vendredi 4 janvier 2013

Gros pollueurs, les grands événements sportifs tentent de se mettre au vert

Le sport véhicule, non sans raison, une image de santé et de bien-être. Image d’autant plus accentuée que la pratique a lieu en plein air, voire en pleine nature. Pourtant, les grands événements sportifs seraient plutôt néfastes pour la santé de notre planète, notre environnement. Petit à petit, avec des moyens plus ou moins efficaces, leurs organisateurs commencent à réagir.

L’été dernier, les jeux Olympiques de Londres ont produit en deux semaines 3,4 millions de tonnes de gaz à effet de serre, soit autant que 200.000 foyers européens en une année. Un record si l’on considère les chiffres des autres grandes compétitions, de la Coupe du monde de football (2,75 millions) à une saison de Coupe du monde de ski alpin (800.000), en passant par la Coupe du monde de rugby (570.000), Roland-Garros (156.000), le Rallye Dakar (43.000) ou les grands Prix de F1 (10 à 20.000 chacun, soit 300.000 en moyenne pour une saison).
Pour Isabelle Autissier, navigatrice, écrivain et présidente de la branche française du World Wild Fund for Nature (WWF), le gigantisme croissant des grandes compétitions est en cause : « On multiplie les grosses structures, on fait venir les gens de plus en plus loin. En attirant plus de public, on génère obligatoirement plus de déchets et de nuisances parce que le transport des sportifs et des spectateurs est ce qu'il y a de plus impactant. On amène des dizaines de milliers de gens dans des voitures ou des avions, dans des parkings en béton et des stades énergivores... »

Douche chaude pour les sportifs, douche froide pour l’environnement

Si 80 à 90% des émissions de gaz à effet de serre générées par un événement sportif proviennent des déplacements qu'il engendre, paradoxalement, les compétitions qui vont aux spectateurs au lieu de les attirer à elles et n’ont que la nature pour décor ne sont pas moins polluantes. Le Tour de France et ses douze millions de spectateurs sur le bord des routes durant trois semaines génère ainsi 12.000 tonnes de déchets, sans compter les effets en termes de pollution et de respect de la biodiversité dans les zones de montagne où le public est le plus concentré. Ses performances environnementales seraient si mauvaises qu’ASO, son organisateur, rechigne à calculer le bilan carbone de l’épreuve.
Quant aux pratiques amateur ou de loisir, elles n’échappent pas non plus à la critique. Le Marathon de Paris, ce sont quelque 450.000 bouteilles à ramasser. Et il existe 10.000 courses sur route en France chaque année… En ski, ce sont 20 millions de mètres cubes d'eau qui sont utilisés dans les Alpes françaises pour fabriquer de la neige artificielle. Quant à une semaine de douches des sportifs en France, cela équivaut à la consommation d'eau annuelle d’une ville de 200.000 habitants.
Face à une telle réalité, les organisateurs doivent réagir. « Les grands événements comme les JO vont peut-être s'autolimiter, parce qu'à un moment plus personne ne sera assez riche pour les organiser, estime Isabelle Autissier. On sent une prise de conscience, y compris des sponsors. [...] L'Etat a un rôle primordial à jouer en pénalisant les comportements irresponsables comme l'utilisation des canons à neige dans les stations. »

Mesures cosmétiques et survie économique

Mais plutôt qu’attendre des sanctions, certains multiplient les initiatives, aux impacts plus ou moins cosmétiques. Sur le Tour, ASO a ainsi réduit le nombre d'accréditations de véhicules à 2.200, contre 2.500 auparavant, plafonné leur vitesse à 80 km/h, et installé des poubelles de tri sélectif. Sur le Dakar, l’entreprise s’est engagée à compenser financièrement une partie de l'empreinte carbone de l’épreuve. L’équipe cycliste de La Française des Jeux compense, elle, son empreinte carbone en finançant des projets en faveur de l'environnement et s'est engagée à réduire ses émissions. Quant à la demande de Michel Platini de jouer le Mondial de football 2022 au Qatar en hiver, si elle est motivée par le bien-être des joueurs, elle pourrait limiter la casse environnementale dans un pays qui se proposait de faire tourner la climatisation dans des stades transformés en chaudron par les quelque 50 degrés ambiants.
Le sport automobile, lui, n’a plus le choix. Plombé par une image déplorable en termes d'impact environnemental et conscient que sa survie économique passe par une maîtrise de l’énergie, il est contraint d'être particulièrement attentif et innovant en matière de technologies propres. Jean Todt, président de la Fédération internationale de l'automobile (FIA), veut faire muter son sport. La révolution est prévue pour 2014, avec la naissance du championnat de Formule E impliquant des monoplaces électriques tournant à 180 km/h maximum sur des circuits urbains. En 2014 également, la restriction de la quantité de carburant entrera en vigueur dans le championnat du monde d'endurance, entraînant de 20 à 30% d'économies selon la FIA. Enfin, c'est également dans un peu plus d'un an que la réglementation moteur des F1 privilégiera plus encore la technologie électrique d'une voiture déjà hybride grâce au Kers, système de récupération d'énergie cinétique imposé par la FIA. De son côté, l'association des constructeurs (Fota) s'est engagée à réduire son empreinte carbone de 15% dans les années à venir. Et si en sport, la mise au vert n’était plus que synonyme de repos ?…

(Source : RFI)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.