Le sport véhicule, non sans raison, une image de santé et de bien-être. Image d’autant plus accentuée que la pratique a lieu en plein air, voire en pleine nature. Pourtant, les grands événements sportifs seraient plutôt néfastes pour la santé de notre planète, notre environnement. Petit à petit, avec des moyens plus ou moins efficaces, leurs organisateurs commencent à réagir.
L’été dernier, les jeux Olympiques de Londres ont produit en deux
semaines 3,4 millions de tonnes de gaz à effet de serre, soit autant que
200.000 foyers européens en une année. Un record si l’on considère les
chiffres des autres grandes compétitions, de la Coupe du monde de
football (2,75 millions) à une saison de Coupe du monde de ski alpin
(800.000), en passant par la Coupe du monde de rugby (570.000),
Roland-Garros (156.000), le Rallye Dakar (43.000) ou les grands Prix de
F1 (10 à 20.000 chacun, soit 300.000 en moyenne pour une saison).
Pour Isabelle Autissier, navigatrice, écrivain et présidente de la
branche française du World Wild Fund for Nature (WWF), le gigantisme
croissant des grandes compétitions est en cause : « On multiplie les
grosses structures, on fait venir les gens de plus en plus loin. En
attirant plus de public, on génère obligatoirement plus de déchets et de
nuisances parce que le transport des sportifs et des spectateurs est ce
qu'il y a de plus impactant. On amène des dizaines de milliers de gens
dans des voitures ou des avions, dans des parkings en béton et des
stades énergivores... »
Douche chaude pour les sportifs, douche froide pour l’environnement
Si 80 à 90% des émissions de gaz à effet de serre générées par un
événement sportif proviennent des déplacements qu'il engendre,
paradoxalement, les compétitions qui vont aux spectateurs au lieu de les
attirer à elles et n’ont que la nature pour décor ne sont pas moins
polluantes. Le Tour de France et ses douze millions de spectateurs sur
le bord des routes durant trois semaines génère ainsi 12.000 tonnes de
déchets, sans compter les effets en termes de pollution et de respect de
la biodiversité dans les zones de montagne où le public est le plus
concentré. Ses performances environnementales seraient si mauvaises
qu’ASO, son organisateur, rechigne à calculer le bilan carbone de
l’épreuve.
Quant aux pratiques amateur ou de loisir, elles n’échappent pas non
plus à la critique. Le Marathon de Paris, ce sont quelque 450.000
bouteilles à ramasser. Et il existe 10.000 courses sur route en France
chaque année… En ski, ce sont 20 millions de mètres cubes d'eau qui sont
utilisés dans les Alpes françaises pour fabriquer de la neige
artificielle. Quant à une semaine de douches des sportifs en France,
cela équivaut à la consommation d'eau annuelle d’une ville de 200.000
habitants.
Face à une telle réalité, les organisateurs doivent réagir. « Les
grands événements comme les JO vont peut-être s'autolimiter, parce qu'à
un moment plus personne ne sera assez riche pour les organiser, estime Isabelle Autissier. On sent une prise de conscience, y compris des sponsors. [...] L'Etat
a un rôle primordial à jouer en pénalisant les comportements
irresponsables comme l'utilisation des canons à neige dans les stations. »
Mesures cosmétiques et survie économique
Mais plutôt qu’attendre des sanctions, certains multiplient les
initiatives, aux impacts plus ou moins cosmétiques. Sur le Tour, ASO a
ainsi réduit le nombre d'accréditations de véhicules à 2.200, contre
2.500 auparavant, plafonné leur vitesse à 80 km/h, et installé des
poubelles de tri sélectif. Sur le Dakar, l’entreprise s’est engagée à
compenser financièrement une partie de l'empreinte carbone de l’épreuve.
L’équipe cycliste de La Française des Jeux compense, elle, son
empreinte carbone en finançant des projets en faveur de l'environnement
et s'est engagée à réduire ses émissions. Quant à la demande de Michel
Platini de jouer le Mondial de football 2022 au Qatar en hiver, si elle
est motivée par le bien-être des joueurs, elle pourrait limiter la casse
environnementale dans un pays qui se proposait de faire tourner la
climatisation dans des stades transformés en chaudron par les quelque 50
degrés ambiants.
Le sport automobile, lui, n’a plus le choix. Plombé par une image
déplorable en termes d'impact environnemental et conscient que sa survie
économique passe par une maîtrise de l’énergie, il est contraint d'être
particulièrement attentif et innovant en matière de technologies
propres. Jean Todt, président de la Fédération internationale de
l'automobile (FIA), veut faire muter son sport. La révolution est prévue
pour 2014, avec la naissance du championnat de Formule E impliquant des
monoplaces électriques tournant à 180 km/h maximum sur des circuits
urbains. En 2014 également, la restriction de la quantité de carburant
entrera en vigueur dans le championnat du monde d'endurance, entraînant
de 20 à 30% d'économies selon la FIA. Enfin, c'est également dans un peu
plus d'un an que la réglementation moteur des F1 privilégiera plus
encore la technologie électrique d'une voiture déjà hybride grâce au
Kers, système de récupération d'énergie cinétique imposé par la FIA. De
son côté, l'association des constructeurs (Fota) s'est engagée à réduire
son empreinte carbone de 15% dans les années à venir. Et si en sport,
la mise au vert n’était plus que synonyme de repos ?…
(Source : RFI)
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