Le partenaire le plus titré des J.O. de Sotchi n’est pas une marque de skis ni un sponsor du CNOSF, mais le ministère de la Défense.
Qui souhaite désormais promouvoir son «armée de champions ».
QUEL EST LE POINT COMMUN entre
Pierre Vaultier, champion olympique
de snowboard cross à Sotchi, Gwladys
Épangue, championne du monde de
taekwondo en 2011 en -73kg, et Stéphane Houdet,
numéro 2 mondial de
tennis en fauteuil ? Ils sont tous militaires.
Leur employeur, le ministère de la
Défense, a décidé de sortir de son traditionnel
mutisme pour féliciter les
soldats médaillés aux derniers Jeux
d’hiver. « Nous sommes le premier
partenaire du sport de haut niveau.
Nos athlètes représentaient un tiers de
la délégation française à Sotchi et 40%
des médaillés », s’est félicité le ministre de
la Défense, Jean-Yves Le Drian,
mercredi, lors d’une cérémonie à l’hôtel
des Invalides, à Paris. Avant de remercier
le sergent Martin Fourcade,
triple médaillé en biathlon, ou encore le caporal-chef Steve
Missillier, médaille d’argent en géant.
Le ministre en a profité pour officialiser
l’existence d’une « armée de champions
» placée sous la responsabilité
du général Louis Boyer, commissaire
aux sports militaires, qui dirige depuis
2011 le Centre national des sports de la
défense (CNSD, héritier des Bataillons
de Joinville et d’Antibes). Un bataillon
qui pèse plusieurs millions d’euros et
rapporte des médailles : six sur les
quinze glanées par les Français à Sotchi.
«Il y a actuellement 110 athlètes de
haut niveau sous contrat avec le ministère
de la Défense (dont 5 sportifs
handisport). Nous sommes le premier
contributeur de CIP (contrat d’insertion
professionnelle) du sport de haut niveau
», explique Louis Boyer. Salaire
de base : 1 300 euros mensuels pour
un engagé de l’armée de terre. C’est ce
que gagne le chasseur de première
classe Ivan Perrillat Boiteux ,médaillé
de bronze au relais 4x10 km en ski de
fond et rattaché à l’EMHM, l’École militaire de haute montagne de Chamonix
(Haute-Savoie). « L’armée m’apporte
un super soutien et l’opportunité de
faire du sport à fond», explique-t-il.
« En échange d’un aménagement
de leur temps de travail (la plupart
sont détachés à 100%), les sportifs sont tenus de participer aux Championnats
du monde militaires et à certaines cérémonies,
comme le défilé du 14 Juillet
sur les Champs-Élysées », précise le
général Boyer. Un deal qui convient
parfaitement à un autre chasseur de
première classe, Pierre Vaultier, rattaché
lui aussi à l’EMHM de Chamonix.
Le champion olympique n’y met quasiment
jamais les pieds, puisqu’il s’entraîne
à Serre-Chevalier (Hautes-Alpes),
mais se sent quand même
militaire dans l’âme. «Je suis fier d’être
le premier snowboarder engagé. L’armée
est un partenaire institutionnel
proche des athlètes qui offre un véritable accompagnement
», indique Vaultier,
présent mercredi à Paris et quasi
méconnaissable dans son uniforme
impeccable. Il espère que sa médaille
lui permettra d’augmenter sa solde de
750€ mensuels. Le champion olympique boucle donc ses fins de mois grâce
à d’autres partenaires : RedBull, Serre-Chevalier, Bollé et Albanu (bijoutier
monégasque). « Plus que la solde,
c’est le statut qui est important. Nous
leur offrons une protection sociale et
un accompagnement pour leur reconversion
», précise Louis Boyer, qui a
beaucoup échangé par SMS avec les
athlètes présents à Sotchi.
L’ambition
du chef des athlètes soldats est de faire
du CNSD, situé à Fontainebleau (Seine-et-Marne), un véritable centre de
formation et d’entraînement. « On va
devenir un petit INSEP», affirme le dirigeant.
En attendant, il prépare ses troupes
aux 52e Championnats du monde
militaires de ski, du 25 au 28 mars à
Sodankyla (Finlande). Pierre Vaultier
n’y participera pas, puisque sa discipline n’est
pas au programme, mais il
a prévu d’aller encourager ses copains,
dont Ivan Perrillat Boiteux.
Comme l’explique ce dernier, «Défendre
les couleurs de l’armée, c’est un
juste retour des choses.»
(L'Equipe)
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