Depuis mardi, l’espoir de voir une édition à Tignes en 2014 s’est définitivement envolé.
La station savoyarde attaque en justice ESPN, l’organisateur de la compétition.
DANS les jours à venir, la station de Tignes va attaquer
le groupe américain
ESPN devant le tribunal de commerce
de Chambéry. C’est la conséquence directe de son
refus, mardi soir, d’accepter
la dernière proposition de conciliation
de l’organisateur des XGames.
Cette compétition itinérante, qui réunit
l’hiver et l’été la fine fleur des sports
extrêmes, faisait étape chaque année
depuis 2010 à Tignes (Savoie). Mais
c’est désormais une certitude : l’édition
2014, prévue du 19 au 21 mars prochain,
n’aura pas lieu. Cette information peut
sembler évidente, puisque le 3 octobre,
dans un communiqué, ESPN avait déjà
annoncé la suppression de tous les
XGames organisés hors des États-Unis pour des raisons économiques.
Sauf que, depuis un mois, d’intenses
négociations ont réuni d’un côté des
représentants d’ESPN, et de l’autre
ceux de la station savoyarde et de Canal
+ Events (co-organisateur de
l’étape française).
Les discussions se sont tenues par
téléphone, mais aussi lors de rencontres
organisées mi-octobre en marge
du Sportel, le marché international des
contenus sportifs de Monaco. Longtemps,
les Français ont espéré arracher
aux Américains un accord pour sauver
l’épreuve de Tignes, en avançant notamment
que, contrairement aux
autres XGames organisés hors du sol
américain, pour lesquels il existait des
clauses de sortie contractuelles, ESPN
s’était engagé à la tenue d’une édition
en 2014 en France. De plus, l’événement savoyard avait
la spécificité d’être
rentable. Grâce à l’apport financier de la
commune de Tignes, des droits télé et
des nombreux sponsors partenaires
(Go Pro, Red Bull, SFR…), le budget d’environ 4 millions d’euros était tenu.
Les X Games Tignes 2013 avaient
même dégagé un peu moins de
200.000 euros de bénéfice, qu’ESPN et
Canal+Events s’étaient répartis.
Mais ces arguments n’ont pas convaincu
les Américains, qui sont finalement
restés sur leur position initiale.
«Ils s’étaient lancés l’an dernier dans
une stratégie ambitieuse sur les XGames en proposant des événements qui
se tenaient huit mois sur douze dans le
monde entier, décrypte un connaisseur
du dossier.Mais ça a foiré car, en
période de crise, ils n’ont pas réussi à
trouver les sponsors globaux qu’ils espéraient.
Du coup, Tignes a fait les frais
d’une volonté générale d’ESPN de se
replier sur les États-Unis. »
La suite de l’histoire va donc s’écrire
devant le tribunal de commerce. «Sur
la fin des négociations, on espérait
trouver un accord à l’amiable avec
ESPN,mais ils nous ont fait une proposition de
dédommagement que l’on
n’estime pas du tout satisfaisante, explique
Sébastien Mérignargues, le patron
de la station savoyarde. En gros, ils
proposaient de nous payer les frais
déjà engagés (réservations, travaux…),
sans prendre en compte les conséquences
énormes de la non-tenue de
l’événement. Pour la station, c’est une
perte de chiffres d’affaires d’environ
10 millions d’euros…C’est pourquoi on
s’oriente vers la voie judiciaire.»
En attendant le règlement, une bataille qui
s’annonce longue et incertaine,
la station cherche un événement
qu’elle pourrait accueillir dans le créneau
de dates réservé aux XGames. Il
devrait s’agir d’une étape du SFR Tour,
une compétition qui réunit des espoirs
du freestyle. Il en faudra sans doute
plus pour consoler Kevin Rolland, le
meilleur freestyler français actuel, qui
nous confiait sa déception lors de l’annonce de
la suppression de l’épreuve.
«J’ai pris un gros coup au moral, c’était
notre plus grand rendez-vous de l’année. Juste avant Tignes, je faisais
une tournée des médias et je passais
une semaine à Paris. L’exposition était
très importante, j’avais l’impression
d’être un footballeur…»
(L'Equipe)
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