Longtemps considérée par les clubs et les fédérations comme le parent pauvre du marketing,
face aux droits télé et au sponsoring, la billetterie se développe. Et devient l’affaire de professionnels.
LA SUZE-SUR-SARTHE, petit poucet
des 32e de finale de la Coupe de
France de football, s’est inclinée 6-1
face à l’ogre lyonnais, le 5 janvier dernier.
Mais, au-delà de la défaite sur le
terrain, le club de Division d’Honneur a
remporté une autre partie en réussissant
à attirer 20.012 spectateurs au
MMArena du Mans, dont la capacité
est de 25.000places. Pas mal pour une
rencontre qui s’annonçait disproportionnée !
Résultat : une recette de billetterie
record de 360.000€, entièrement
encaissée par le club «local», l’OL renonçant à toucher sa part de 120.000€.
Et une «victoire » simple comme un
coup de fil ; celui passé par Joël Bruneau,
président du club sarthois depuis
vingt-sept ans, à Thomas Held,
PDG fondateur de eForSports, agence
de services et conseil spécialisée en
billetterie créée en 2011.
«Le lendemain
du tirage au sort des 32e de finale,
nous avons mis en place, en
vingt-quatre heures, un numéro de
téléphone pour l’achat des billets avec
dix téléopérateurs, explique Thomas
Held, le jeune (24 ans) patron de la
start-up. Puis nous avons mené une
action commando dans tous les magasins
de la région où l’on pouvait
acheter des places pour le match.
Nous avons également informé le club
sur le cadre réglementaire (taxe sur les
spectacles) et choisi un groupe local
pour la sécurité. Finalement, 450 personnes
ont été mobilisées le jour du
match.»
Il n’y a pas que les petits clubs, de foot
ou d’autres sports, qui font appel à des
spécialistes de la billetterie pour remplir
leur stade. Car, aujourd’hui,mis à
part le Paris-SG et le tournoi de tennis
de Roland-Garros, qui disposent de
leur propre réseau de distribution, peu
d’acteurs du sport sont capables de
garnir leurs tribunes sans aide. « Notre
mission est de fournir à un club, une
fédération ou un organisateur d’événements une
palette d’outils pour optimiser
ses revenus et mieux gérer sa
relation avec ses clients (les supporters)
et ses sponsors», explique Christian Séré-Annichini, directeur général
de Digitick (groupe Vivendi). Cette société
de billetterie en ligne assure la
vente des places d’une quarantaine de
clubs de football, basket, handball,
hockey sur glace ou encore de la Fédération
française de basket (FFBB). Un
service qu’elle complète, notamment,
par la mise à disposition d’un système
informatique qui permet de configurer
la salle ou le stade, définir les prix des
billets, contrôler les accès.
Comme ses
concurrents, France Billet (groupe
Fnac) où Ticketnet, Digitick profite de
l’essor d’Internet qui a révolutionné le
marché de la billetterie, confiné il y a
encore une dizaine d’années à la vente
aux guichets. De l’avis des acteurs, la
vente en ligne représente aujourd’hui
entre 20% et 90% de la vente totale
des billets, en fonction des acteurs et
des sports concernés.
Au stade Pierre-Mauroy de Lille,
par exemple, 20% des 50.000 places
sont vendues sur les trois réseaux de
distribution. «On vient de signer avec
Digitick, car le site propose également
beaucoup de concerts et de spectacles.
Et cela peut nous aider à séduire un
public différent du foot », explique Alban Mugner,
responsable billetterie de
Grand Stade Rayonnement, régie
commerciale du LOSC. Le dirigeant a
parallèlement confié à eFortSports la
gestion de son centre d’appels pour les
supporters avec deux téléopérateurs
connaissant bien la Ligue1 et l’équipe
de Lille.
L’un des principaux enjeux est
non seulement de fidéliser les fans,
mais surtout d’en attirer de nouveaux
en puisant notamment dans la base
de données de ces spécialistes de la
vente en ligne de billets. C’est ainsi
que, pour attirer les comités d’entreprise,
les étudiants et plus généralement
le grand public, la Fédération
française de handball (FFH) a fait appel
à eFortSports lors du tournoi féminin
Razel-Bec Paris Île-de-France, en novembre
dernier à Coubertin. «Le hand
féminin est plus complexe à vendre,
surtout en région parisienne. La billetterie est
un métier à part. Ce qui se faisait
il y a encore quelques années n’est
plus réalisable aujourd’hui », estime
Frédéric Morel, chargé de l’événementiel
à la FFH. Le défi est de taille pour
une fédération qui a déjà le regard
tourné vers le Championnat du
monde masculin 2017, qui se déroulera
en France. À cette occasion,
500.000 spectateurs sont attendus.
(L'Equipe)
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