Le motorhome de luxe, introduit cette année sur le Tour par l'équipe
Sky mais que ne peuvent toutefois utiliser ses coureurs pour dormir,
déchire les partisans de la tradition et ceux qui se qualifient de
"modernistes".
Comme elle l'avait fait pour l'Australien Richie
Porte sur le Tour d'Italie, la formation Sky envisageait de loger son
leader, Chris Froome, dans un motorhome tout confort et climatisé lors
de la Grande Boucle.
Devant les protestations, nombreuses,
notamment d'autres équipes, l'Union cycliste internationale (UCI) a
toutefois fermé la porte à ce projet en modifiant son règlement au mois
de juin.
"Les coureurs doivent loger dans les hôtels mis à
disposition par l'organisateur durant toute la durée de l'épreuve. La
décision a été prise afin de réaffirmer l'équité absolue entre tous les
coureurs", indique l'article 2.2.010.
Malgré cette interdiction,
Sky a pourtant bel et bien emmené ses châteaux sur roue sur les routes
de France mais assure toutefois ne pas y loger l'actuel maillot jaune.
"Nous
y logeons certains collaborateurs afin de libérer des chambres dans les
hôtels pour que nos coureurs puissent dormir seuls en chambre", affirme
son patron Dave Brailsford.
- "Gains marginaux" -
L'explication n'a pourtant guère convaincu certains suiveurs, à
l'image de l'ancien directeur sportif Cyrille Guimard, consultant radio,
qui a suspecté la formation britannique de cacher des caissons
"hypobare" dans ces géants des routes.
Une sortie qui a forcé
Brailsford à organiser une journée portes ouvertes de ses véhicules pour
la presse "dans un but de totale transparence".
Brailsford, dont
le crédo est de maximiser ce qu'il appelle les "gains marginaux", tous
ces détails qui peuvent améliorer la performance, n'a pourtant pas
renoncé à son idée.
Et, à l'entendre, il réunirait de plus en plus
de partisans, Oleg Tinkov (patron de l'équipe Tinkoff) notamment, et
des coureurs comme Mark Cavendish, qui s'était plaint de l'hébergement
ces derniers jours.
La mission s'annonce toutefois compliquée tant
les résistances sont fortes, à l'image de celle du Français Marc
Madiot, qui s'est fait le porte-voix des partisans du statu quo.
Les
arguments du manager de la FDJ sont nombreux: équité sportive, économie
du sport, proximité avec le public, esprit d'équipe et de camaraderie
entre les coureurs.
"Toutes les équipes n'ont pas le budget pour ce payer de telles machines", note d'abord Madiot.
- "L'économie du cyclisme est fragile" -
L'ancien vainqueur de Paris-Roubaix redoute aussi que "ces
bunkers privent le public de la proximité avec les champions, qui a
toujours existé dans le cyclisme".
Madiot demande aussi du respect pour les organes public (mairies,
régions, départements) qui financent les courses et "sont en droit
d'attendre des retombées dans le secteur hôtelier notamment. L'économie
du cyclisme est fragile".
"Nous ne pouvons pas demander aux élus
de financer des courses si nous ne contribuons pas à leur économie
locale", argumente le Français.
Brailsford bat ces arguments en brèche, ne comprenant pas "la frilosité" de certains.
"Il
faudra toujours loger les mécanos, les soigneurs,... Et puis en créant
par exemple une fan-zone autour de ces véhicules, ce serait aussi une
opportunité pour les supporters d'approcher les champions.
"J'essaie
de moderniser mon sport, assure le Britannique. Le motorhome est une
bonne solution pour que les coureurs ne passent pas leur temps à faire
et défaire leurs valise et pour qu'ils dorment dans de bonnes
conditions. La récupération est très importante pour la performance".
Le
débat n'a pas fini d'attiser les tensions. Sur le terrain, il provoque
même de la nervosité. Durant ce Tour, plusieurs équipes se sont plaintes
du manque de place sur les parkings d'hôtels car Sky monopolisait
quasiment tout l'espace.
Des mécanos des équipes Europcar et Lotto NL ont même failli en venir aux mains avec leurs homologues de Sky...
(AFP)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire