mercredi 11 décembre 2013

Avec les "SEA Games", la Birmanie veut revenir sur le devant de la scène

Athlétisme, mais aussi pencak silat, art martial d'origine indonésienne, ou encore sepak takraw, du foot-volley avec un ballon en rotin: avec les Jeux du sud-est asiatique (SEA Games), sorte de JO régionaux, la Birmanie vit un rendez-vous historique, après des années d'isolement international.

Quelque 6.000 athlètes, 3.000 journalistes et des milliers d'officiels et de spectateurs sont attendus à Naypyidaw, la capitale créée de toutes pièces en 2005 par l'ancienne junte militaire. Mercredi, la cérémonie d'ouverture se tiendra dans un stade flambant neuf de 30.000 places, dans cette ville sans âme à 300 kilomètres au nord de la bouillante Rangoun.
Co-fondatrice de la compétition, la Birmanie ne l'avait plus organisée depuis 1969. Après un demi-siècle de gabegie économique et de dictature militaire, elle veut prouver que la page est bien tournée.
Quasiment inconnus hors de la région, les "SEA Games" (South East Asia Games) sont organisés tous les deux ans, permettant à des nations noyées dans les profondeurs du sport mondial de briller devant leurs voisins.
Les disciplines classiques de l'athlétisme ou de l'haltérophilie côtoient les épreuves purement locales, comme le kempo, un art martial, ou des sports moins reconnus, comme le body-building. D'ailleurs, la compétition proprement dite a commencé et la Birmanie, accusée d'avoir volontairement exclu du programme le tennis et la gymnastique, mène déjà au tableau des médailles.
Deux ans et demi après le début de la transition politique menée par l'ex-général et actuel président Thein Sein, ces Jeux sont une extraordinaire aubaine pour des milliers de locaux privés de véritables contacts avec les étrangers sous la junte aujourd'hui dissoute.

"C'est bien pour nous, c'est si enthousiasmant (...). Pendant longtemps les gens n'ont pas su à quoi ressemblait la Birmanie et nous n'avons pas vu à quoi les autres ressemblaient", se réjouit un jeune guide de 20 ans, Moh Moh Nay Wynn.
Les médias locaux, étouffés par la censure du pouvoir jusqu'à une période encore récente, se sont largement fait l'écho de l'événement, tout en relayant les appels des autorités à la population à le célébrer sobrement.
"Les SEA Games sont importants pour le statut d'un pays", explique Thiha Saw, un journaliste qui a créé un quotidien indépendant dès le relâchement de la censure.
Le vice-président Nyan Tun a ainsi appelé les athlètes à "se battre pour un âge d'or du sport birman". L'objectif, a-t-il déclaré, est "d'améliorer la réputation du pays et de faire l'Histoire en étant regardé comme des héros du sport".
Les organisateurs craignaient des enceintes sportives vides, la population tardant à ressentir les fruits de l'ouverture et manquant de tout. Mais des milliers d'étudiants se sont vu offrir des billets gratuits, pour remplir les tribunes.
La Birmanie, qui demeure l'un des pays les plus pauvres du monde, veut surtout éviter le désastre des Jeux de 2011 en Indonésie, secoués par des retards, des scandales de corruption et une bousculade meurtrière.
Une certitude, ces Jeux se tiennent sous haute sécurité. La Birmanie elle-même est toujours aux prises avec des tensions entre l'armée et des groupes rebelles ethniques, et d'obscurs attentats ont été organisés ces derniers mois.

(AFP)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.