Le contrat télé record signé par l'Angleterre est vu comme une
opportunité par l'Allemagne et la France, qui espèrent en tirer des
bénéfices, mais comme un danger par l'Italie, effrayée de voir l'écart
se creuser encore un peu plus avec ses rivaux.
ALLEMAGNEDepuis l'annonce du nouveau contrat de la Premier
League, le Pdg de la Bundesliga (DFL) Christian Seifert répète que la
situation "sera plus dure" sur le marché des transferts. "Le fait que
les clubs anglais de milieu de tableau pourront payer à leurs meilleurs
joueurs le même salaire voire beaucoup plus que les clubs allemands va
forcer ces derniers à plus s'engager (financièrement) s'ils veulent
garder leurs joueurs", estime le dirigeant.
Mais jamais il n'a été
question de la peur d'un pillage, plutôt de la nécessité de trouver des
solutions pour obtenir un prochain contrat TV plus juteux en Allemagne.
Pour 2016-17, la DFL a prévu quelques 835 millions d'euros de revenus.
En avril 2016, la DFL veut atteindre la barre du milliard par saison.
"C'est
déjà un fait établi que le dernier de la Premier League empoche plus
que le Bayern Munich, champion d'Allemagne", souligne de son côté Karl
Heinz Rummenigge. Mais le président du richissime club bavarois (528,7
millions d'euros de chiffre d'affaires en 2013-14) ne s'inquiète pas
vraiment d'un départ en Angleterre des stars de la Bundesliga.
"La
Premier League a déjà beaucoup plus d'argent que la Bundesliga grâce
aux contrats TV et aux propriétaires venus de Russie ou de pays arabes",
a-t-il fait remarquer dans une interview au quotidien bavarois TZ.
"Et
malgré tout, l'Allemagne a la ligue championne du monde et on est en
bonne voie pour ravir à l'Angleterre la deuxième place au classement
UEFA", a-t-il précisé.
FRANCELes droits TV de la L1 ont profité en 2014 des
nouvelles ambitions du PSG, racheté par le Qatar en 2011, et de Monaco,
propriété du milliardaire russe Dmitry Rybolovlev, pour s'établir sur la
période 2016-2020 à un montant record de 748,5 millions d'euros (entre
Canal+ et BeIn Sports) contre 607 millions annuels de 2012 à 2016. Les
droits à l'international sont eux passés à 80 millions d'euros annuels
entre 2018 et 2024. Des sommes pourtant sans commune mesure avec l'Angleterre.
Incapable
de rivaliser sur le plan financier et menacée d'un nouvel exode massif
de ses meilleurs éléments, la France espère toutefois tirer profit de
son rang d'exportateur N.1 dans les grands championnats européens, selon
le classement établi par le Centre international d'étude du sport
(CIES) basé à Neuchâtel (Suisse).
Jean-Michel Aulas, président de
Lyon, estime ainsi que l'augmentation des droits TV en Angleterre
constitue "une chance". "Les clubs anglais auront un rôle inflationniste
dans l'apport d'argent qui va irriguer le football français performant
au niveau de ses académies. C'est une dérégulation positive à moyen
terme pour la France. Le foot français doit saisir cette opportunité",
a-t-il souligné, tout en saluant la "stratégie élitiste" de la Premier
League.
ITALIEPour Adriano Galliani, administrateur délégué de l'AC
Milan, "dans deux ans le dernier de la Premier League aura le même
chiffre d'affaire que le premier du championnat d'Italie".
Alors
que ses droits triennaux s'élèvent à un peu plus d'un tiers de ceux de
la Premier League (2,8 milliards d'euros pour la période 2015-2018), la
Serie A s'inquiète de sa perte d'attractivité.
Elle perd ses stars
à chaque mercato, comme l'ont attesté les départs de Zlatan
Ibrahimovic, Thiago Silva ou encore Edinson Cavani (tous au Paris SG).
Et elle ne pourra sans doute pas retenir sa dernière merveille, Paul
Pogba, de la Juventus, très convoité.
Le nouveau contrat anglais
"ne fera que creuser l'écart" prévoit le quotidien la Repubblica, pour
qui "la Serie A est le reflet du pays: énormes déficits, aucun actif.
Comme l'Etat, le championnat dépense plus que ce qu'il encaisse: face au
1,6 milliard de recettes il y a 1,7 milliard de dette".
(AFP)
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