lundi 16 décembre 2013

Le Grand Bornand a mis les petits plats dans les grands pour accueillir le monde du biathlon

Le Grand Bornand, en duo avec Annecy, a dû mettre les petits plats dans les grands pour offrir à la France la première Coupe du monde de biathlon de son histoire, depuis jeudi à dimanche.

L'enthousiasme était là pour accueillir Martin Fourcade et Cie, encore fallait-il viser juste pour faire de ce vieux rêve de biathlète tricolore une réalité au pied de l'église du village.
"Cela a commencé en 2006, avec le dépôt d'une candidature", explique Yannick Aujouannet, directeur du comité d'organisation.
Cinq candidatures manifestent alors leur envie: Bessans, Chamonix, Grenoble-Autrans, la région Franche-Comté, et Annecy-Le Grand Bornand.
Et le Grand Bornand détonne, avec son idée d'implanter le parcours et le stade de tir Sylvie Becaert quasiment au coeur de sa cité.
"Quand on a présenté notre idée, les responsables de l'IBU (fédération internationale) ont fait un pas en arrière", reconnaît le responsable.
Heureusement, l'IBU comprend rapidement tout l'intérêt à venir en France, nouveau marché potentiel, et à innover sur le plan du cadre.
"Avec le recul, si nous n'avions pas proposé cela, je pense que nous n'aurions pas obtenu l'organisation", estime M. Aujouannet.
"Nous avons été dans l'air du temps, avec notre projet de site éphémère, de développement durable. L'idée en fait de rapprocher le biathlon des gens", enchérit Christophe Vassalo, directeur des Sports de l'évènement.
Le point du parcours le plus éloigné se situe ainsi à 1 km au maximum du village.
L'effet +Tour de France+ se fait aussi sentir. "Si le Grand Bornand est capable d'accueillir le Tour, alors une Coupe du monde de biathlon est aussi possible", résume Aujouannet.
Le projet se met alors en branle, et les difficultés s'amoncellent comme la neige sur les versants du village.
Car le cahier des charges de l'IBU est "très complet et exigeant".
Il y a d'abord les besoins classiques: 600 lits d'hôtellerie, par exemple. Le Grand Bornand, qui compte 2300 habitants à l'année mais en accueille plusieurs milliers pendant la saison, possède le parc suffisant.
Malgré les bonnes volontés, il faut pourtant user d'explications auprès des responsables hôteliers.
"Pour un logement moyen, de référence, l'IBU exige la nuitée à 70 euros, avec pension complète. Nous avons dû faire un gros travail d'information", reconnaît M. Aujouannet.
"Mais, alors que la saison hivernale n'a pas commencé, la Coupe du monde permet déjà de remplir les hôtels", argumentent les organisateurs.
Le cahier des charges engendre ainsi son lot de scènes cocasses. "Les responsables de l'IBU sont venus avec leurs mètres, pour s'assurer que les chambres faisaient bien 12,5 m²", relate M. Aujouannet.
La partie financière, évidemment, nécessite de multiplier les pistes. Le budget final est de 1,5 M EUR, composé pour moitié des aides publiques et pour autre moitié des rentrées d'argent issues de la billetterie, de la restauration, et des boutiques dédiées.
Contrairement au Tour de France, qui réclame un prix d'entrée, une Coupe du monde de biathlon ne coûte que... ce qu'elle coûte.
Certaines particularités françaises compliquent la donne. La loi Evin, par exemple, qui interdit la publicité pour l'alcool. Dommage, quand un des principaux sponsors de l'IBU est... une bière allemande.
"Nous faisons donc payer les spectateurs, alors que les épreuves de Coupe du monde de ski en France sont gratuites. Mais nous n'avons pas les retombées des droits télés, par exemple. Ici, un billet coûte de 5 à 21 euros, c'est trois fois moins chers que sur les épreuves à l'étranger", justifie Aujouannet.
Enfin, dernier impondérable: la météo. En décembre 2011, le Grand Bornand aurait déjà dû accueillir +sa+ Coupe du monde. Mais la fête avait été annulée, balayée par les températures trop clémentes.
Cette année, la neige est tombée en abondance il y a trois semaines, et les températures supérieures observées aux sommets par rapport à la vallée ont permis de la garder intacte, complétée par les stocks de neige naturelle et de la neige artificielle.
C'est ainsi que, pour la première fois depuis 1992 et les JO d'Albertville, le biathlon fait son retour en France.

(AFP)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.