Les patrons des clubs de football, qui menacent de faire grève contre
la taxe à 75%, rencontrent ce jeudi le président de la République
François Hollande, mais leur cause semble perdue tant les pouvoirs
publics ont multiplié les messages de fermeté sur ce texte.
"Le
Président doit dire aux présidents de clubs de foot qu'il faut qu'ils
mouillent le maillot pour notre pays", a ainsi lancé le président du
groupe PS à l'Assemblée nationale, Bruno Le Roux, sur France Info,
tandis que le ministre du Travail Michel Sapin insistait sur LCI : "Il
ne faut pas mollir sur ce point parce qu'il n'y a aucune raison de le
faire".
Comment les clubs de foot pros ont-ils encaissé ces
déclarations ? Dans leur camp, les espoirs ont été clairement refroidis
par la journée de mercredi, selon une source proche du dossier
interrogée par l'AFP.
Et ce n'est pas la déclaration de Jean-Marc
Ayrault qui va les rassurer. Le Premier ministre affirme jeudi dans le
quotidien russe Kommersant que "les Français ne comprendraient pas que
le football soit exonéré" de la taxe à 75%.
"Dans ces moments
difficiles, il est normal de faire davantage appel à la solidarité de
ceux qui ont le plus de moyens", relève Jean-Marc Ayrault qui entame
jeudi une visite de deux jours en Russie.
Le foot français, qui
n'a plus connu de grève depuis 1972 -les joueurs voulaient alors faire
reconnaître leurs droits contractuellement-, en arrivera-t-il alors à
cette extrémité ? Une "journée blanche", sans matches de L1 et L2 du
vendredi 29 novembre au lundi 2 décembre inclus, est-elle possible ?
Le
rendez-vous reste en tout cas fixé à 16h30 jeudi à l'Elysée entre le
chef de l'Etat et les présidents de la Fédération et de la Ligue du
foot, accompagnés de six présidents de clubs et d'un représentant de
chacun des autres acteurs du secteur.
Jeudi, les patrons du foot
ne vont pas demander le retrait du projet du loi, mais négocier sa non
rétroactivité. En clair, les clubs pourraient accepter le principe d'une
taxation sur les "nouveaux contrats à durée déterminée (des joueurs)",
comme l'a expliqué à l'AFP Jean-Pierre Louvel, président de l'UCPF, le
syndicat des clubs professionnels, et lui même président du Havre (L2).
"Nous ne cherchons pas le bras de fer, expose encore M. Louvel. Nous
disons que cette taxe, dans l'application qui est prévue, n'est pas
acceptable. Nous ne demandons pas un recul total du gouvernement, mais
un aménagement de son application, par rapport à la spécificité du
foot".
Selon un argumentaire du foot pro que s'est procuré l'AFP,
cette taxe à 75% représenterait une charge totale de 44 millions d'euros
pour la L1, estimation basée sur les hauts revenus d'environ 120
joueurs des 14 clubs concernés.
Et les patrons du foot français de
mettre en avant la perte cumulée de 108 millions d'euros en 2011/12
pour les deux divisions (L1 et L2).
Jusqu'ici tous les clubs
professionnels, sauf un, celui de Guingamp, club longtemps présidé par
M. Le Graët, qui fut également maire PS de la ville et est toujours
proche du gouvernement actuel, ont affiché leur détermination dans le
projet de "journée blanche", mouvement qui serait abandonné en cas
d'accord avec les pouvoirs publics (et prolongé à contrario).
Reste
la grande inconnue: la réaction du public en cas de grève du foot,
trois ans après la fameuse grève honnie des Bleus à Knysna, lors du
Mondial 2010.
Le foot pro a brandi mercredi un sondage dévoilé par
son syndicat, où 67% des Français estiment que ce n'est pas aux clubs
de payer la taxe à 75% mais aux joueurs. Mais dans un mois, les
réactions des supporters, s'ils sont vraiment privés de ballon rond tout
un week-end, pourraient changer de nature.
(AFP)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire