mardi 17 septembre 2013

Open de Moselle : dans les coulisses d'une organisation fragile... en manque d'argent public

Monter, organiser et promouvoir un tournoi comme celui de Metz relève de l’exercice de longue haleine. L'Equipe revient sur douze mois de tractations et de paris audacieux ! Extraits...


CETTE SEMAINE, le Tour débarque à Metz, l’un des quarante tournois ATP 250 de la saison.Une étape de plus sur le circuit, un plateau banal d’un tournoi ordinaire ? Il faut s’immerger un an dans les coulisses de sa préparation ou arpenter les 22 000m2 du Village VIP – l’équivalent de quatre terrains de football, soit l’un des plus gros du monde – pour mieux saisir l’ambition du projet. Pour exister, le Moselle Open mise sur la fibre régionale communiquant sur « le plus gros événement sportif » d’un « Grand Est » englobant le Luxembourg et un bout de l’Allemagne [...] oscar de la meilleure progression et organisation d’un tournoi européen, décerné en janvier par l’ATP.
Octobre 2012. C’est à peine fini que tout repart. [...] Qu’il faut remédier aux remarques esquissées par le personnel de l’ATP qui, comme dans chaque tournoi, chacun dans son domaine, a fait son rapport d’après tournoi. Rien de bien méchant en l’occurrence : il est noté un défaut d’éclairage en fond de court du central, quand les joueurs sortent de la zone de lumière pour venir s’essuyer avec la serviette et un court n° 1 où il manque 20 cm côté bâche. [...] Il est également question pour cette édition d’implanter le Hawk-Eye, un plus toujours apprécié par les joueurs et les spectateurs.Mais il en coûte 30 000€, en passant par un prestataire de service unique. Metz refuse.
Plus que neuf jours avant l’ouverture du site, qui a déménagé en 2011 des Arènes à Metz Expo. L’aménagement est un énorme chantier qui engloutit 30 % du budget, autour d’un million d’euros en y incluant la location. La mission ? Transformer les trois grands hangars de Metz Expo en hall VIP, accueil public aux trente boutiques (18, l’an dernier) et central de 5 300 places. Dans cette zone au sol bosselé, il faut « décaisser » pour poser la surface sur un plancher lisse, pour un montant de 100 000 €. En ces heures fébriles de mue tennistique aux sons des perceuses, c’est encore l’heure des derniers espoirs pour peaufiner son plateau. Et si l’on conviait Federer, fraîchement éliminé à l’US Open, clairement en manque de match ? Julien Boutter, le directeur du tournoi, sonde l’agent du Suisse, sûrement pour rêver. « Même à un prix d’ami, ça reste inabordable. » Pour une garantie estimée entre 300 000€ – la fourchette basse de cet été à Gstaad ou Hambourg – et un million d’euros (...]. Le Moselle Open consacre un dixième de son budget au poste “garantie”, environ 300 000 €. L’impératif vis-à-vis de ses partenaires est d’avoir un top 10 dans la liste (d’où l’idée du poste d’ambassadeur dédié Tsonga) et quel- ques tops 30. [...]
Dans le carré VIP XXL, cerné de lieux festifs et de deux courts d’entraînement, s’activent les réseaux. [...] C’est la septième année que l’entreprise de travail temporaire DLSI est associée à l’événement.« Et on ne le regrette surtout pas, dit Thierry Doudot, le président du directoire, qui profite de l’occasion pour organiser une soirée sur le site avec une centaine d’intérimaires et un séminaire avec ses recruteurs de toute la France. C’est une belle vitrine pour nous.Des gens comme Jo (Tsonga), qui joue son rôle d’ambassadeur à merveille, il n’y en a pas dans le foot, par exemple. Il y a une vraie proximité. Et nos 200 invités partent ravis. » [...] Le conseil général de la Moselle, lui, a carrément donné son nom à l’Open. « C’est assurément l’un des très gros événements du département, qui va au-delà du sport. Pour nous, c’est une démarche sociale, explique PatrickWeiten, le président du CG. Dans le sens où un événement sportif aide au sport de masse… » Pour le CG,hors de question de rater sa semaine sociale, sportive et économique. Et le rythme sera soutenu, à raison d’un événement par soirée avec maires de Moselle et chefs d’entreprise.
Deux jours après la finale, ce sera le tour de la foire expo. À vous les perceuses. Mais quid de l’avenir du tournoi ? Pour cette édition 2013, le tournoi avait perdu les 150 000 €de la FDJ, mais réussi la performance de multiplier par quatre le montant des droits télé auprès d’IEC (une filiale du groupe Lagardère ), désormais de 200 000 € par an. Mais depuis le rachat il y a trois ans, les organisateurs n’arrivent pas à équilibrer le budget, avec une perte annuelle située entre 200 000 et 300 000 €. L’augmentation du capital a permis de réinjecter 460 000 € en 2013. Mais l’objectif d’être à l’équilibre est loin d’être acquis. « Aucun événement en France ne peut vivre sans partenariat public et, avec 30% de notre budget couvert par ce dernier, j’estime que nous ne sommes pas dans la bonne fourchette, indique Yvon Gérard, le manager général. Pour moi, le bon équilibre, c’est 45 % venant du public et 55 % du privé. » Un appel du pied à la mairie de Metz pour une prise de conscience ? Car, après l’US Open et la Coupe Davis, entre la fin de la tournée américaine et la migration du Tour en Asie, la semaine mosellane est chassée. On dit Istanbul et Astana très intéressés par la date…

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.