Champion en 2013, finaliste l'an passé, Castres veut continuer à
tutoyer les sommets du Top 14 malgré un portefeuille pas si rempli, un
défi de taille dans un Championnat où les budgets explosent.
Neuvième
budget du Top 14, le CO, qui se déplace à Montpellier vendredi pour le
compte de la 4e journée, peut compter cette saison sur une force de
frappe de 19 millions d'euros, qu'il tire principalement de son
actionnaire de contrôle et principal partenaire depuis la fin des années
1980, Pierre Fabre.
Mais malgré le soutien du groupe
pharmaceutique et cosmétique, dont le chiffre d'affaires s'élève à deux
milliards d'euros, Castres est bien loin des 35 millions du voisin
toulousain, ou des 36 millions de Toulon (brasseries et boutiques
incluses), son tombeur en finale l'an dernier.
Même le promu Lyon, soutenu par la société d'événementiel GL Events, affiche un budget supérieur avec 21 millions d'euros.
Mais
à Castres, il n'y a pas que l'argent qui fait le bonheur. "Le budget
est plus que convenable et la masse salariale dont on dispose
aujourd'hui nous permet de recruter de très bons joueurs", répond
Matthias Rolland, manager du CO.
"Aujourd'hui, pour avoir des résultats, il faut un minimum de
moyens financiers, mais après, au-delà de ce minimum syndical, il y a
beaucoup de facteurs qui rentrent en jeu et en premier lieu la politique
sportive", abonde le président Pierre-Yves Revol.
"Contrairement
aux grands favoris, nous sommes dans l'obligation de recruter de bons
joueurs et de les élever à un meilleur niveau", ajoute M. Revol -qui est
à la tête de Pierre Fabre Participations, entité contrôlant le groupe
Pierre Fabre- en citant notamment les cas de Romain Martial ou de Brice
Dulin, parti à l'intersaison au Racing-Métro.
"C'est un challenge
perpétuel, c'est plus facile de recruter les quinze meilleurs joueurs du
monde. Nous, on fait dans la valorisation de potentiel humain",
sourit-il.
Ce défi est d'autant plus grand que Pierre Fabre, qui a
confirmé son soutien indéfectible au club malgré la mort de son
fondateur en 2013, n'entend pas augmenter la mise pour suivre la course à
l'armement des grosses écuries du Top 14.
"Le soutien du groupe résulte d'un engagement citoyen, mais il doit rester raisonnable", tranche Pierre-Yves Revol.
Le
CO, qui compte parmi ses autres partenaires l'assureur Matmut ou le
numéro un français de la viande Bigard, se doit donc de trouver d'autres
soutiens. Mais dans une ville de 43.000 habitants et un département de 380.000 âmes, les opportunités sont plus difficiles à saisir.
"Le tissu castrais est très particulier. A part le groupe Pierre
Fabre, les plus grands employeurs locaux sont publics et la zone de
chalandise est restreinte avec Albi (Pro D2) au nord et Toulouse à
l'ouest", explique Mathieu Vidal, maître de conférences en géographie et
aménagement à l'Université Champollion d'Albi.
"Ce qui manque à
Castres est peut-être une fédération d'entreprises, mais je ne suis pas
sûr que des secteurs forts localement comme le textile ou l'extraction
de la pierre puissent gagner quelque chose en termes d'image à financer
le club", souligne l'universitaire.
Mais selon lui, le CO reste
"attractif pour des soutiens d'envergure nationale, comme ses deuxième
et troisième partenaires (Matmut et Bigard) qui n'ont que des liens
limités avec le territoire".
Conscient de la nécessité de trouver
d'autres partenaires, le club a débloqué une enveloppe de 3,7 millions
d'euros pour reconstruire l'une des tribunes de son stade
Pierre-Antoine, l'une des plus petites enceintes du Top 14, qui
disposera d'une capacité de 10.500 places à l'issue de ces travaux.
"Il
fallait qu'on évolue à ce niveau-là. Il faut au fur et à mesure
s'élargir à de nouveaux horizons. Le club grandit, le stade doit se
moderniser, il y aura des loges, on va pouvoir attirer d'autres
partenaires, bien les recevoir, c'est essentiel aujourd'hui dans cette
nouvelle économie du rugby", insiste Matthias Rolland.
(AFP)
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