Malgré les résultats honorables de la Nazionale au tournoi des Six
nations de rugby, l'Italie peine à trouver des téléspectateurs. La fédération mise donc sur la chaîne Dmax et son ex-flanker reconverti dans la cuisine, Gabriele Rubini.
Jusqu'à
présent, les tifosi du XV italien devaient zapper de la Rai (chaînes
publiques) à la Sette (privée) quand en Angleterre et en France, les
chaînes du service public (France télévisions et BBC) diffusent depuis
toujours le Tournoi.
Difficile donc de fidéliser un public déjà peu nombreux dans ce pays fou de "calcio".
Ainsi,
quand dans l'Hexagone, un France-Angleterre rassemble 6,4 millions de
téléspectateurs, le match entre le pays de Galles, vainqueur 2013, et
l'Italie, ne réunit "que" 714.000 passionnés dans la péninsule...
En
vendant en septembre les droits du tournoi jusqu'en 2017 à DMax, une
chaîne du numérique terrestre accessible en clair et estampillée "jeune
et masculine", l'objectif de tous est clair: "augmenter la popularité du
rugby en Italie", selon le directeur exécutif du Tournoi John Feehan,
et trouver un "public neuf" pour le président de la fédération (FIR), Alfredo Gavazzi.
Ces
nouveaux téléspectateurs doivent être attirés par une couverture de
qualité: des commentateurs vedettes (Vittorio Munari et Antonio
Raimondi), un "Rugby social club" basé sur l'analyse de l'ancien
international italien Paul Griffen, et une personnalité populaire.
Cette caution jeune, c'est Gabriele Rubini, dit chef Rubio, dont
l'émission de "street food" diffusée l'été dernier par Dmax a eu
tellement de succès qu'une deuxième saison est prévue ce printemps.
Dans
"Unti e Bisunti" (que l'on peut traduire par "gras et crasseux"),
l'ex-troisième ligne tatoué quasiment des pieds à la tête défie des
cuisiniers avec leur propre spécialité: les pâtes à l'amatriciana à
Amatrice, la soupe de poissons à Livourne etc...
Fort de cette
popularité, le jeune chef de 30 ans a donc été chargé cet hiver d'un
autre défi par DMax: partir à la chasse aux supporteurs ("il Cacciatore
dei Tifosi") en faisant découvrir à de purs novices les règles de base
du rugby, ses valeurs et également la troisième mi-temps.
"Dès que
tu y mets les pieds, tu deviens amoureux de ce jeu", déclare à l'AFP le
chef Rubio. Natif de Frascati, sur les hauteurs de Rome, Gabriele a
commencé à la mêlée en raison d'une scoliose qui inquiétait sa mère:
"j'avais grandi trop vite, j'avais besoin d'une structure physique",
confie-t-il.
"Au début, cela ne m'a pas trop plu, entre la pluie,
le froid, la boue... Mais quand tout le monde se salit avec toi et que
tu t'amuses, tu ne veux plus t'arrêter".
Parti ensuite en
Nouvelle-Zélande pour y trouver un jeu "plus stimulant", il y découvre
la cuisine. A son retour en Italie, il poursuit sa formation en cours du
soir, tout en continuant une carrière dans le Top 10 (la 1re div.
italienne).
Que manque-t-il donc à l'Italie pour que le nombre
des fans de ballon ovale augmente ? Il faut "des infrastructures, un
mouvement solide à la base, des politiques qui s'impliquent plus",
assène-t-il. Et surtout, être "moins italien": "on a trop l'esprit de
clocher ici".
Apparemment, la route est encore longue: face à la
23e journée de Serie A dont un derby Lazio-Rome, le match France-Italie,
comptant pour la deuxième journée du Tournoi, n'a rassemblé que 564.000
spectateurs.
Pas de quoi inquiéter notre chef rugbyman. "Mon but
dans la vie, c'est d'être heureux. Cela a commencé par le rugby, puis
par la cuisine, et à présent, j'arrive à faire les deux. C'est
maintenant que je suis le plus heureux!"
(AFP)
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