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jeudi 26 janvier 2017

Mondial de handball: où sont les équipes non européennes ?

France – Slovénie et Croatie – Norvège sont au programme, jeudi 26 et vendredi 27 janvier, des demi-finales du Mondial de handball qui se dispute en France. Pourquoi les nations européennes dominent-elles autant cette discipline ? Où en sont les autres continents ? Décryptage.

Alors que doivent se jouer jeudi 26 et vendredi 27 janvier les demi-finales du Mondial de handball 2017, organisé en France, un premier bilan sportif de la compétition laisse apparaître une évidence flagrante : ce Mondial aurait pu s’appeler Championnat d’Europe !
Qu’on en juge : les quatre demi-finalistes – la France, la Slovénie, la Croatie et la Norvège – sont tous européens. En quarts de finale, le tableau était à peine différent : seul le Qatar – qui compte tout de même trois joueurs naturalisés dans son effectif, dont deux Européens – s’est glissé aux côtés de sept représentants du Vieux Continent.
Certes le Brésil et l’Egypte, présents en huitièmes de finale, n’ont pas démérité. Mais la vue d’ensemble peut donner l’impression que les nations extra-européennes ne sont que des faire-valoir dans la compétition.
L’écart entre les pays européens et le reste du monde n’est pas neuf en handball. A l’exception du Qatar, finaliste à domicile du Mondial 2015 grâce à une cohorte de naturalisés à faire pâlir d'envie les constructeurs de la Tour de Babel, aucune équipe non européenne n’a pris place sur le podium depuis 1938, date de la première édition des championnats du monde.

« L’éclatement de la Yougoslavie a donné naissance à six nations fortes »

Philippe Bana, directeur technique national à la fédération française de handball (FFHB), avance une première explication : « Le handball est un sport de tradition et d’histoire européennes, qui a été inventé et s’est développé dans les pays scandinaves et d’Europe centrale. » Et les soubresauts de l’histoire contemporaine ont même accentué la domination de l’Europe ces dernières décennies. « Vu d’avion (sic), il n’y a pas de fort développement du handball sur les autres continents, pointe Philippe Bana. Mais au contraire un renforcement en Europe, où l’éclatement de la Yougoslavie, par exemple, a donné naissance à six nations fortes, à l’image de la Slovénie ou de la Croatie, présentes en demi-finale du Mondial cette année. »
Les premiers grands absents de l’élite planétaire du handball sont les pays anglo-saxons, habituels mastodontes du sport mondial : Etats-Unis, Grande-Bretagne, Australie, Canada, etc. « Dans ces pays, décrypte Philippe Bana, il existe une culture sportive historique autour d’autres sports. Et on ne prête qu’aux riches. » Comprenez : Anglais ou Américains ne donneront des moyens au handball que le jour où leurs équipes auront démontré qu’elles font partie des meilleures. En France, aucun de ces pays n’était présent parmi les vingt-quatre en lice…
Le cas de l’Afrique est différent. Sur un continent qui a subi une forte influence culturelle européenne, le handball est largement pratiqué. D’ailleurs, l’Egypte (4e du Mondial en 2001) ou la Tunisie (4e en 2005) occupent dans le bilan mondial sur le temps long les premières places immédiatement derrière les nations européennes. « Il existe une Coupe d’Afrique des nations et une forte tradition du handball masculin au Maghreb », rappelle Philippe Bana.
La FFHB mène par ailleurs une politique en faveur du développement de son sport en Afrique, mais il s’agit d’un travail de longue haleine, rendu ardu par les difficultés économiques et sociales dans les pays concernés. « Envoyer de l’argent ou des ballons, c’est aujourd’hui dépassé, précise Philippe Bana. Il ne faut pas s’en tenir à de la cosmétique mais réaliser un travail pour former une colonne vertébrale. » Une autre façon de dire que sur le continent noir, l’essor du très haut niveau prendra du temps. 

Un développement en mode « diesel »

Dans un sport dont les caractéristiques (équipements, tenues, technique) portent la promesse d’un certain universalisme, les terres de mission sont encore nombreuses. Les pays du Golfe se sont emparé du handball ces dix dernières années, mais souvent à grands coups de naturalisations, un moyen que la morale sportive réprouve. « Le développement est lent, on n’a pas dynamisé les autres continents », reconnaît Philippe Bana.
Ce n’est pourtant pas faute d’essayer. Premier président non européen de l’IHF (Fédération internationale de handball), l’Egyptien Hassan Moustapha a eu le temps, depuis sa prise de fonctions en 2000, de mettre en place une politique tournée vers les jeunes pour développer le handball partout dans le monde. L’IHF Trophy permet désormais à des joueuses et joueurs de moins de vingt ans de participer à des rencontres internationales partout dans le monde à travers des tournois continentaux et sous-continentaux. Moins élitiste, le programme « Handball at school » (le handball à l’école) offre à des jeunes dès l’âge de six ans la possibilité de s’initier au jeu en bénéficiant d’un encadrement technique de haut niveau. « C’est un diesel », conclut Philippe Bana à propos de ces différentes initiatives. Mais pour tout véhicule, l’essentiel n’est-il pas d’avancer, quelle que soit la vitesse ?

(RFI)

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