La justice russe a confirmé mercredi en appel la condamnation à trois
ans de camp d'un militant écologiste qui dénonçait l'impact sur
l'environnement des travaux de préparation des jeux Olympiques d'hiver
de Sotchi, qui battent actuellement leur plein.
Le tribunal
régional de Krasnodar (sud-ouest) a rejeté l'appel d'Evgueni Vitichko,
géologue et membre d'une association régionale de défense de
l'environnement du Caucase du Nord (EWNC), a constaté une correspondante
de l'AFP.
M. Vitichko avait été condamné en 2012, avec un autre
militant, Suren Gazarian, à une peine de trois ans avec sursis pour
avoir percé une ouverture dans une clôture installée dans une zone
protégée.
L'ONG avait fait valoir que cette clôture avait été
érigée illégalement dans la forêt autour d'une résidence appartenant au
gouverneur de la région de Krasnodar, Alexandre Tkachev.
Les
militants de l'ONG avaient aussi inscrit la clôture, à la bombe de
peinture, "C'est notre forêt" ou encore "Sania est un voleur", utilisant
le diminutif du prénom du gouverneur.
M. Gazarian a fui la Russie et réside désormais en Estonie.
M.
Vitichko a de son côté vu sa peine commuée en prison ferme fin 2013, la
justice ayant estimé qu'il n'avait pas rempli ses obligations en se
rendant notamment en retard à des convocations.
Le militant a
participé à la récdaction d'un rapport dénonçant l'impact sur
l'environnement des gigantesques travaux de préparation des JO, un
projet cher au président Vladimir Poutine.
Il avait été laissé en
liberté jusqu'au jugement en appel, mais à quelques jours de l'ouverture
des jeux, M. Vitichko a été interpellé et condamné à 15 jours de
détention pour "hooliganisme", accusé d'avoir proféré des insultes dans
les transports en commun.
Le prévenu a comparu mercredi par liaison vidéo à partir de la prison de Touapse, une ville voisine de Sotchi où il est maintenu en détention. Une quinzaine de
militants le soutenant étaient dans la salle du tribunal de Krasnodar.
"Je
n'ai rien fait d'illégal", a-t-il déclaré. Il a admis ne pas s'être
présenté, par inadvertance, à deux reprises - sur six au total - aux
autorités pénitentiaires, mais a rejeté l'accusation d'avoir
systématiquement violé les règles qui lui étaient imposées.
"La
décision de mettre Vitichko en prison est le résultat de pressions des
autorités. Le but est de l'isoler de la communauté locale et
internationale en raison de son militantisme", a déclaré au cours de
l'audience son avocat Alexandre Popkov.
"L'affaire Vitichko est
depuis le départ fondée sur des mobiles politiques", a dénoncé Ioulia
Gorbounova, de l'ONG Human Rights Watch, citée dans un communiqué.
"Quand
les autorités ont continué à le harceler, il est devenu clair qu'elles
essayaient de réduire au silence et de punir certaines personnes
critiquant avec persistance les préparatifs des jeux Olympiques",
a-t-elle ajouté.
Avant sa condamnation, M. Vitichko avait confié à
l'AFP être surveillé en permanence et avoir sans doute été mis sur
écoute. Il avait aussi indiqué que la pression s'était accrue quand
l'ONG avait annoncé travailler sur un rapport concernant les violations
observées au moment des gigantesques travaux en vue des JO.
Publié mercredi, le rapport éreinte le président Vladimir Poutine, qui a fait des jeux Olympiques un projet personnel.
"Au
nom des ambitions d'un seul homme, qui a décidé d'entrer de la sorte
dans l'histoire, la nature unique du Caucase de l'Ouest, des centaines
de milliards issus du budget, les intérêts de centaines de milliers
d'habitants de Sotchi victimes des jeux Olympiques, la législation
environnementale russe (...) ont été jetés au feu", écrivent ses auteurs
dans son introduction.
Au moins six militants d'EWNC ont été placés en détention, jusqu'à 15 jours pour certains, depuis novembre.
Mardi,
Amnesty International a appelé le président du Comité international
olympique, Thomas Bach, à dénoncer le "harcèlement des écologistes".
(AFP)
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