Quotas de forfaits, pistes fermées et premières demandes d'aides à
l'État... Les vacances de Noël s'annoncent compliquées pour les stations
de ski qui scrutent désespérément le ciel en attendant la neige.
Seule
une sur trois sera ouverte complètement ce week-end, d'après
l'organisme de promotion France montagnes. Un quart des domaines
ouvriront une partie de leurs pistes, parfois très réduite. Le reste,
soit près de la moitié des stations, devrait rester fermé.
Le
domaine des Trois Vallées en Savoie (Val Thorens, Courchevel, Les
Ménuires, etc.), considéré comme le plus grand au monde, n'avait ainsi
qu'un tiers de ses pistes ouvertes aux skieurs vendredi.
L'enneigement
est "très faible sur tous les massifs" français jusqu'à moyenne
altitude, souligne Météo France. Au-dessus de 1.800 mètres, la situation
est contrastée: le manque de neige est marqué dans les Alpes du Nord,
plus léger dans les Pyrénées et en Corse. Les Alpes du Sud bénéficient
au contraire d'un manteau conforme à la saison, voire excédentaire en
altitude.
Le hic: c'est dans les zones qui concentrent l'essentiel
du tourisme hivernal français (Savoie et Haute-Savoie) que
l'enneigement fait le plus défaut. Dans ces deux départements, "un
enneigement aussi faible se rencontre en moyenne tous les 5 à 10 ans
selon les massifs et ne s'était pas vu depuis décembre 2006", souligne
l'institut météorologique.
"La situation est difficile en
Haute-Savoie, nous ne l'avons pas vécue depuis 1988-1989", confirme
Pierre Lestas, président de Domaines skiables de France (DSF) et
directeur des remontées mécaniques de La Clusaz.
Au manque de
précipitations s'ajoute un temps trop doux empêchant les services des
pistes de fabriquer de la neige artificielle, qui nécessite des
températures inférieures à -2°C. Près d'une piste sur trois est
aujourd'hui équipée d'enneigeurs en France.
Et Météo France ne prévoit pas de chutes de neige notables avant la fin de la semaine prochaine.
Un tel déficit peut entraîner une perte de chiffre d'affaires de
20 à 30% pendant les vacances de Noël, selon Pierre Lestas. Même si "une
perte de début de saison peut être rattrapée en partie par la suite",
souligne-t-il.
En attendant l'or blanc, les stations sont
conduites à instaurer un rationnement. Ainsi, Avoriaz (Haute-Savoie) a
fixé des quotas sur ses pistes afin d'éviter une trop grande affluence
de skieurs venus d'autres stations fermées pour manque de neige.
La
station qui doit ouvrir 90% de son domaine dimanche, justifie cette
mesure par des raisons de sécurité. "Les conditions sont
exceptionnelles. Si beaucoup de gens montent, on n'est pas sûr de
pouvoir servir tout le monde", explique Stéphane Lerendu, directeur de
l'office du tourisme.
Les forfaits seront donc vendus en priorité
aux vacanciers d'Avoriaz et de Morzine. Située à 1.800 mètres
d'altitude, Avoriaz a pu ouvrir une grande partie de son domaine en
stockant la neige tombée hors des pistes et en la mélangeant à de la
neige artificielle, avant d'en recouvrir les pistes.
Moins
chanceuses, trois stations de Haute-Savoie ont déposé des dossiers en
préfecture afin d'obtenir un soutien financier de l'État. "Un certain
nombre" de domaines ont fait de même en Savoie, selon la préfecture.
"Le
manque de neige commence à inquiéter les salariés comme les
employeurs", souligne Antoine Fatiga, secrétaire général de la CGT des
transports, des remontées mécaniques et des services des pistes.
L'inquiétude
ne semble cependant pas avoir gagné l'Association nationale des maires
de stations de Montagne qui assure attendre "une bonne fréquentation"
pour les vacances de Noël, avec seulement 1% de baisse par rapport à
l'an dernier.
Une agence de communication parisienne a même
affirmé vendredi que certaines stations françaises étaient "parmi les
plus enneigées d'Europe", contrairement "aux informations alarmistes
diffusées par quelques médias".
(AFP)
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