à l’Euroligue, plus ils auront des chances d’y aller », commente Christine Lombard. Parmi les principales exigences de l’Euroligue : une salle de 5.000 places minimum, et 10.000 pour la licence de premier niveau.
Patrick Wolff, président de l’Association nationale des ligues de sports professionnels (Anlsp), pointe toutefois un danger : « Le modèle à mettre en place ne devra pas faire disparaître le sport des villes moyennes. Quand vous regardez le système de ligues fermées aux Etats-Unis, seules les très grandes villes possèdent de véritables clubs professionnels dans des stades immenses. C’est très important qu’il y ait du basket à Chalon et à Limoges. » Or, pour Christine Lombard, les invitations ont aussi pour but « de développer le basket au sein de nouveaux marchés, ou encore d’augmenter l’attractivité du championnat pour augmenter les affluences ». Et lorsqu’on parle de taille de marchés et d’affluences, on a forcément tendance à regarder du côté des grandes villes…

Peur sur les villes

A Bordeaux, dont le club de basket se débat au fond du classement de la Pro B, on attend la fin de l’année et la venue du président Boris Diaw pour savoir si un dossier sera finalement déposé auprès de la commission. Mais la ville a pris les devants en décidant de mettre cinq millions d’euros dans la rénovation du palais des sports. « Avec cette infrastructure, on pourrait aspirer à avoir une équipe en Pro A », explique Arielle Piazza. Toutefois, l’adjointe aux sports de la ville se dit « peu convaincue » par la démarche de la LNB. « J’ai très peur qu’une fois de plus cela retombe sur les collectivités. Les équipements en faveur du sport pour tous sont une priorité aujourd’hui. Les ligues professionnelles ne peuvent pas toujours nous imposer des diktats, on n’arrive pas à suivre », ajoute-t-elle. Pour les candidats aux deux invitations, le premier match à remporter sera donc celui qu’ils mèneront pour convaincre leur collectivité de les accompagner.

(Source : RFI)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.