Le suspense était entier mercredi autour de l'avenir des actuelles
Coupes d'Europe de rugby, concurrencées par un projet des clubs français
et anglais, absents comme prévu de la réunion de la dernière chance à
Dublin.
Les pourparlers commencés à 13h30 GMT, et dont rien
n'avait filtré à 18h30 GMT à l'issue de l'assemblée, devaient reprendre
jeudi matin à partir de 08h00 GMT dans la capitale irlandaise où se
trouve le siège de l'ERC, la société commerciale organisatrice pour la
19e année des compétitions européennes de rugby.
Autour de la
table étaient invités les actionnaires de l'entreprise dirigée par le
Français Jean-Pierre Lux, à savoir les représentants des Fédérations et
clubs français, anglais, gallois, irlandais, écossais et italiens, sous
l'égide d'un médiateur indépendant, Graeme Mew.
Mais cet avocat,
spécialisé dans les litiges pour le compte d'un bureau canadien, a une
mission fort délicate: les clubs de Top 14 et de Premiership avaient
annoncé de longue date qu'ils boycotteraient la réunion.
L'ambiance
s'annonçait d'autant plus explosive que les deux dissidents, créateurs
de la "Rugby champions cup", ont reçu mardi l'appui des quatre provinces
galloises (Cardiff Blues, Llanelli Scarlets, Neath-Swansea Ospreys et
Newport-Gwent Dragons).
"Un soutien total", ont-elles annoncé dans un communiqué, donnant
ainsi du crédit aux desiderata anglais et français sur le format de la
compétition (20 clubs au lieu de 24), la répartition financière (un
tiers pour les Français, un tiers pour les Anglais, un tiers pour les
autres), ou encore la gouvernance de la nouvelle société organisatrice.
"Il
y a désormais 30 clubs sur les 38 (14 en France, 12 en Angleterre, 4
Gallois, ndlr) qui ont dit oui à la Rugby champions cup, cela commence à
être difficile de dire non", a souligné Bruce Craig, vice-président de
la Ligue anglaise, interrogé par l'AFP.
"On n'a pas de réponses
formelles des clubs irlandais, écossais et italiens mais je n'ai aucun
doute qu'ils vont nous rejoindre", a-t-il ajouté.
Sollicitées par
l'AFP, les Fédérations anglaise (RFU) et écossaise (SRU) ont refusé de
commenter le ralliement des franchises galloises, que leur Fédération
(WRU) elle-même n'a pas encore publiquement appuyé.
La Fédération
irlandaise (IRFU) a de son côté jugé "inapproprié de commenter alors
que des négociations sont en cours", tout en prenant note non seulement
du geste des provinces galloises, mais aussi de "la récente prise de
position de Toulon".
Le champion d'Europe en titre, par la voix de
son président Mourad Boudjellal, a en effet affirmé sa fidélité aux
compétitions ERC, venant ainsi fissurer le front jusque-là uni du Top
14.
"Je représenterai la France tout seul, s'il le faut", répétait
encore Mourad Boudjellal mercredi à l'AFP, ouvrant une brèche imprévue
dans laquelle les partisans du statu quo ne manquent pas de
s'engouffrer, tandis qu'en coulisses les tenants de la nouvelle
compétition exprimaient leur scepticisme.
Dans cet imbroglio, il s'agira donc de
clarifier les positions de chacun, notamment celles des provinces
irlandaises du Munster et du Leinster, deux poids lourds qui ont raflé
cinq des huit derniers titres européens.
En toile de fond se joue
aussi une lutte de pouvoir acharnée entre clubs et fédérations. C'est
particulièrement le cas en France où statutairement, la Ligue nationale
(LNR) doit recevoir l'aval de la FFR, représentée notamment mercredi par
son président Pierre Camou, pour engager des clubs dans toute
compétition internationale.
Surtout, l'IRB, organe suprême du jeu,
devra valider le projet franco-anglais pour qu'il puisse exister, et
surveillera donc de très près le déroulement de la réunion dans la
capitale irlandaise.
Mais là encore, Bruce Craig, par ailleurs
président du club anglais de Bath, se voulait confiant. "L'IRB va donner
son accord", assure-t-il, se disant "étonné" qu'elle "puisse se mêler
du rugby européen des clubs".
"Vous allez voir demain (jeudi),
l'issue sera très simple", a-t-il également prédit, annonçant, un peu
mystérieux, "une surprise".
(AFP)
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