lundi 17 février 2014

Tennis : les bonnes recettes de l’Open 13 de Marseille, financé à 25% par le département

Le tournoi indoor de Marseille, dirigé par l’ancien joueur Jean-François Caujolle, débute aujourd’hui. C’est l’un des rares de sa catégorie à dégager des bénéfices.
ET SI LA VÉRITABLE STAR de Marseille n’était pas son club de foot mais son tournoi de tennis ? On plaisante. Et pourtant…L’Open 13 squatte régulièrement la première place des tournois ATP 250 pour son plateau sportif. Mieux, il gagne de l’argent – 100.000 euros l’année dernière – alors que 65% des autres tournois de la catégorie peinent à atteindre l’équilibre.
Depuis sa première édition en 1993, il attirait entre trois et cinq joueurs du top 10 chaque année. En 2014, après le forfait du vainqueur de l’Open d’Australie, Stanislas Wawrinka (3e mondial) et de Thomas Berdych (7e) en finale à Rotterdam, ils ne seront que deux : Richard Gasquet (9e) et Jo-Wilfried Tsonga (10e). «Depuis le départ,on n’a jamais dit qu’Andre Agassi ou Pete Sampras allaient venir disputer le tournoi, on n’a jamais “bromégé” (se vanter en marseillais) », rigole Jean-François Caujolle, ancien joueur professionnel et patron du tournoi. Là, c’est une situation exceptionnelle. On a eu 8 forfaits sur 19 joueurs engagés au départ. Le public et les partenaires ne râlent pas trop, mais c’est sûr que cela ne doit pas se reproduire.» Il a tenté d’approcher Juan Martin Del Potro, mais le chèque entre 150 et 250 mille euros n’était pas suffisant. « On a réussi dans le passé à se payer Djokovic et Nadal mais ils ne sont plus abordables aujourd’hui (leur venue est évaluée à un million d’euros) », poursuit celui qui est également directeur de l’Open de Nice-Côte d’Azur (ATP 250) depuis 2010.
Apprécié dans le milieu, Caujolle attire chaque année les meilleurs Français (avec une garantie située entre 100 et 250.000 euros), dans un tournoi situé juste après celui de Rotterdam (ATP 500) et avant Dubaï (24 février-2 mars, ATP 500) au calendrier. « Jean-François Caujolle s’appuie sur son réseau sportif, économique et politique, explique Lionel Maltese, maître de conférence à l’université d’Aix-Marseille. Il a contribué au redressement du Masters de Paris-Bercy (ATP 1000) lorsque la fédération lui en a confié la direction (2006-2011). Il va jusqu’au bout de ce qu’il sait faire. » Depuis plus de vingt ans, il a aussi tissé des liens forts avec les collectivités et les entreprises et annonce que «le taux de reconduction des partenaires est de 90 à 95%».
Le fruit aussi du travail de Patrick Caujolle, directeur commercial du tournoi. «Mon frère a tenu des boîtes de nuit pendant dix ans à Marseille où sont passés la plupart des dirigeants économiques de la région. C’est un accélérateur relationnel. » Les frangins ont sympathisé avec le patron taïwanais de EOC Group, spécialisé dans le transport maritime, désormais partenaire officiel aux côtés de BNP Paribas, Veolia Environnement, Sodexo, Eiffage, Onet et Fedex. Clin d’oeil au nouvel entrant : deux joueurs taïwanais de double bénéficient d’une wild-card.
Mais le principal sponsor reste le conseil général des Bouches-du- Rhône qui apporte à lui seul près de 25% du budget de 4,2 millions d’euros. « On a un deal moral avec le département : on réinvestit les bénéfices dans le plateau sportif et on mène des actions éducatives comme l’espace destiné aux enfants pendant le tournoi », poursuit Jean-François Caujolle. Au total, plus de 180 sociétés ont réservé des loges cette année et le village des partenaires de 6.000m2 affiche complet. « L’Open 13 devient pendant une semaine le quartier d’affaires de Marseille et de toute la région », estime Lionel Maltese. Reste que l’obsolescence du palais des sports de Marseille et sa capacité de 6.200 places (incluant les loges) empêchent le tournoi de se hisser dans la catégorie des ATP 500.
Le projet d’une aréna de 15.000 places, dans les cartons depuis plusieurs années, est gelé pour cause de campagne électorale en vue des municipales. Le changement de dimension passe aussi par le doublement du budget en 2020 et son internationalisation. « On n’est pas un événement assez important pour attirer un oligarque russe ou un investisseur qatarien », sourit le directeur. Il a quand même cédé 25% des parts de la société familiale qui détient le tournoi à un investisseur indien. Passionné de tennis, il ne sera pas trop dépaysé à l’Open 13 : le village des partenaires recrée une ambiance indienne à grand renfort d’éléphants et de tentures bariolées.

(L'Equipe)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.