lundi 9 décembre 2013

Retransmission du sport féminin à la télé, mode d'emploi...

La ministre des Sports, Valérie Fourneyron, a lancé avec le CSA plusieurs actions de promotion du sport féminin. Une ambition compliquée à mettre en oeuvre.
SI VOUS AVEZ culpabilisé d’avoir raté la démonstration de l’équipe de France de foot féminin, le 28 novembre dernier (14-0 contre la Bulgarie), tranquillisez-vous, le match n’était pas diffusé, hormis sur le site de la fédération. La sous-médiatisation du sport féminin est un problème récurrent en France et en Europe, même pour un sport pourvoyeur d’audience comme le football féminin . En l’occurrence, les Bleues pâtissent en ce moment d’un changement de politique de Direct 8, propriétaire de leurs droits de diffusion, qui ne veut plus consacrer son antenne au sport. Mais, de façon générale, les diffuseurs se montrent assez peu pressés de mettre des sportives à l’antenne. Les compétitions féminines représentent seulement 7% des épreuves diffusées en France, selon une étude du Conseil supérieur de l’audiovisuel en 2012.
Pour y remédier, le CSA et le ministère des Sports ont pris plusieurs mesures, afin de contourner les difficultés qui empêchent la promotion des sportives à l’écran. Imposer la diffusion du sport féminin s’avère en effet hasardeux. « D’un point de vue légal, des quotas de diffusion devraient se conformer au principe de libre prestation des ervices et celui de libre expression. Un quota contraignant pourrait donner lieu à une contestation judiciaire », expose ainsi Benoît Keane, avocat spécialisé dans le sport et le droit communautaire.
Le ministère des Sports a donc préféré la manière douce en annonçant, le 27 novembre dernier, la création d’un fonds de soutien à la médiatisation du sport féminin et handisport de 1M€, confié au Centre national pour le développement du sport (CNDS). L’idée est de prendre en charge une partie du coût de financement de la production télévisée des matches (le chiffre reste à fixer,mais sans doute autour de 50%), pour inciter les chaînes à diffuser des épreuves qu’elles ne retransmettaient pas. La ministre des Sports, Valérie Fourneyron, compte ainsi créer un«cercle vertueux » amenant un «développement de la pratique, un développement des partenariats et un développement du potentiel économique des sports concernés».
Mais alors que les diffuseurs vont être mis à contribution par un élargissement de l’assiette de la taxe Buffet, le fonds suscite chez plusieurs d’entre eux des avis mitigés. «Il ne faut pas confondre l’aide qu’on peut apporter et l’intérêt que ça peut avoir pour une chaîne, estime par exemple Daniel Bilalian, le directeur des sports de France Télévisions. Nous faisons ce qui est nécessaire dans la limite de nos possibilités, nous sommes une chaîne généraliste.» Même chez Eurosport, qui mise beaucoup sur le sport féminin, la mesure fait tiquer. L’aide du CNDS est en effet réservée aux chaînes gratuites, ce qui exclut donc une chaîne payante comme elle. «Si on doit payer notre production alors qu’une chaîne gratuite peut être subventionnée pour le faire, ça peut créer une distorsion de concurrence et être contre-productif », argumente Arnaud Simon, le directeur général de la chaîne. Il faudra donc attendre le mois de mars, quand les premiers dossiers devraient arriver au CNDS, pour voir si l’incitation fonctionne.
En attendant, le CSA a lui aussi pris plusieurs mesures pour résoudre le problème. Christine Kelly, présidente de la mission sport au conseil, a notamment poussé les chaînes de télévision et de radio à organiser le 1er février prochain une journée consacrée au sport féminin. Surtout, le CSA et le ministère ont transmis à la Commission européenne un projet de « féminisation » du décret français sur les événements d’importance majeure qui oblige les chaînes payantes à mettre sur le marché certains matches pour assurer leur diffusion en clair. Si la commission donne un avis favorable, cela permettrait en principe (les chaînes ne sont pas obligées d’acheter) de voir tous les matches l’équipe de France féminine de foot en clair, comme ceux des Bleus.

(L'Equipe)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.