L’annonce dimanche par son patron, Nicolas de Tavernost, que la chaîne propriétaire du club pourrait se retirer du football si l’impôt sur les 75 % est adopté, pose question sur son avenir Quelques minutes après le coup de sifflet final dimanche soir à Lyon, Nicolas de Tavernost, le patron de M6 propriétaire des Girondins, était déjà présent en zone d’interview du stade Gerland « avec une annonce importante » à faire à la presse.
Les joueurs n’étaient pas au courant et l’entraîneur Francis Gillot a visiblement été prévenu quelques instants seulement avant de commencer sa conférence de presse d’après-match par quelques mots du président Jean-Louis Triaud, glissés à l’oreille. Voici les questions soulevées par l’intervention du patron des Girondins et les réponses qu’on peut, pour l’heure, y apporter.
Qu’a dit exactement Nicolas de Tavernost à Lyon ?
Son intervention s’est résumée à une attaque en règle du projet de nouvel impôt de 75 % au-delà du million d’euros net annuel que devront payer les entreprises. « Si le texte passe en l’état, nous pourrions être amenés à nous désengager du football, et donc des Girondins. C’est un constat et non une menace. Nous faisons des efforts importants avec une règle de gestion totalement transparente et des capitaux dont on sait d’où ils viennent. Mais la manière avec laquelle nous sommes traités, notamment par le ministère des
sports, n’est pas acceptable par rapport aux enjeux que nous avons dans un club déficitaire qui a fait les efforts pour réduire sa masse salariale, parfois même au détriment du secteur sportif, a essayé d’établir un plan industriel pour un stade avec la Ville de Bordeaux et la Région. »
Combien coûterait cette nouvelle taxe aux Girondins de Bordeaux ?
Selon leurs dirigeants, 6 millions d’euros sur deux ans, « soit près de 10 % de la masse salariale qui serait prélevée ». Au départ, cette taxe devait s’adresser directement aux joueurs mais le Conseil constitutionnel a censuré le texte de loi le 29 décembre. Le président de la République François Hollande l’a fait changer pour mettre les clubs à contribution, cette fois. Nicolas de Tavernost l’accepte d’autant plus difficilement que cela intervient au moment où le club pensait retrouver un peu de marge de manoeuvre financière après deux saisons d’austérité pour revenir à l’équilibre.
Pourquoi monte-t-il au créneau maintenant ?
Cette « sortie » médiatique intervient à un moment charnière pour les deux camps. D’un côté, l’Union des clubs professionnels français (UCPF) tiendra une assemblée générale extraordinaire jeudi pour fixer la conduite à venir. Une grève a été évoquée, elle n’a pas le soutien de Nicolas de Tavernost. De l’autre, le texte va prochainement être examiné par les sénateurs. Pour le football français, et le patron de M6 en particulier, c’est un moyen de faire pression pour tenter d’« adoucir » cet impôt, en ne l’appliquant pas, par exemple, aux contrats signés avant la promulgation du texte.
La possibilité que M6 quitte le football est-elle sérieuse ?
Elle n’est pas à négliger. Dimanche, Nicolas de Tavernost a encore rappelé que M6 est une « société cotée en bourse, avec des actionnaires, des collaborateurs et des comptes à rendre ». Sous-entendu, comme il a déjà eu l’occasion de le dire dans ces colonnes, M6 n’a pas vocation à être le « mécène » des Girondins.
On peut l’interpréter comme l’expression de la lassitude du propriétaire à combler un trou sans fond(s) et donc comme un ballon d’essai sur un éventuel retrait. À condition de retrouver un ou plusieurs repreneurs. Les rumeurs courent depuis des mois, sans offre concrète jusqu’à présent. Sinon, ce serait la mort du club, hautement improbable.
Quelle influence aurait un retrait de M6 sur la construction du stade ?
Aucune. Dans le contrat de construction, il est écrit qu’un éventuel nouveau propriétaire devra prendre en charge sa part de financement du stade, soit environ 100 millions d’euros étalés sur trente ans dont 20 de garantie au début des travaux.
Comment ont réagi les collectivités locales ?
Hier, en marge d’un Conseil municipal, le maire de Bordeaux, Alain Juppé, n’a pas voulu commenter les propos de Nicolas de Tavernost avant de le rencontrer dès demain. Vincent Feltesse, son futur rival aux élections municipales et président de la communauté urbaine de Bordeaux, engagée comme la Ville à hauteur de 15 millions d'euros dans le financement du nouveau stade, n’a pas souhaité lui non plus réagir.
(Sud Ouest)
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