A l'heure où la Coupe du monde comme les jeux Olympiques
cristallisent les polémiques sur les milliards engloutis pour un mois de
compétitions sportives, la Fifa et le CIO tentent de rappeler
l'héritage positif de ces grands événements quand le projet est bien
planifié.
La Fédération internationale de football n'a pas oublié
le grand mouvement social qui a agité le Brésil en pleine Coupe des
Confédérations l'an dernier.
"J'étais abasourdi par le fait
qu'aucun de nous, que ce soit du gouvernement, des autorités policières,
du comité d'organisation ou de la Fifa, n'avait imaginé et prévu ce
genre de manifestations", a raconté le secrétaire général de la
Fédération internationale Jérôme Valcke lors d'un forum à Lausanne mardi
soir.
Le N.2 de la Fifa, qui avait passé une nuit devant la
télévision entre le ministre des Sports et le chef de la police, se
souvient d'"une situation pas confortable". Pour le Mondial qui démarre
le 13 juin, cette fois, ils seront, selon lui, mieux préparés.
Si
la Fifa reconnaît une responsabilité morale par rapport aux sommes
engagées par un pays hôte, son secrétaire général rappelle que c'est un
pays qui organise la Coupe du monde et que ce sont donc les autorités de
ce pays qui font des choix politiques.
"On demande de respecter
un certain nombre de points techniques qui font qu'un stade pourra être
utilisé comme un stade de la Coupe du monde mais en aucun cas on demande
d'investir 500 millions comme une référence", a souligné Valcke.
En
une claire allusion au Brésil, qui ne livrera ses derniers stades qu'à
la mi-mai, au lieu de décembre, il pointe que "de faire les choses en
temps et en heure fait qu'on contrôlera les coûts".
Avoir des matches à Manaus, en Amazonie,
est une volonté du gouvernement qui a voulu que ce Mondial soit
entièrement brésilien, selon lui. Tout comme l'Afrique du Sud avait
voulu des stades à Polokwane et Nelspruit pour 2010, contre l'avis de la
Fifa, dans une logique d'aménagement du territoire pour tenter
d'enrayer l'exode des populations de la région vers Johannesburg.
Mais certains pointent déjà le risque de voir le Mondial-2022 accoucher d'éléphants blancs dans le désert.
"J'ai
été le premier à discuter avec le Qatar pour dire que 12 stades est un
non-sens, 10 est un non-sens, 8 est le bon nombre par rapport à la
taille du pays", a souligné Valcke.
Des éléphants blancs, les Jeux
en ont laissé quelques uns. Si Londres est loué pour avoir réussi la
reconversion de ses sites de 2012, plusieurs infrastructures de 2004
tombent en décrépitude à Athènes.
"Tous les échecs connus
aujourd'hui sont des échecs programmés", a insisté Gilbert Felli,
directeur des jeux Olympiques au CIO. L'expert suisse raconte comment la
Grèce avait décidé soudainement de construire en dur des
infrastructures prévues comme temporaires afin de pouvoir toucher des
subventions européennes.
"Quand on brigue l'organisation des Jeux, il faut absolument
savoir pourquoi on veut le faire et l'héritage se planifie dès le
premier jour d'une candidature et cela n'est souvent pas fait", selon
Felli, qui a une douzaine de Jeux au compteur.
Le CIO n'apprécie
guère de voir Sotchi étiqueté "Jeux les plus chers de l'histoire
olympique" et répète à l'envi la différence entre le budget opérationnel
pour la quinzaine olympique et les investissements massifs qu'a voulu
engager la Russie pour l'occasion.
Cette facture de 50 milliards de dollars attribuée à Sotchi n'est pas étrangère aux vetos qu'ont essuyé localement des projets de candidatures olympiques en Suisse, en Allemagne, en Autriche, ou encore en Suède récemment.
Mais
pour Denis Oswald, membre du CIO, il ne faut pas oublier que les
investissements engagés avec des fonds publics vont bénéficier à la
population: "personne ne repart avec un tram ou un métro après les
Jeux".
L'héritage n'est pas d'ailleurs, selon lui, que matériel,
mais concerne l'image, la réputation, le sentiment d'appartenance à une
communauté ou l'éducation. Pour le CIO, Turin a ainsi changé d'image
avec les Jeux de 2006, "de ville industrielle elle est devenue une ville
à caractère culturel et touristique".
(AFP)
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