"On nous fait supporter l'image d'une activité gourmande en eau et en intrants divers. Je n'aime pas les jugements qui ne soient pas cartésiens. Pourquoi nous critique-t-on autant ?" s'est interrogé Georges Barbaret, avant d'expliquer le cheminement de sa fédération : "Il était utile, à partir d'analyses fiables, de voir s'il y avait des mesures correctrices à apporter, et de prendre nos responsabilités." En 2004, la FFG décide donc de créer une commission environnement, dont les réflexions aboutissent, en 2006, à la signature d'une première charte, avec les ministères des Sports et de l'Environnement, puis à une seconde, en 2011, à laquelle le ministère de l'Agriculture vient se greffer. Aux côtés de ces institutions, ceux qui ont en charge la gestion des golfs sont également présents : les golfs commerciaux, les golfs associatifs et l'association des intendants de terrains. "Nous avons retenu trois pistes : la préservation des ressources en eau en termes quantitatifs, la préservation des ressources en eau en termes qualitatifs, et enfin un bilan", a détaillé Georges Barbaret.
Lutter contre les idées reçues
Premier bilan donc, qui porte sur une "part significative" des quelque 700 équipements golfiques répartis sur 33.000 hectares en France et fréquentés par 422.000 pratiquants licenciés. Un nombre en augmentation de 40% en douze ans, qui place le golf au quatrième rang des activités sportives individuelles les plus pratiquées en France. Si la réduction moyenne des consommations globales en eau par les golfs sur les cinq dernières années est de 14%, les consommations provenant du réseau public ont, elles, baissé de 20%. Par ailleurs, 90% des eaux utilisées dans les golfs français sont des eaux non consommables, provenant de ruissellements, de forages, de stations d'épuration après retraitement, etc. Un golf comme Bondues, près de Lille, étant même parvenu à se passer tout à fait d'eau consommable. Voilà pour les chiffres-clés.Quels ont été les leviers d'amélioration pour parvenir à ces résultats ? "Dans un premier temps, ce sont les fuites d'eau, qui représentent environ 20% de la consommation, a expliqué à Localtis Jérôme Paris, vice-président de la FFG et responsable de la commission environnement. Nous avons donc vérifié les réseaux d'arrosage, souterrains pour la plupart. Nous avons ensuite sensibilisé les acteurs pour qu'ils n'arrosent que les zones strictement nécessaires au jeu et règlent mieux leur matériel. On a fait beaucoup de réunions en province, dans chaque ligue. Simplement en montrant des exemples d'entretien sans investissements excessifs, on a eu des résultats très intéressants. Pour la fédération, le budget de l'opération a été très faible, car le travail a été fait pour l'essentiel par des bénévoles. Les agences de l'eau ont pris par ailleurs une participation significative, de 20 à 50%, au financement d'études et d'installations qui permettent les économies d'eau." Les collectivités locales ont été par ailleurs impliquées là où existent des golfs publics.
Vers des golfs sans herbe ?
La synthèse du rapport présentée par la FFG le 19 mars entend encore prendre à rebrousse-gazon quelques idées reçues : "Si un golf de 18 trous comprend environ 50 hectares de terrain, seulement 25% en moyenne sont susceptibles d'être arrosés […]. La partie restante est constituée de zones naturelles peu entretenues et intactes où la biodiversité peut s'épanouir librement" ; "près de 70% des golfs consomment moins que la moyenne nationale mesurée à 25.000 m3 par tranche de 9 trous. Pour les plus gros consommateurs, l'eau utilisée provient de canaux ou encore de stations d'épuration. Ces deux origines de l'eau ne souffrent pas de conflits d'usages" ; "un golf de 9 trous a consommé en moyenne en 2010, l'équivalent de la consommation d'eau d'une commune de 350 habitants".Pour l'avenir immédiat, l'objectif est d'arriver à un arrosage minimum. "Mais il est difficile de faire une règle systématique, a encore précisé Jérôme Paris. Il y a tellement de variétés de golfs en fonction des terrains, de l'altitude, de la longitude. Mais l'idée est de baisser de 60% à partir de la base d'origine de 2006 pour les golfs exemplaires." Un guide "Construire un golf" destiné aux porteurs de projets va parallèlement être édité. Un document qui "insistera sur la nécessité d'inclure dès le démarrage du projet le respect de l'environnement", a pointé Georges Barbaret
Et dans un futur plus lointain, le golf pourrait même se passer totalement d'eau. Comment ? "Nous avons lancé un plan de cent nouveaux petits équipements de proximité, qui seront achevés dans les cinq ans à venir. Dans ces équipements, situés près des centres de vie, il faut bien régler ce problème environnemental. On commence à tester une surface synthétique", a annoncé Georges Barbaret. Une herbe qui n'aurait besoin ni d'eau ni de traitements phytosanitaires ou d'engrais, donc. Que les puristes se rassurent, aucune généralisation n'est à l'ordre du jour. Toutefois, "le golfeur doit aussi accepter que l'herbe ne soit pas toujours plus verte que verte", a conclu le président de la FFG.
(Source : Localtis)
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