Athlétisme, mais aussi pencak silat, art martial d'origine
indonésienne, ou encore sepak takraw, du foot-volley avec un ballon en
rotin: avec les Jeux du sud-est asiatique (SEA Games), sorte de JO
régionaux, la Birmanie vit un rendez-vous historique, après des années
d'isolement international.
Quelque 6.000 athlètes, 3.000
journalistes et des milliers d'officiels et de spectateurs sont attendus
à Naypyidaw, la capitale créée de toutes pièces en 2005 par l'ancienne
junte militaire. Mercredi, la cérémonie d'ouverture se tiendra dans un
stade flambant neuf de 30.000 places, dans cette ville sans âme à 300
kilomètres au nord de la bouillante Rangoun.
Co-fondatrice de la
compétition, la Birmanie ne l'avait plus organisée depuis 1969. Après un
demi-siècle de gabegie économique et de dictature militaire, elle veut
prouver que la page est bien tournée.
Quasiment inconnus hors de
la région, les "SEA Games" (South East Asia Games) sont organisés tous
les deux ans, permettant à des nations noyées dans les profondeurs du
sport mondial de briller devant leurs voisins.
Les disciplines
classiques de l'athlétisme ou de l'haltérophilie côtoient les épreuves
purement locales, comme le kempo, un art martial, ou des sports moins
reconnus, comme le body-building. D'ailleurs, la compétition proprement
dite a commencé et la Birmanie, accusée d'avoir volontairement exclu du
programme le tennis et la gymnastique, mène déjà au tableau des
médailles.
Deux ans et demi après le début de la transition politique menée par l'ex-général et actuel président Thein Sein, ces Jeux sont une extraordinaire aubaine pour des milliers
de locaux privés de véritables contacts avec les étrangers sous la junte
aujourd'hui dissoute.
"C'est bien pour nous, c'est si enthousiasmant (...). Pendant
longtemps les gens n'ont pas su à quoi ressemblait la Birmanie et nous
n'avons pas vu à quoi les autres ressemblaient", se réjouit un jeune
guide de 20 ans, Moh Moh Nay Wynn.
Les médias locaux, étouffés par
la censure du pouvoir jusqu'à une période encore récente, se sont
largement fait l'écho de l'événement, tout en relayant les appels des
autorités à la population à le célébrer sobrement.
"Les SEA Games
sont importants pour le statut d'un pays", explique Thiha Saw, un
journaliste qui a créé un quotidien indépendant dès le relâchement de la
censure.
Le vice-président Nyan Tun a ainsi appelé les athlètes à "se battre pour un âge d'or du
sport birman". L'objectif, a-t-il déclaré, est "d'améliorer la
réputation du pays et de faire l'Histoire en étant regardé comme des
héros du sport".
Les organisateurs craignaient des enceintes
sportives vides, la population tardant à ressentir les fruits de
l'ouverture et manquant de tout. Mais des milliers d'étudiants se sont
vu offrir des billets gratuits, pour remplir les tribunes.
La
Birmanie, qui demeure l'un des pays les plus pauvres du monde, veut
surtout éviter le désastre des Jeux de 2011 en Indonésie, secoués par
des retards, des scandales de corruption et une bousculade meurtrière.
Une
certitude, ces Jeux se tiennent sous haute sécurité. La Birmanie
elle-même est toujours aux prises avec des tensions entre l'armée et des
groupes rebelles ethniques, et d'obscurs attentats ont été organisés
ces derniers mois.
(AFP)
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