mercredi 30 octobre 2013

Pour un autre football : l'Athletic Bilbao plus que jamais un exemple

Cinquième de la Liga, l’Athletic Bilbao reste marqué par son identité traditionnelle basque, mais il est aussi l’un des clubs les plus dynamiques en Espagne.
Pour changer de stade, l’Athletic Bilbao n’est pas parti bien loin. Le nouveau San Mamés, où l’équipe basque évolue depuis le mois de septembre, est collé à l’ancienne « Cathédrale ». Le dernier virage, pas encore construit, sera même bâti à l’emplacement de l’ancienne tribune principale.
À Bilbao, on ne se détache pas de ses racines.
Même si l’histoire a infléchi sa tradition, l’Athletic reste une rareté dans le paysage du football moderne. Au début du XXe siècle, seuls les joueurs originaires de la province de Bilbao (la Biscaye), pouvaient jouer pour l’Athletic. Puis ceux des autres provinces basques ou de la Rioja, deux régions limitrophes, ont été autorisés à porter le maillot rayé rouge et blanc des «Lions». Dans les années 1990, l’ouverture s’est étendue à des jeunes nés ailleurs mais qui avaient grandi au Pays basque, comme Ernesto Valverde, l’actuel entraîneur. Désormais, il doit s’agir de joueurs nés ou formés dans des clubs du Pays basque, ce qui a permis au Français Aymeric Laporte, originaire d’Agen, de devenir l’un des titulaires de l’Athletic (deux autres jeunes Français évoluent en équipe juniors).
Mais cette évolution n’a pas modifié l'ancrage local du club : aujourd’hui, 88% des jeunes du centre de formation sont des Biscayens. Autant que son identité basque, l’Athletic, l’un des quatre clubs professionnels espagnols avec le Real Madrid, le FC Barcelone et Osasuna, qui appartient à ses socios, a toujours défendu cette image de club formateur. Ce qui lui a permis de disputer la finale de la Ligue Europa 2012, perdue contre l’Atlético Madrid, avec huit joueurs passés par son centre de Lezama.
Chaque année, le club consacre environ 15% de son budget à la formation, notamment pour entretenir un réseau d’écoles de football très dense, au Pays basque et à ses frontières. Il vient aussi de présenter un projet de rénovation de Lezama, chiffré à 20M€.
Peu endetté par rapport à d’autres clubs espagnols (17 M€), assez bien coté par les diffuseurs en raison de sa popularité (30 M€ de droits télé annuels), l’Athletic peut envisager l’avenir sans trop d’angoisse. Car la construction d’un nouveau stade répondait, en grande partie, à la nécessité d’augmenter la capacité du vieux San Mamés (38.000 places), qui empêchait le club d’accueillir de nouveaux socios. Ils sont actuellement 35.354 et près de 10.000 sur liste d’attente, espérant un siège dans lan ouvelle enceinte (53.000places), qui sera terminée en août 2014.
Tous éduqués dans le respect de l’institution et de son histoire particulière, les joueurs de Bilbao ne sont pourtant pas prêts à vivre en autarcie, ce que leurs dirigeants ont du mal à accepter. La saison dernière, le club a préféré voir Fernando Llorente partir libre plutôt que de le transférer à la Juventus un an plus tôt. Et il le lui a fait payer par une saison entière sur le banc, comme au défenseur Fernando Amorebieta, qui refusait aussi de prolonger à Bilbao. L’Athletic n’avait pas, non plus, voulu négocier avec le BayernMunich, qui avait dû verser la clause de départ de Javi Martinez (40M€). Une partie des socios n’a pas très bien vécu cette période conflictuelle. Mais d’autres clubs aimeraient pouvoir faire preuve de la même intransigeance.

(L'Equipe)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.