jeudi 19 janvier 2017

Dans le foot chinois, haro sur les dépenses bling-bling

Fini les dépenses "irrationnelles" dans le foot chinois: Pékin entend désormais freiner les recrutements records de joueurs étrangers, à l'approche de l'entame de la saison du championnat local début mars. Comment cela est-il arrivé ?
L'appel du président -
  
En 2011, alors vice-président, l'actuel N.1 chinois Xi Jinping, ostensible fan de football, a affiché publiquement son espoir que la Chine puisse participer, organiser et remporter une Coupe du monde. La déclaration a été interprétée par les décideurs du ballon rond comme un appel à investir. Les clubs ont alors commencé à recruter d'onéreuses stars étrangères. Certains ont lancé des programmes de formation de jeunes footballeurs chinois.
  
Le recrutement bling-bling -
  
En 2012, les vedettes Didier Drogba et Nicolas Anelka avaient joué les éclaireurs, en rejoignant le Shanghai Shenhua. Depuis, les vannes ont été largement ouvertes.
En décembre dernier, l'international brésilien Oscar (ex-Chelsea) a été recruté par le Shanghai SIPG pour un montant estimé à 60 millions d'euros, battant pour la cinquième fois en un an le record d'Asie pour un transfert.
Avant lui, ses compatriotes Hulk (au Shanghai SIPG) et Alex Teixeira (au Jiangsu Suning) ont rejoint le championnat chinois contre des sommes mirobolantes. L'Argentin Carlos Tevez a rallié le Shanghai Shenhua contre un salaire annuel estimé à 38 millions d'euros, qui fait du joueur de 32 ans le mieux payé du monde, devant Messi et Ronaldo.
  
Carton jaune de Pékin -
  
Début janvier, le ministère chinois des Sports siffle la fin des "investissements irrationnels". Il dit vouloir "réfréner les achats onéreux de joueurs étrangers" et "limiter de façon raisonnable les hauts revenus des joueurs".
Cette semaine, la fédération de football (CFA) prend deux premières mesures concrètes. Lors de chaque match de Super League (1re division), chaque équipe ne pourra plus aligner que trois joueurs étrangers (et non plus quatre). Elle devra également faire jouer au moins deux jeunes footballeurs chinois "U23" (c'est-à-dire nés après janvier 1994).
  
Stop au cash -
  
Depuis l'injonction du ministère des Sports début janvier, seule une signature majeure a été enregistrée: celle du Nigérian John Obi Mikel (ex-Chelsea) au Tianjin TEDA (1re div.). Une transaction d'environ 8,5 millions d'euros, selon le site spécialisé Transfermarkt.
Le président du club rival de Tianjin Quanjian (1re div.) a assuré cette semaine que les nouvelles restrictions de la fédération chinoise ont fait capoter une série de recrutements, notamment celui de l'attaquant colombien Radamel Falcao (Monaco).
  
"Bravo", disent les supporters -
  
La plupart des supporters chinois saluent les nouvelles restrictions. Beaucoup espèrent que les sommes autrefois dévolues à l'achat de stars seront désormais investies dans la formation de joueurs chinois. Et que ces derniers bénéficient de davantage de temps de jeu.
La Chine occupe seulement le 81e rang mondial au classement Fifa.
Certains fans grognent cependant: les joueurs étrangers permettent aux footballeurs locaux d'apprendre à leur contact, et la raréfaction de "stars" pourrait rendre le championnat chinois, déjà peu excitant, encore plus terne.


(AFP)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.