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jeudi 20 février 2014

JO : comment le ministère français de la Culture tente de faire vivre l'héritage de Coubertin

IL Y A PLUS d’un milliard trois cents millions d’habitants en Chine,mais les deux langues officielles des Jeux Olympiques restent l’anglais et le français. Une tradition depuis 1896 et la tenue des premiers Jeux de l’ère moderne, à l’initiative de Pierre de Coubertin.
L’article 23 de la Charte olympique précise même qu’en cas de divergence, c’est le texte français qui fera foi. À chaque édition olympique, depuis les Jeux d’Athènes, en 2004, un grand témoin de la francophonie se rend sur place pour vérifier l’usage et la visibilité du français. Cette année, le secrétaire perpétuel de l’Académie française Hélène Carrère d’Encausse est l’envoyée spéciale à Sotchi. Elle y a peut-être découvert avec horreur quelques-uns des termes employés dans certaines disciplines : grab, run, coping, goofy, cork…
Le ministère de la Culture et de la Communication a donc décidé de réagir et d’éditer la brochure Vous pouvez le dire en français à Sotchi, destinée au public de ces Jeux d’hiver mais aussi aux sportifs, aux journalistes et… aux traducteurs. Objectif : «Montrer, à l’aide de quelques exemples, que le français est tout à fait apte à exprimer les innovations qui marquent l’évolution des pratiques. »
Tout un programme… et une quarantaine de mots ou d’expressions proposés, tous publiés au Journal Offic iel entre2008 et 2013. On vous suggère ainsi de remplacer «halfpipe » par « rampe », « snowboard » par «planche de neige » ou «surf des neiges», «goofy » par «pied droit devant »… Une démarche louable mais pas 100% à la pointe de l’actualité olympique. Car si l’on y trouve bien une traduction pour le big air (saut acrobatique sur tremplin de neige), l’une des disciplines de la Coupe du monde de snowboard non intégrée au programme de Sotchi, aucune trace, en revanche, du mot à traduire cette année : le «slope style », discipline qui a fait son apparition en Russie, aussi bien en snowboard qu’en ski.
Après avoir regardé les athlètes faire leurs spectaculaires acrobaties, on proposerait bien «gymkhaneige», mais bon, là, on fait appel à «gymkhana », un mot d’origine indienne… Dans les disciplines plus traditionnelles, le français règne encore en maître. En ski de fond, on parle toujours de style classique ou de style libre. Mais l’indispensable fartage, décliné avec le verbe farter, vient d’un terme norvégien «fart » qui a trouvé sa place dans nos dictionnaires en… 1907 ! Comme quoi, à l’époque, déjà, nous enrichissions notre langue avec des mots étrangers…

(L'Equipe)

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