A un an et demi des épreuves de voile des Jeux Olympiques, le cadre
de la baie de Rio est sublime mais la qualité de l'eau n'est pas au
rendez-vous : des chercheurs viennent d'y trouver une "super-bactérie"
résistante à la plupart des antibiotiques.
Cette "super-bactérie",
qui peut provoquer des infections pulmonaire, urinaire et gastrique,
produit l'enzyme KPC, résistante aux antibiotiques courants.
Jusqu'à
présent aucun baigneur infecté n'a été recensé, mais un contact avec
cette bactérie, provenant probablement de déchets hospitaliers, pourrait
provoquer des infections demandant une hospitalisation, a alerté la
microbiologiste Ana Paula d'Alincourt, responsable de l'étude de
l'institut Oswaldo Cruz (IOC/Fiocruz) dans un communiqué envoyé à l'AFP
mardi.
Si quelqu'un se baigne dans ces eaux, "il existe le risque
d'attraper des maladies qui ne sont pas plus graves que celles
provoquées par d'autres micro-organismes. Le problème c'est qu'en cas
d'infection, il est possible que le traitement exige une hospitalisation
et des antibiotiques qui ne sont plus utilisés parce que toxiques pour
l'organisme", souligne la microbiologiste.
Près de 70% des égouts de cette ville de 10 millions d'habitants se déversent dans la baie de Rio (ou Guanabara).
La
bactérie a été détectée à trois endroits du fleuve Carioca, l'un des
principaux traversant Rio, et notamment sur la plage de Flamengo où se
jette cette rivière.
L'un des endroits de la compétition de voile des JO, la Marina da Gloria, touche justement cette plage.
La ville s'est engagée à réduire de 80% la pollution dans la baie pour les JO, du 5 au 21 août 2016.
"Nous
regrettons que les jeux Olympiques ne soient pas l'occasion de traiter
complètement la baie de Guanabara", déclarait il y a quelques mois le
maire de Rio, Eduardo Paes, assurant cependant que ces eaux ne
présentent pas de danger pour la santé des athlètes.
"Rio de Janeiro du 21è siècle a le même système d'assainissement qu'au 18è siècle. Tous les fleuves de la ville sont transformés en égouts", a expliqué mardi à l'AFP le biologiste Mario Moscatelli, l'un des experts en la matière.
"La
Baie de Rio n'est pas en condition de recevoir les JO car rien n'a été
fait. Ils disent que tout est sous contrôle mais pratiquement rien n'a
été fait à ce jour. La station de traitement d'eau à Flamengo n'est pas
préparée pour traiter les égouts des hôpitaux", a-t-il ajouté.
Selon
lui, du point de vue environnemental, "Rio est un fiasco total et le
Comité Olympique International ferme les yeux" : "Il reste de moins en
moins de temps pour dépolluer. Ils vont probablement se contenter de
vacciner les athlètes".
Le premier test olympique de voile en août
à Rio avait parfois offert un spectacle désolant aux plus de 320
sportifs en lice, venus de quelque 35 pays.
Le champion olympique
australien Nathan Outteridge avait heurté un chien mort avec son bateau.
Les navigateurs avaient raconté avoir vu ou dû éviter aussi des chats
morts et des rats, des tables, des chaises ou des valises flottant dans
l'eau.
La Fédération internationale de voile (ISAF) s'était déclarée "très préoccupée par la pollution".
Même si "nous avons constaté une grande amélioration de la
qualité de l'eau (par rapport à 2013), nous pensons qu'il y a encore
beaucoup de travail à faire", avait estimé Alastair Fox, chef des
compétitions de l'ISAF.
Il faut s'assurer que les autorités
cariocas et le Comité d'organisation Rio-2016 "feront tout leur possible
pour garantir une baie limpide durant les Jeux", avait-il ajouté, avant
de lancer : "Il n'est pas possible d'organiser une compétition pour une
médaille d'or entre des objets flottants!".
Contacté par l'AFP, le Comité ne s'était pas encore exprimé mardi sur la découverte de cette "super-bactérie".
La
pollution de la baie est souvent aggravée par les pluies, les courants
et les marées. Le programme de dépollution prévoit l'installation
d'"éco-barrières" pour bloquer l'entrée des déchets dans la baie et la
mobilisation de dix "éco-barges" pour ramasser les ordures qui
passeraient au travers de ces filtres.
Rio et les villes voisines traitent actuellement un peu plus de 50% des eaux qui se déversent dans la baie, contre seulement 11% en 2007.
(AFP)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire