Jeudi agité en coulisses pour la LFP: elle a entériné le principe de
deux montées/descentes entre L1 et L2 dès la saison 2015-2016, au risque
de diviser les clubs professionnels, et le conseil d'Etat a annulé son accord avec Monaco, qui n'aura plus à payer 50 millions d'euros pour jouer en L1.
Deux montées/descentes: rupture... La LFP était prête à
repousser à la saison 2016/2017 cette mesure adoptée le 21 mai, si la
Fédération française (FFF) validait ce même principe entre la Ligue 2 et
le National. Mais la FFF ne l'a pas fait lors de son assemblée générale
du 20 juin, repoussant sa décision à la prochaine assemblée fédérale
d'hiver, en décembre.
Estimant qu'"il n'y avait plus d'accord avec la FFF", le conseil d'administration de la Ligue a donc définitivement entériné jeudi, à
une très large majorité de 14 voix contre 2, le passage à deux montées
et deux descentes, au lieu de trois jusqu'ici, dès la saison qui vient.
"Cette
décision va permettre de sécuriser un peu plus les clubs de Ligue 1, a
argué le président de la LFP Frédéric Thiriez. J'espère que la FFF fera
la même chose pour le National et la Ligue 2 en décembre".
Cette
réforme marque une rupture sportive entre les clubs professionnels.
Désormais seuls deux clubs de Ligue 2 pourront accéder à l'élite, tandis
que trois resteront assurés de descendre en National. L'uniformisation
de cette mesure aux trois divisions ne sera donc pas effective la saison
prochaine.
"Et alors? a rétorqué M. Thiriez. J'aurais préféré
qu'on se mette d'accord, mais ce n'est pas le cas. Or j'ai milité pour
la solution d'un compromis".
... et fracturesCette décision, prise "après un vif et long
débat", consomme un divorce entre les clubs de L1 et de L2. Divorce qui
s'est d'ailleurs traduit par la démission jeudi de Jean-Pierre Louvel de
son poste de président de l'UCPF, le syndicat des clubs professionnels.
Le
président du Havre (L2), qui a convoqué un comité exécutif en septembre
pour élire son remplaçant, n'était pas favorable à la mesure et a
dénoncé "un climat de mensonge et de volte-face".
Il n'est pas le
seul à démissionner. Un de ses vice-présidents, Jean-Michel Aulas, le
président de l'Olympique lyonnais, 2e de la dernière L1, qui a pourtant
farouchement milité pour le passage à deux montées/descentes, l'a fait
également. Sans s'exprimer sur ses raisons.
Par ailleurs, dans une
lettre datée du 17 juin et signée par 23 présidents de clubs, le
président de Clermont (L2) Claude Michy a affirmé son intention de
réclamer une assemblée générale extraordinaire pour demander la
révocation du CA de la LFP dans l'hypothèse où la réforme était actée.
"Il en a le droit! Et j'y suis prêt", a répliqué M. Thiriez.
Enfin,
au sortir de ce CA qui laissera des traces, le président de
Saint-Etienne Bernard Caïazzo a encore mieux traduit le schisme actuel
entre dirigeants de l'élite et ceux de la division inférieure, réclamant
une "séparation entre la Ligue 1 et la Ligue 2" en terme de
gouvernance, "comme l'Angleterre l'a fait avec la Premier League".
Accord LFP-ASM annulé: rancoeursLa journée de jeudi avait déjà mal débuté pour la LFP, qui a vu son accord avec l'AS Monaco annulé par le conseil d'Etat.
En
janvier 2014, la Ligue avait conclu avec le club du Rocher un accord
prévoyant qu'il verserait 50 millions d'euros pour évoluer en L1 en
contrepartie de sa fiscalité avantageuse. Une transaction financière
jugée illicite par le conseil d'Etat.
En
conséquence, l'ASM pourra participer au championnat de France sans
débourser 50 millions d'euros, même si son siège n'est pas situé sur le
territoire français.
"C'est une très mauvaise nouvelle", a réagi
M. Thiriez, très amer à l'encontre des sept présidents de clubs
(Bordeaux, Lille, Lorient, Caen, Marseille, Montpellier et Paris SG) à
l'origine du recours auprès du conseil d'Etat.
"Malheureusement,
des membres de la Ligue ont cru bon d'attaquer ce compromis, a déploré
le patron de la LFP. Car certains estimaient que 50 millions ne
suffisaient pas, d'autres souhaitaient que Monaco soit exclu".
"Nous risquons à présent de perdre ces 50 millions d'euros, certains se sont tiré une balle dans le pied", a-t-il pesté.
(AFP)
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