Monter, organiser et promouvoir un tournoi comme celui de Metz relève de l’exercice de longue haleine. L'Equipe revient sur douze mois de tractations et de paris audacieux ! Extraits...
CETTE SEMAINE, le Tour débarque
à Metz, l’un des quarante tournois
ATP 250 de la saison.Une étape de
plus sur le circuit, un plateau banal
d’un tournoi ordinaire ? Il faut
s’immerger un an dans les coulisses de sa préparation ou arpenter
les 22 000m2 du Village VIP –
l’équivalent de quatre terrains de
football, soit l’un des plus gros du
monde – pour mieux saisir l’ambition du projet. Pour exister, le
Moselle Open mise sur la fibre régionale communiquant sur « le
plus gros événement sportif »
d’un « Grand Est » englobant le
Luxembourg et un bout de l’Allemagne [...] oscar de
la meilleure progression et organisation d’un tournoi européen,
décerné en janvier par l’ATP.
Octobre 2012. C’est à peine fini que
tout repart. [...] Qu’il faut remédier aux remarques esquissées
par le personnel de l’ATP qui,
comme dans chaque tournoi,
chacun dans son domaine, a fait
son rapport d’après tournoi. Rien
de bien méchant en l’occurrence :
il est noté un défaut d’éclairage en
fond de court du central, quand les
joueurs sortent de la zone de lumière pour venir s’essuyer avec la
serviette et un court n° 1 où il
manque 20 cm côté bâche. [...] Il
est également question pour cette
édition d’implanter le Hawk-Eye,
un plus toujours apprécié par les
joueurs et les spectateurs.Mais il
en coûte 30 000€, en passant par
un prestataire de service unique.
Metz refuse.
Plus que neuf jours avant l’ouverture du site, qui a déménagé en
2011 des Arènes à Metz Expo.
L’aménagement est un énorme
chantier qui engloutit 30 % du
budget, autour d’un million
d’euros en y incluant la location.
La mission ? Transformer les trois
grands hangars de Metz Expo en
hall VIP, accueil public aux trente
boutiques (18, l’an dernier) et central de 5 300 places. Dans cette
zone au sol bosselé, il faut « décaisser » pour poser la surface sur
un plancher lisse, pour un montant de 100 000 €. En ces heures
fébriles de mue tennistique aux
sons des perceuses, c’est encore
l’heure des derniers espoirs pour
peaufiner son plateau. Et si l’on
conviait Federer, fraîchement éliminé à l’US Open, clairement en
manque de match ? Julien Boutter, le directeur du tournoi, sonde
l’agent du Suisse, sûrement pour
rêver. « Même à un prix d’ami, ça
reste inabordable. » Pour une garantie estimée entre 300 000€ –
la fourchette basse de cet été à Gstaad ou Hambourg – et un million
d’euros (...].
Le Moselle Open consacre un
dixième de son budget au poste
“garantie”, environ 300 000 €.
L’impératif vis-à-vis de ses partenaires est d’avoir un top 10 dans
la liste (d’où l’idée du poste d’ambassadeur dédié Tsonga) et quel-
ques tops 30. [...]
Dans le carré VIP XXL, cerné de
lieux festifs et de deux courts
d’entraînement, s’activent les réseaux. [...] C’est la septième année que l’entreprise
de travail temporaire DLSI est associée à l’événement.« Et on ne le
regrette surtout pas, dit Thierry
Doudot, le président du directoire,
qui profite de l’occasion pour organiser une soirée sur le site avec
une centaine d’intérimaires et un
séminaire avec ses recruteurs de
toute la France. C’est une belle vitrine pour nous.Des gens comme
Jo (Tsonga), qui joue son rôle
d’ambassadeur à merveille, il n’y
en a pas dans le foot, par exemple.
Il y a une vraie proximité. Et
nos 200 invités partent ravis. » [...] Le conseil
général de la Moselle, lui, a carrément donné son nom à l’Open.
« C’est assurément l’un des très
gros événements du département, qui va au-delà du sport.
Pour nous, c’est une démarche
sociale, explique PatrickWeiten, le
président du CG. Dans le sens où
un événement sportif aide au
sport de masse… » Pour le CG,hors
de question de rater sa semaine
sociale, sportive et économique. Et
le rythme sera soutenu, à raison
d’un événement par soirée avec
maires de Moselle et chefs d’entreprise.
Deux jours après la finale, ce sera
le tour de la foire expo. À vous les
perceuses. Mais quid de l’avenir
du tournoi ? Pour cette édition
2013, le tournoi avait perdu les
150 000 €de la FDJ, mais réussi la
performance de multiplier par
quatre le montant des droits télé
auprès d’IEC (une filiale du groupe
Lagardère ), désormais de
200 000 € par an. Mais depuis le
rachat il y a trois ans, les organisateurs n’arrivent pas à équilibrer le
budget, avec une perte annuelle
située entre 200 000 et
300 000 €. L’augmentation du
capital a permis de réinjecter
460 000 € en 2013. Mais l’objectif
d’être à l’équilibre est loin d’être
acquis. « Aucun événement en
France ne peut vivre sans partenariat public et, avec 30% de notre
budget couvert par ce dernier,
j’estime que nous ne sommes pas
dans la bonne fourchette, indique
Yvon Gérard, le manager général.
Pour moi, le bon équilibre, c’est
45 % venant du public et 55 % du
privé. » Un appel du pied à la mairie de Metz pour une prise de
conscience ? Car, après l’US Open
et la Coupe Davis, entre la fin de la
tournée américaine et la migration du Tour en Asie, la semaine
mosellane est chassée. On dit Istanbul et Astana très intéressés
par la date…
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