Il fait le grand écart entre les couloirs feutrés de la négociation
sociale, où ministres, grands patrons et syndicats l'écoutent, et le
tumulte des tribunes de foot: l'influent président du Paris FC, Pierre
Ferracci, a un profil peu commun dans le petit monde du ballon rond.
Vendredi,
au stade Charlety, le "PFC" célébrera, face à Laval, ses retrouvailles
avec la Ligue 2, trente-deux ans après l'avoir quittée.
Son
ambitieux président voit déjà plus loin et vise une montée au sein de
l'élite en 2019 "pour le cinquantième anniversaire du club", qu'il
préside depuis 2012 après y être entré en 2006 comme administrateur.
Méconnu
dans le monde du football, Pierre Ferracci est en revanche une
personnalité incontournable dans une autre sphère, celle des questions
sociales.
Ce Corse de 63 ans est le fils d'un militant qui fut
une figure de proue du communisme insulaire. Il a transformé en un peu
plus de trente ans sa petite société d'expertise-comptable en cabinet
puissant, réputé pour son activité de conseil auprès des comités
d'entreprise et dans l'accompagnement des restructurations.
Aujourd'hui, le groupe Alpha emploie quelque 1.100 salariés et génère 155 millions d'euros de chiffre d'affaires.
- Proche de la CGT -
En dehors du football, Pierre Ferracci est "un des rarissimes
très grands connaisseurs des sujets sociaux en France à la fois au
niveau du terrain et de la réflexion intellectuelle", souligne à l'AFP
Raymond Soubie, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy (2007-2010), son
alter-ego de droite.
Chef d'entreprise à succès, Pierre Ferracci
est par ailleurs un proche de la CGT où il aurait joué un rôle
prépondérant dans la succession de Bernard Thibault en 2013. "Il est à
l'écoute, il n'esquive pas les problèmes, est prêt à intervenir", selon
un cadre du syndicat.
Pour le compte de son entreprise, il a suivi
des dossiers très médiatisés comme celui de PSA. Écouté à gauche comme à
droite, il a fait partie de la commission Attali, chargée en 2007 par
Nicolas Sarkozy de trouver des solutions pour relancer la croissance...
et a aussi été nommé en juillet 2014 à la tête du Conseil national
éducation-économie (CNEE) par Benoit Hamon, alors ministre de
l'Education.
Il est également un intime de l'actuel ministre de
l'Economie, Emmanuel Macron, qui a côtoyé son fils Marc sur les bancs de
Sciences-Po.
"Il a une très grande empathie et par conséquent a
des relations dans mille milieux", fait valoir Raymond Soubie. "Il est
très fin, subtil, habile, un entrepreneur posé", affirme Bernard Vivier,
directeur de l'Institut supérieur du Travail.
- Gazelec, catenaccio et Barça -
En matière de football, Pierre Ferracci est avant tout un
passionné. Cette flamme lui vient de son amour pour le Gazelec Ajaccio,
son club "de coeur", qui l'a comblé par une montée en Ligue 1.
"J'aurais
aimé qu'il nous attende (en Ligue 2) mais il a été plus rapide",
sourit-il dans un entretien à l'AFP. Dans sa jeunesse, il était attiré
par le jeu de l'Inter Milan, celui de l'entraîneur Helenio Herrera,
surnommé le roi du "catenaccio" (verrou défensif) dans les années
soixante.
Paradoxalement, Pierre Ferracci apprécie aussi la
philosophie du "Barça" de Luis Enrique, qui favorise un "jeu léché" et
"très porté vers l'avant".
Au "PFC", celui qui a grandi près de
Bonifacio n'a pas hésité à se séparer de Christophe Taine, le coach de
la remontée, pour enrôler Denis Renaud, ex-entraîneur de Carquefou, un
homme exigeant qui aime "maîtriser le ballon".
Pour faire grandir
son club, cet amateur de chasse sous-marine veut surtout miser sur la
formation, à l'image de l'Olympique Lyonnais, en puisant dans le
"formidable réservoir" que représente l'Ile-de-France: "C'est le seul
domaine où on peut faire mieux que le PSG, qui est un club planétaire".
(AFP)
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