Les gigantesques événements sportifs ont de grandes chances de donner
un coup de fouet au tourisme de leur organisateur, placé sous les feux
des projecteurs, mais l'équation est loin d'être garantie.
Rome
est déjà sur les rangs pour acueillir les Jeux Olympiques 2024. Paris
hésite à se lancer dans la course, tandis que Berlin et Hambourg se
disputent la candidature allemande. Mais tous ces prétendants feraient
bien regarder du côté de Rio de Janeiro, Londres ou Johannesbourg, des
capitales qui tirent un bilan contrasté de leur Mondial de foot ou
Olympiade.
"Le tourisme a fait un bond en 2010", créant "une base
de départ élevée" pour la croissance du secteur, rapporte au salon ITB
du tourisme de Berlin (4 au 8 mars) Derek Hanekom, ministre du tourisme
d'Afrique du Sud.
Pour ce pays, les estimations varient entre
100.000 et 200.000 touristes étrangers supplémentaires pendant le
Mondial-2010 de football, a indiqué Wolfgang Maennig, professeur à
l'Université de Hambourg, lors d'une conférence consacrée au sujet à
l'ITB.
Mais l'explosion des prix
d'hôtels et de billets d'avion peut à l'inverse décourager les touristes
traditionnels. Tom Rostek, du voyagiste Dertour, critique notamment le
blocage en amont par les organisateurs de l'événement d'une très grande
partie des chambres d'hôtels, "jusqu'à 80%" dans le cas du dernier
Mondial de foot au Brésil. Au final elles ne sont pas forcément
utilisées, mais la pratique fait s'envoler le prix des hôtels restants
et "peut effrayer les gens de venir".
La dissuasion par les prix
se fait davantage ressentir dans les villes déjà touristiques auparavant
et si l'événement a lieu en haute-saison.
Londres a ainsi perdu
350.000 nuitées au moment des JO de 2012 par rapport aux étés
précédents. En revanche, les touristes venus pour les Jeux ont dépensé
nettement plus, selon M. Maennig.
Si peu de villes hôtes échappent
en amont à une vague de commentaires catastrophistes sur l'avancée des
préparatifs, une fois le coup d'envoi donné, l'exposition médiatique est
immense.
"C'est vraiment un effet publicitaire", a estimé Iris
Gleicke, Secrétaire d'Etat au ministère allemand de l'Economie.
L'Allemagne a accueilli, au moment du Mondial-2006 de foot, 100.000
touristes supplémentaires, moins qu'espéré. Mais le pays a offert au
reste du monde une "image accueillante", qui a marqué un tournant dans
sa perception à l'étranger.
Et
pas forcément besoin d'organiser un événement sur ses terres pour en
profiter. "Maintenant les gens ne nous connaissent plus seulement pour
la beauté du pays ou le café, mais aussi pour le football", explique
Wilhelm von Breymann, ministre du Tourisme du Costa Rica. L'arrivée
surprise de l'équipe nationale jusqu'en quart de finale du dernier
Mondial a été "très positive" pour le pays, relève-t-il.
Au-delà
de l'image, la ville organisatrice se voit dotée de nouvelles
infrastructures. "En 2016, nous aurons une ville capable d'accueillir
tous les types de touristes que nous n'avions pas. (...) Des musées se
construisent, des événements culturels ont lieu, avant on allait en
Europe pour cela", raconte Michael Nagy, directeur commercial du Rio Convention & Visitors Bureau, chargé de la
promotion de la métropole brésilienne qui accueillera aussi les JO en
2016.
Installations sportives, transports publics ou nouveaux
hôtels, "ces investissements étaient prévus de toute façon, mais cela
nous a donné l'opportunité de les faire plus rapidement", a affirmé
Vinicius Nobres Lages, ministre brésilien du Tourisme.
Sur le
stand de la Russie à l'ITB, la brochure sur Sotchi vante les nouveaux
hôtels spa, les grands parkings ou les salles de conférence flambant
neufs de la ville hôte des derniers JO d'hiver. L'agence russe pour le
tourisme s'affiche confiante que les touristes vont affluer, même si
l'heure est encore au test.
(AFP)
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