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vendredi 7 mars 2014

Quel est le premier partenaire du sport de haut niveau en France ?

Le partenaire le plus titré des J.O. de Sotchi n’est pas une marque de skis ni un sponsor du CNOSF, mais le ministère de la Défense. Qui souhaite désormais promouvoir son «armée de champions ».
QUEL EST LE POINT COMMUN entre Pierre Vaultier, champion olympique de snowboard cross à Sotchi, Gwladys Épangue, championne du monde de taekwondo en 2011 en -73kg, et Stéphane Houdet, numéro 2 mondial de tennis en fauteuil ? Ils sont tous militaires. Leur employeur, le ministère de la Défense, a décidé de sortir de son traditionnel mutisme pour féliciter les soldats médaillés aux derniers Jeux d’hiver. « Nous sommes le premier partenaire du sport de haut niveau. Nos athlètes représentaient un tiers de la délégation française à Sotchi et 40% des médaillés », s’est félicité le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, mercredi, lors d’une cérémonie à l’hôtel des Invalides, à Paris. Avant de remercier le sergent Martin Fourcade, triple médaillé en biathlon, ou encore le caporal-chef Steve Missillier, médaille d’argent en géant. Le ministre en a profité pour officialiser l’existence d’une « armée de champions » placée sous la responsabilité du général Louis Boyer, commissaire aux sports militaires, qui dirige depuis 2011 le Centre national des sports de la défense (CNSD, héritier des Bataillons de Joinville et d’Antibes). Un bataillon qui pèse plusieurs millions d’euros et rapporte des médailles : six sur les quinze glanées par les Français à Sotchi.
«Il y a actuellement 110 athlètes de haut niveau sous contrat avec le ministère de la Défense (dont 5 sportifs handisport). Nous sommes le premier contributeur de CIP (contrat d’insertion professionnelle) du sport de haut niveau », explique Louis Boyer. Salaire de base : 1 300 euros mensuels pour un engagé de l’armée de terre. C’est ce que gagne le chasseur de première classe Ivan Perrillat Boiteux ,médaillé de bronze au relais 4x10 km en ski de fond et rattaché à l’EMHM, l’École militaire de haute montagne de Chamonix (Haute-Savoie). « L’armée m’apporte un super soutien et l’opportunité de faire du sport à fond», explique-t-il. « En échange d’un aménagement de leur temps de travail (la plupart sont détachés à 100%), les sportifs sont tenus de participer aux Championnats du monde militaires et à certaines cérémonies, comme le défilé du 14 Juillet sur les Champs-Élysées », précise le général Boyer. Un deal qui convient parfaitement à un autre chasseur de première classe, Pierre Vaultier, rattaché lui aussi à l’EMHM de Chamonix. Le champion olympique n’y met quasiment jamais les pieds, puisqu’il s’entraîne à Serre-Chevalier (Hautes-Alpes), mais se sent quand même militaire dans l’âme. «Je suis fier d’être le premier snowboarder engagé. L’armée est un partenaire institutionnel proche des athlètes qui offre un véritable accompagnement », indique Vaultier, présent mercredi à Paris et quasi méconnaissable dans son uniforme impeccable. Il espère que sa médaille lui permettra d’augmenter sa solde de 750€ mensuels. Le champion olympique boucle donc ses fins de mois grâce à d’autres partenaires : RedBull, Serre-Chevalier, Bollé et Albanu (bijoutier monégasque). « Plus que la solde, c’est le statut qui est important. Nous leur offrons une protection sociale et un accompagnement pour leur reconversion », précise Louis Boyer, qui a beaucoup échangé par SMS avec les athlètes présents à Sotchi.
L’ambition du chef des athlètes soldats est de faire du CNSD, situé à Fontainebleau (Seine-et-Marne), un véritable centre de formation et d’entraînement. « On va devenir un petit INSEP», affirme le dirigeant. En attendant, il prépare ses troupes aux 52e Championnats du monde militaires de ski, du 25 au 28 mars à Sodankyla (Finlande). Pierre Vaultier n’y participera pas, puisque sa discipline n’est pas au programme, mais il a prévu d’aller encourager ses copains, dont Ivan Perrillat Boiteux. Comme l’explique ce dernier, «Défendre les couleurs de l’armée, c’est un juste retour des choses.»

(L'Equipe)

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