mercredi 30 octobre 2013

Sotchi, ville "métamorphosée" par les jeux

Dans une allée centrale de Sotchi, Nikolaï Birioukov est content des gigantesques travaux engagés depuis des années dans la cité hôte des XXIIe jeux Olympiques d'hiver qui débutent dans 100 jours: "tout a changé, le visage de la ville, les gens, l'ambiance".

Très fier que la Russie accueille les JO du 7 au 23 février 2014, cet homme aux cheveux gris qui réside à Sotchi depuis une quinzaine d'années constate que "la ville s'est vraiment métamorphosée".
Après avoir décroché en 2007 l'organisation de cet événement planétaire, la Russie s'est lancée dans d'immenses travaux dans cette station balnéaire au bord de la mer Noire, alors quasi vierge d'installations sportives.
Le résultat est visible dès l'atterrissage à l'aéroport, tout neuf. Cinq anneaux olympiques géants sont installés en face du bâtiment, avec en arrière plan les montagnes du Caucase. Cinq autres reposent à même le sol en ville. Les routes sont neuves. Des échangeurs ont été construits. Les immeubles ont poussé comme des champignons. Des travaux sont toujours en cours.
Le complexe le plus impressionnant est sans conteste le parc olympique construit au bord de la mer Noire, sur un espace auparavant vierge de toute construction. Cinq bâtiments ultra-modernes qui accueilleront les sports de glace (hockey, patinage, curling...) entourent le stade Fisht, seule enceinte encore en chantier, où se dérouleront les cérémonies d'ouverture et de clôture.
Des logements pour accueillir les athlètes, des hôtels et restaurants ont émergé sur ce territoire de 256 hectares -- appelé le pôle mer -- qui pourra accueillir plus de 70.000 personnes. Des ouvriers et engins de chantier effectuent les travaux de finition, notamment routes et espaces verts.
Une nouvelle gare ferroviaire, impressionnante construction en verre, a été édifiée en face du parc olympique, proche de l'aéroport.
A une cinquantaine de km de là, sur la commune de Krasnaïa Poliana, se trouve le pôle montagne qui accueillera les épreuves sur neige. Toutes les installations olympiques (tremplin à ski, piste de bobsleigh...) sont prêtes. Mais de nombreux bâtiments, notamment des hôtels et autres lieux d'hébergement, sont encore en cours de construction dans la vallée.
Distants d'une cinquantaine de km, les pôles mer et montagne sont reliés par une nouvelle route et une nouvelle voie de chemin de fer, déjà utilisées pour certaines opérations et dont l'ouverture au public est prévue à la fin de l'année. Elle permettront d'être au pied des montagnes en une demi-heure environ, contre une à deux heures par l'ancienne route.
La particularité de Sotchi, "c'est la zone compacte et le lien que forment la mer et la montagne, tout ça sur un petit espace", explique à l'AFP l'urbaniste russe Oleg Kozinski, basé dans cette ville de 400.000 habitants.
"Je ne connais pas d'autre exemple dans le monde où on a réussi à créer dans un délai si court des infrastructures sportives et urbaines aussi puissantes", ajoute-t-il en soulignant que cette situation posait "des problèmes pour la nature".
Des habitants et des écologistes dénoncent en effet les dégâts considérables pour l'environnement et l'écosystème du Caucase du Nord, causés notamment par la construction de 77 ponts et 12 tunnels.
L'urbanisation à grande vitesse de ces zones a créé un "choc social compréhensible", relève M. Kozinski.
Aux yeux de certains habitants, les immenses travaux entrepris pour les JO ont porté un coup à la station balnéaire créée à Sotchi durant l'époque tsariste à la fin du XIXe siècle, dont le développement s'est accéléré sous le règne de Joseph Staline et poursuivi pendant la période soviétique.
"Avant, c'était très beau, Sotchi était une vraie ville thermale, et c'est pour ça que beaucoup de gens venaient", a déclaré à l'AFP Mikhaïl Karamanian, 18 ans.
"Mais maintenant, c'est vraiment moche. Ils ont transformé la ville en une mégapole. Avant c'était beaucoup plus joli", ajoute ce jeune habitant qui souligne toutefois la "grande fierté" de Sotchi pour ces jeux.

(AFP)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.