Le Grand Bornand, en duo avec Annecy, a dû mettre les petits plats
dans les grands pour offrir à la France la première Coupe du monde de
biathlon de son histoire, depuis jeudi à dimanche.
L'enthousiasme
était là pour accueillir Martin Fourcade et Cie, encore fallait-il viser
juste pour faire de ce vieux rêve de biathlète tricolore une réalité au
pied de l'église du village.
"Cela a commencé en 2006, avec le dépôt d'une candidature", explique Yannick Aujouannet, directeur du comité d'organisation.
Cinq candidatures manifestent alors leur envie: Bessans, Chamonix, Grenoble-Autrans, la région Franche-Comté, et Annecy-Le Grand Bornand.
Et
le Grand Bornand détonne, avec son idée d'implanter le parcours et le
stade de tir Sylvie Becaert quasiment au coeur de sa cité.
"Quand
on a présenté notre idée, les responsables de l'IBU (fédération
internationale) ont fait un pas en arrière", reconnaît le responsable.
Heureusement,
l'IBU comprend rapidement tout l'intérêt à venir en France, nouveau
marché potentiel, et à innover sur le plan du cadre.
"Avec le recul, si nous n'avions pas proposé cela, je pense que nous n'aurions pas obtenu l'organisation", estime M. Aujouannet.
"Nous
avons été dans l'air du temps, avec notre projet de site éphémère, de
développement durable. L'idée en fait de rapprocher le biathlon des
gens", enchérit Christophe Vassalo, directeur des Sports de l'évènement.
Le point du parcours le plus éloigné se situe ainsi à 1 km au maximum du village.
L'effet
+Tour de France+ se fait aussi sentir. "Si le Grand Bornand est capable
d'accueillir le Tour, alors une Coupe du monde de biathlon est aussi
possible", résume Aujouannet.
Le projet se met alors en branle, et les difficultés s'amoncellent comme la neige sur les versants du village.
Car le cahier des charges de l'IBU est "très complet et exigeant".
Il
y a d'abord les besoins classiques: 600 lits d'hôtellerie, par exemple.
Le Grand Bornand, qui compte 2300 habitants à l'année mais en accueille
plusieurs milliers pendant la saison, possède le parc suffisant.
Malgré les bonnes volontés, il faut pourtant user d'explications auprès des responsables hôteliers.
"Pour
un logement moyen, de référence, l'IBU exige la nuitée à 70 euros, avec
pension complète. Nous avons dû faire un gros travail d'information",
reconnaît M. Aujouannet.
"Mais, alors que la saison hivernale n'a
pas commencé, la Coupe du monde permet déjà de remplir les hôtels",
argumentent les organisateurs.
Le cahier des charges engendre
ainsi son lot de scènes cocasses. "Les responsables de l'IBU sont venus
avec leurs mètres, pour s'assurer que les chambres faisaient bien 12,5
m²", relate M. Aujouannet.
La partie financière, évidemment,
nécessite de multiplier les pistes. Le budget final est de 1,5 M EUR,
composé pour moitié des aides publiques et pour autre moitié des
rentrées d'argent issues de la billetterie, de la restauration, et des
boutiques dédiées.
Contrairement au Tour de France, qui réclame un prix d'entrée, une Coupe du monde de biathlon ne coûte que... ce qu'elle coûte.
Certaines
particularités françaises compliquent la donne. La loi Evin, par
exemple, qui interdit la publicité pour l'alcool. Dommage, quand un des
principaux sponsors de l'IBU est... une bière allemande.
"Nous faisons donc payer les
spectateurs, alors que les épreuves de Coupe du monde de ski en France
sont gratuites. Mais nous n'avons pas les retombées des droits télés,
par exemple. Ici, un billet coûte de 5 à 21 euros, c'est trois fois
moins chers que sur les épreuves à l'étranger", justifie Aujouannet.
Enfin,
dernier impondérable: la météo. En décembre 2011, le Grand Bornand
aurait déjà dû accueillir +sa+ Coupe du monde. Mais la fête avait été
annulée, balayée par les températures trop clémentes.
Cette année,
la neige est tombée en abondance il y a trois semaines, et les
températures supérieures observées aux sommets par rapport à la vallée
ont permis de la garder intacte, complétée par les stocks de neige
naturelle et de la neige artificielle.
C'est ainsi que, pour la première fois depuis 1992 et les JO d'Albertville, le biathlon fait son retour en France.
(AFP)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire