jeudi 7 novembre 2013

Annulation des XGames : Tignes attaque ESPN

Depuis mardi, l’espoir de voir une édition à Tignes en 2014 s’est définitivement envolé. La station savoyarde attaque en justice ESPN, l’organisateur de la compétition.


DANS les jours à venir, la station de Tignes va attaquer le groupe américain ESPN devant le tribunal de commerce de Chambéry. C’est la conséquence directe de son refus, mardi soir, d’accepter la dernière proposition de conciliation de l’organisateur des XGames.
Cette compétition itinérante, qui réunit l’hiver et l’été la fine fleur des sports extrêmes, faisait étape chaque année depuis 2010 à Tignes (Savoie). Mais c’est désormais une certitude : l’édition 2014, prévue du 19 au 21 mars prochain, n’aura pas lieu. Cette information peut sembler évidente, puisque le 3 octobre, dans un communiqué, ESPN avait déjà annoncé la suppression de tous les XGames organisés hors des États-Unis pour des raisons économiques. Sauf que, depuis un mois, d’intenses négociations ont réuni d’un côté des représentants d’ESPN, et de l’autre ceux de la station savoyarde et de Canal + Events (co-organisateur de l’étape française).
Les discussions se sont tenues par téléphone, mais aussi lors de rencontres organisées mi-octobre en marge du Sportel, le marché international des contenus sportifs de Monaco. Longtemps, les Français ont espéré arracher aux Américains un accord pour sauver l’épreuve de Tignes, en avançant notamment que, contrairement aux autres XGames organisés hors du sol américain, pour lesquels il existait des clauses de sortie contractuelles, ESPN s’était engagé à la tenue d’une édition en 2014 en France. De plus, l’événement savoyard avait la spécificité d’être rentable. Grâce à l’apport financier de la commune de Tignes, des droits télé et des nombreux sponsors partenaires (Go Pro, Red Bull, SFR…), le budget d’environ 4 millions d’euros était tenu. Les X Games Tignes 2013 avaient même dégagé un peu moins de 200.000 euros de bénéfice, qu’ESPN et Canal+Events s’étaient répartis.
Mais ces arguments n’ont pas convaincu les Américains, qui sont finalement restés sur leur position initiale. «Ils s’étaient lancés l’an dernier dans une stratégie ambitieuse sur les XGames en proposant des événements qui se tenaient huit mois sur douze dans le monde entier, décrypte un connaisseur du dossier.Mais ça a foiré car, en période de crise, ils n’ont pas réussi à trouver les sponsors globaux qu’ils espéraient. Du coup, Tignes a fait les frais d’une volonté générale d’ESPN de se replier sur les États-Unis. »
La suite de l’histoire va donc s’écrire devant le tribunal de commerce. «Sur la fin des négociations, on espérait trouver un accord à l’amiable avec ESPN,mais ils nous ont fait une proposition de dédommagement que l’on n’estime pas du tout satisfaisante, explique Sébastien Mérignargues, le patron de la station savoyarde. En gros, ils proposaient de nous payer les frais déjà engagés (réservations, travaux…), sans prendre en compte les conséquences énormes de la non-tenue de l’événement. Pour la station, c’est une perte de chiffres d’affaires d’environ 10 millions d’euros…C’est pourquoi on s’oriente vers la voie judiciaire.»
En attendant le règlement, une bataille qui s’annonce longue et incertaine, la station cherche un événement qu’elle pourrait accueillir dans le créneau de dates réservé aux XGames. Il devrait s’agir d’une étape du SFR Tour, une compétition qui réunit des espoirs du freestyle. Il en faudra sans doute plus pour consoler Kevin Rolland, le meilleur freestyler français actuel, qui nous confiait sa déception lors de l’annonce de la suppression de l’épreuve. «J’ai pris un gros coup au moral, c’était notre plus grand rendez-vous de l’année. Juste avant Tignes, je faisais une tournée des médias et je passais une semaine à Paris. L’exposition était très importante, j’avais l’impression d’être un footballeur…»

(L'Equipe)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.