Mécontent de la suspension de son joueur Romain Saïss, coupable d’avoir
blessé un adversaire en début de saison, le président du Havre, à la tête de
l’UCPF, a fait changer la composition de la commission de discipline de la LFP.
CONTRAINTE de tenir compte
des desiderata des télés au moment
de programmer les rencontres,
la Ligue de football professionnel
(LFP) n’agit-elle pas
aussi trop souvent sous l’influence des
présidents de clubs?
C’est en tout cas ce que laisse
penser le mini-remaniement de
sa commission de discipline,
opéré dans la plus grande discrétion,
au début de l’année.
Pourtant apprécié pour son indépendance d’esprit
et son honnêteté,
Claude Tellène, un ancien
arbitre de L1, a présenté sa démission au
conseil d’administration de
la LFP, qui l’a acceptée.
À l’origine de ce départ, une
intervention de Jean-Pierre Louvel.
Le président du Havre (L2),
qui est un peu le patron des patrons
du foot français, puisqu’il
est également à la tête de l’Union
des clubs professionnels de football
(UCPF), s’est aperçu que les
règlements interdisaient l’appartenance
à deux commissions.
Or, Tellène occupe aussi un
fauteuil à la Commission fédérale
d’arbitrage (CFA), qu’il ne souhaitait
pas quitter. Depuis l’été
2011 et la création de la CFA, il
coiffait cette double casquette
sans qu’elle ne dérange personne.
En tout cas, pas Louvel
avant le 9 août 2013 et la rencontre LeHavre-Clermont (0-1, 3e j.).
Ce jour-là, à la vingtième minute
de jeu, le Havrais Romain Saïss
commet une faute grossière sur
Pierrick Capelle. Tellement grossière que
le Clermontois, victime
d’une rupture partielle du ligament
interne du genou droit, n’a
toujours pas rejoué en Championnat.
Sur le coup, M.Hakim Benel-Hadj
sort un carton jaune pour Saïss.
Mais face à l’émotion du camp
clermontois, qui demande justice
pour son joueur, l’arbitre, après
avoir revu les imageset consulté
sa hiérarchie, rédige un rapport
complémentaire. La commission
de discipline décide alors, le
22 août, de convoquer Saïss trois
semaines plus tard, de façon à
respecter les quinze jours de délai
réglementaire imposés par le
code du sport.
Après avoir auditionné l’arbitre,
le tacleur havrais, Louvel – en
tant que président du HAC –,
Christophe Revault, son conseiller,
mais aussi Olivier Chavanon,
le directeur sportif de
Clermont, la commission inflige,
le 12 septembre, une suspension
de trois matches à Saïss, à l’issue
de débats intenses. Ses membres
sont en effet divisés en deux
camps : les partisans d’une sanction au
regard de la violence du
tacle et de la gravité de la blessure
occasionnée et les «légalistes»,
qui estimaient la saisine de la
commission irrecevable, le visionnage
des images à des fins
disciplinaires n’étant «autorisé»
qu’en L1.
L’affaire aurait pu en rester là si
les délibérations n’étaient pas revenues aux oreilles
de Louvel, qui
a ses entrées à la commission de
discipline, puisque Jean-Claude
Lorette, l’un des membres du directoire
de son club, y siège.
Ayant appris que la suspension
de son joueur s’était jouée à
une voix, Louvel a riposté en se
plaignant, notamment, de la surreprésentativité
du corps arbitral
dans la commission. La Ligue a
entendu son argument et Tellène
a dû renoncer. À la commission
de discipline, la parole des arbitres
n’est plus livrée que par Patrick
Lhermite, ce dernier siégeant,
selon les règlements, en
tant que représentant de la corporation.
Sa voix n’est plus déterminante
puisqu’on lui a retiré son
droit de vote. En revanche, la double
casquette de Lorette semble
ne déranger personne. S’il s’abstient
sur les dossiers qui concernent
le HAC, le dirigeant du club
normand a voix au chapitre pour
les faits touchant les autres clubs
de L2. Mais Frédéric Thiriez, le
président de la LFP, n’a pas jugé
bonde l’inclure dans le ménage
de la commission de discipline...
(L'Equuipe)
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